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Benjamin Griveaux, Cédric Villani, LREM, Municipales à Paris

Cédric Villani et Benjamin Griveaux. Gilles ROLLE/REA
La vedette rapide n’a pas réussi à rattraper le paquebot parti plus tôt. Le comité national d’investiture (CNI) de La République en Marche (LREM) a désigné mercredi soir Benjamin Griveaux comme tête de liste pour les municipales. L’annonce clôt plus d’un an d’attente pour l’ancien porte-parole du gouvernement qui exprime depuis longtemps son ambition de prendre l’Hôtel de Ville le plus prestigieux du pays. Voilà qui douche les espoirs des dernières semaines du mathématicien Cédric Villani, parti tard dans la course mais qui avait réussi une belle remontada. Mercredi, ses partisans avaient dégainé un dernier sondage prouvant une très légère avance de popularité.
Fidèle à nos valeurs, j’aurai prochainement l’occasion de m’exprimer sur les perspectives qu’il convient à présent d’ouvrir. #VivonsParis pic.twitter.com/c8qez7PSSN
— Cédric Villani (@VillaniCedric) July 10, 2019
Cela n’a pas suffi à convaincre les membres du comité. Le député de l’Essonne a publié peu de temps avant l’annonce officielle un tweet amère reconnaissant sa défaite. Comme Hugues Renson, l’autre candidat à l’investiture, Cédric Villani avait jugé la compétition pipée, Benjamin Griveaux étant un proche d’Emmanuel Macron et de plusieurs hauts-gradés du parti.
Le député de Paris a, lui, fait valoir auprès du CNI son expérience politique notamment à la vice-présidence du département de la Saône et Loire mais aussi de nombreux soutiens parmi les élus locaux. La plupart des conseillers de Paris étiquetés macronistes lui avait apporté leur adhésion ainsi que de nombreux parlementaires, tel l’ancien adjoint aux finances d’Anne Hidalgo Julien Bargeton.
Le suspense a pourtant été entretenu tout au long de la journée de mercredi. Après l’audition des candidats mardi par la commission d’investiture, cette dernière leur a redemandé des précisions sur leur stratégie politique pour monter à l’assaut de l’Hôtel-de-ville. Les divergences d’appréciation sont béantes. Dans le clan Griveaux, on jugeait sa prestation plus solide.
A écouter l’analyse de l’équipe de Cédric Villani, le socle de LREM à Paris tel que constaté aux européennes ne suffisait pas à remporter la mairie à cause du scrutin particulier parisien, une élection par arrondissement avec une attribution des sièges au conseil municipal qui favorise les alliances de second tour. A Paris, LREM ne profitera pas du vote utile contre le RN qui a fait sa fortune au plan national. Dans ces conditions, seules 7 arrondissements sur 17 et 40 % des sièges seraient gagnables, laissant le champ libre à l’alliance autour d’Anne Hidalgo. D’où l’idée de Cédric Villani d’élargir le programme à gauche pour capter au moins 20 % des voix ayant voté EELV aux européennes tout en limitant les fuites de voix à droite.
Ancrage à l’ouest
Les partisans de Benjamin Griveaux jugent au contraire qu’Anne Hidalgo a cimenté sur son mandat une large majorité allant des communistes à quelques centristes de gauche et qu’il sera difficile de la fragiliser sur ce flanc-là. D’où l’idée de solidifier l’ancrage de LREM dans les arrondissements de droite à l’ouest tout en convainquant à l’est.
Le centriste Eric Azière, qui a rallié Benjamin Griveaux, estime que ce dernier aura intérêt à travailler avec Cédric Villani et Mounir Mahjoubi pour réaliser justement cette ouverture. Le premier, par son profil de chercheur atypique, pourrait par exemple briguer la tête de liste dans le XIVe et le reprendre à la gauche quand le second, par son parcours, pourrait séduire le nord de Paris.
Retard
La désignation du candidat LREM aura le mérite de clarifier une partie du paysage politique de la campagne des municipales. Pour autant, la tête de liste devra aussi se frayer un chemin dans un marais encore très giboyeux. Le ralliement de Cédric Villani à Benjamin Griveaux ne semble par exemple pas aller totalement de soi. Reste aussi à convaincre de plus petits candidats gravitant autour du centre, comme Pierre-Yves Bournazel ou Gaspard Gantzer.
Surtout le candidat macroniste devra rattraper le retard accumulé face à la mairie sortante. Anne Hidalgo déroule depuis le début de l’année les projets pour son prochain mandat : pacification du périphérique, poursuite de la piétonnisation de la capitale, municipalisation de la police, finalisation des JO de 2024. Le tout sans avoir officialisé sa candidature.
L’hypothèse Borloo de retour
Jean-Louis Borloo refait parler de lui pour les municipales. L’hypothèse d’une candidature de l’ancien ministre de l’Environnement avait circulé il y a quelques mois avant de s’éteindre aussi vite. Le centriste, qui a renoncé à prendre la présidence de Huawai France ces derniers jours, a passé récemment quelques coups de fil à des élus parisiens pour tester à nouveau sa côte de popularité. François Bayrou confirme mollement soutenir sa candidature.
Soure: Les Echos