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Deux pétroliers ont envoyé des signaux de détresse en mer d’Oman, près du détroit d’Ormuz. Un vaisseau de la compagnie norvégienne Frontline aurait été touché par une torpille. Les cours de l’or noir ont grimpé de plus de 4 %.

 

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L’un des deux pétroliers en flammes dans le détroit d’Ormuz ce jeudi.AFP

Par Etienne Goetz, Vincent COLLEN

Les prix du baril se sont envolés jeudi après deux incidents visant des pétroliers intervenus au large d’Oman. Le brent, référence européenne, a gagné jusqu’à 4,45 % à 62,64 dollars tandis que le WTI américain a pris jusqu’à 3,85 % à 53,11 dollars. En début d’après-midi, les prix sont en hausse de 3,5 %.

Deux pétroliers ont été endommagés au large de l’émirat de Fujaïrah près du détroit d’Ormuz, un passage stratégique pour le transit de l’or noir. Les descriptions de l’opérateur de l’un des bâtiments laissent penser qu’il s’agit d’une attaque à la torpille. Aucune organisation ou pays n’a encore revendiqué l’attaque.

Deux appels de détresse

Les incidents ont été confirmés par la Ve Flotte américaine, qui dit avoir reçu deux « appels de détresse » à 6h12 et à 7h, émanant de pétroliers dans le Golfe d’Oman. Ces derniers auraient été la cible d’une « attaque ».

« Le Royaume-Uni et ses partenaires sont en train d’enquêter », a déclaré l’United Kingdom Marine Trade Operations (UKMTO) sur son site internet, sans donner de précisions. La chaîne d’Etat iranienne PressTV a également signalé, un peu plus tôt, que deux pétroliers avaient été visés dans la mer d’Oman. L’organe de presse faisait état de deux explosions consécutives.

Le 12 mai, quatre navires, dont trois pétroliers, avaient été endommagés dans la même zone par des « actes de sabotage » attribués à l’Iran par l’Arabie saoudite.

Les tensions dans la région sont vives depuis que les Etats-Unis ont décidé de  rétablir les sanctions contre l’Iran après le retrait de Washington de l’accord nucléaire. Le président Donald Trump entendait réduire à zéro les exportations de brut iranien.

19 millions de barils par jour

Dans la foulée, Téhéran avait menacé de bloquer le détroit d’Ormuz. Selon  un document de l’agence américaine de l’énergie , près de 19 millions de barils par jour transitent par ce passage, principalement à destination de l’Asie, soit un cinquième de la consommation mondiale. La totalité des exportations d’Iran, du Koweït, du Qatar et de Bahreïn y transitent, de même que 90 % du brut saoudien et 75 % des exportations irakiennes, souligne le cabinet spécialisé Rystad. Il s’agit du plus important passage au monde devant le détroit de Malacca.

Guerre commerciale

Malgré le rebond de jeudi, le brent comme le WTI ont chuté de près de 15 % en un mois. Le marché s’inquiète de l’impact de la guerre commerciale entre Washington et Pékin sur la consommation mondiale de pétrole. L’Opep vient de réviser ses prévisions de demande en baisse pour 2019, jugeant que l’ »escalade des conflits commerciaux » aura un impact sur la croissance. Barclays estime que le ralentissement de l’économie ferait perdre 4 dollars au baril de brent d’ici la fin de l’année, toutes choses égales par ailleurs.

Le rebond de jeudi ne sera donc peut-être qu’éphémère, mais certains analystes pointent des fondamentaux qui plaident pour un redressement des cours sur le moyen terme. «L’offre reculant plus vite que la demande, la baisse sera limitée », prédisent ainsi les experts d’Energy Aspects.

Réunion de l’Opep

Il est vrai que les tensions sur la production se sont multipliées ces derniers mois. Outre l’embargo sur l’Iran, les exportations du Venezuela restent faibles, l’Arabie saoudite continue à limiter les siennes et la production de la Russie «commence à baisser nettement » en conséquence de la fermeture temporaire du pipeline Droujba après la détection d’une importante quantité de brut contaminé. Dans l’autre sens, la production américaine continue à battre des records, mais elle devrait augmenter moins vite que l’an dernier, prévoit Barclays.

La réunion de l’Opep et de ses alliés menés par la Russie, les 25 et 26 juin, est un rendez-vous important. Les ministres de l’Energie russe et saoudien ont laissé entendre que leur accord d’auto-limitation de leur production, en vigueur depuis deux ans et demie, serait reconduit, afin de soutenir les cours. «Le marché devrait rester agité au cours des prochaines semaines », prévient Energy Aspects.

Source: https://www.lesechos.fr/finance-marches