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François de Rugy. Photo © Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

 

Les investigations menées par le gouvernement et l’Assemblée nationale ont “blanchi” l’ancien ministre, a-t-il lui-même plaidé. Nombreux, pourtant, sont ceux qui doutent de l’impartialité de ces enquêtes.

« Je me présente devant vous en homme blanchi de toutes les accusations qui ont été portées contre moi ». Presque fanfaronnant, mardi 23 juillet, sur France 2, François de Rugy clamait fièrement ce dont personne, quasiment, n’avait jamais douté : les deux enquêtes menées en interne pas des organes officiels ont conclu que l’ancien numéro deux du gouvernement n’était coupable d’« aucune irrégularité ».

Rugy pas totalement « blanchi »

Rappelons tout de même que l’ex-ministre d’État n’est pas totalement « blanchi » dans ces affaires. D’un côté, le rapport de l’Assemblée nationale, qui s’est penché sur les fastueux dîners organisés à l’hôtel de Roquelaure, revient sur trois de ces repas, soulignant le « niveau manifestement excessif » de prestations au « caractère familial ou amical ». Des soupers que l’intéressé s’était déjà engagé à rembourser, ce que son entourage a confirmé, mardi.

Dans le même temps, le secrétariat général du gouvernement a « enquêté » sur les travaux réalisés dans l’appartement de fonction, au ministère de la Transition écologique et solidaire, occupé par François de Rugy de septembre 2018 à juillet 2019. Il en ressort que « les règles de la commande publique ont été globalement respectées », ou encore qu’« aucune rénovation importante ou aucun rafraîchissement de l’appartement n’a été réalisé depuis 2009 et même depuis 2003 date de la dernière rénovation globale ». Toutefois, « force est de constater que (…) le devis n’a pas été ajusté en envisageant, par exemple, un degré de finition moindre », nuançait le document final.

Des organismes « liés peu ou prou au pouvoir en place »

Mediapart, de son côté, maintient ses accusations. Mardi soir, le média affirmait même que « de nombreux témoignages de participants aux dîners confirment également que, contrairement aux affirmations des époux Rugy et du rapport, il n’y avait aucune thématique dans ces soirées ». Les journalistes du site, Fabrice Arfi et Edwy Plenel en tête, évoquent, pour l’un des « enquêtes qui ne sont pas indépendantes de leur sujet », pour l’autre « une mascarade ». Un constat qu’ils sont loin d’être les seuls à partager.

Le 20 juillet, déjà, Le Parisien estimait que le Secrétariat général du gouvernement (SGG) et les services de l’Assemblée nationale sont « liés peu ou prou au pouvoir en place ». Un conseiller ministériel cité par le journal abondait, évoquant « la volonté de ne pas plus accabler [François de Rugy]. Il a déjà payé au prix fort ».

« On est dans une logique d’entre soi »

D’autres incongruités ont de quoi interpeller, à l’instar de celle soulignée par Mediapart : Michel Moreau, le secrétaire général de l’Assemblée nationale, a été chargé de l’enquête sur les dîners. Or ce monsieur n’est autre que l’ancien subordonné de François de Rugy quand celui-ci occupait le perchoir.  « On a chargé un collaborateur de savoir si le patron avait fauté », a d’ailleurs relevé, dans les colonnes du site, le député Charles de Courson (Les Centristes). Même son de cloche du côté de Delphine Batho, lundi 22 juillet : pour l’élue écologiste, ces enquêtes internes « ne sont pas crédibles », « ne voient jamais rien ». « Elles ne voyaient pas les emplois fictifs de François Fillon, elles ne voient pas les situations de harcèlement sexuel à l’Assemblée. On est dans une logique d’entre soi », avait-elle lancé au micro de franceinfo. Et d’ajouter : « il faudrait que ces enquêtes soient menées par un organisme indépendant. »

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