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AP / SIPA
Londres va répliquer à la saisie, vendredi, d’un pétrolier battant pavillon britannique par les Gardiens iraniens de la révolution dans le détroit d’Ormuz. Cet arraisonnement du Stena Impero a suscité une légère poussée de fièvre des cours du pétrole en Asie samedi et illustre le degré actuel de tensions dans cette artère par laquelle transite un cinquième du pétrole consommé dans le monde. Surtout, ce nouvel épisode de la « guerre des tankers », ouverte par le sabotage de trois pétroliers dans les eaux émirati le 12 mai, menace de porter le coup de grâce à l’accord JCPOA de juillet 2015 sur le nucléaire iranien, sans exclure même une crise diplomatique ou militaire plus large…
Les Pasdarans à la manoeuvre
Selon la presse britannique, le ministre britannique des affaires étrangères, Jeremy Hunt, pourrait annoncer dimanche soir, ou lundi devant le Parlement, des saisies d’actifs d’Iraniens, voire plaider pour un rétablissement immédiat par l’Europe des sanctions levées dans le cadre de l’accord JCPOA. Londres a toutefois affirmé que la priorité était à la désescalade, semblant exclure des représailles d’envergure, tout en soulignant que pour cela Téhéran devrait libérer le Stena imperio. Ce qui semble peu probable puisqu’il a été saisi par les Pasdarans, un corps militaire considéré comme le plus anti-occidental au sein du régime iranien et qui miserait sur une crise ouverte. Les Pasdarans, qui ne répondent qu’au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ont ainsi arrêté récemment une chercheuse franco-iranienne, alors que Paris s’efforce de sauver le JCPOA, comme Londres. Le JCPOA a été dénoncé en mai 2018 par l’administration Trump et depuis lors à peu près aucune firme occidentale n’ose faire commerce avec l’Iran, de peur de se voir fermer le vaste marché américain. Les exportations iraniennes de pétrole, qui fournissent habituellement 90 % de ses recettes en devises, sont tombées à 0.8 million de barils par jour (Mbj), contre 2.6 Mbj début 2018.
La question des escortes
Téhéran a déclaré que le Stena Impero avait menacé la sécurité maritime et naviguait dans ses eaux, alors que Londres affirme qu’il se trouvait dans les eaux du sultanat d’Oman, par lesquelles transitent en effet habituellement les pétroliers sortant du Golfe Persique. Londres a recommandé aux navires britanniques de rester ‘en dehors de la zone‘ du détroit d’Ormuz pour une ‘période provisoire’. La marine britannique était intervenue le 11 juillet pour protéger un tanker harcelé par des vedettes iraniennes. Les Pasdarans ont diffusé une vidéo censée montrer l’arraisonnement du Stena Impero, cerné par des vedettes et sur lequel un commando descend depuis un hélicoptère. Washington a appelé ses partenaires occidentaux à faire escorter leurs pétroliers, au risque qu’ils soient impliqués dans des incidents avec les Pasdarans.
L’Allemagne, la France, et l’Union européenne ont exprimé leur « solidarité » avec le Royaume Uni et sommé l’Iran de relâcher le Stena Impero et ses 23 marins, essentiellement indiens et russes. Pour Jeremy Hunt, la saisie du Stena Impero est une mesure de représailles à celle d’un pétrolier iranien, Grace 1, début juillet, à Gibraltar, pour contrebande de pétrole avec la Syrie, sauf que « le Stena Impero a été saisi dans les eaux omanaises en violation flagrante du droit international‘.
Retour des soldats américains en Arabie saoudite
Des unités militaires américaines vont être déployées en Arabie saoudite pour la première fois depuis leur retrait en 2003, a annoncé Riyad vendredi. Elles étaient arrivées en 1991 dans le cadre de la guerre du Golfe, ce qui avait suscité une vive émotion dans les cercles islamistes en raison du caractère sacré du sol de l’Arabie. Il s’agirait selon des médias américains de 500 soldats qui seraient stationnés sur la base aérienne Prince Sultan. Ce déploiement pourrait aussi constituer une démonstration de force américaine et de soutien au régime saoudien, rival de l’Iran.
Source: https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/