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Le président américain Donald Trump et son homologue chinois, Xi Jinping, lors du récent Sommet du G20 au Japon Photo : Reuters / Kevin Lamarque
Avec une nouvelle ronde de tarifs douaniers annoncée la semaine dernière par la Maison-Blanche, le conflit commercial avec Pékin semble loin de se régler. Les effets de cette lutte entre géants pourraient-ils se faire sentir d’ici la prochaine campagne présidentielle américaine?
D’abord, Washington annonce de nouveaux tarifs douaniers. Puis, la valeur du yuan, la monnaie chinoise, chute. Les États-Unis accusent donc Pékin de manipuler sa devise. La Chine annonce aussi son intention de suspendre l’achat des produits agricoles américains.
La trêve établie en juin entre Donald Trump et Xi Jinping dans le conflit commercial qui oppose leurs deux pays semble bien loin.
Dans un rapport publié lundi, Morgan Stanley évoquait la possibilité d’une récession mondiale d’ici neuf mois si Washington mettait sa menace à exécution et appliquait des tarifs douaniers de 10 % à 25 % sur 300 milliards de produits chinois, et ce, pour une période de quatre à six mois.
« Les États-Unis souffriront probablement plus que le reste du monde », indiquait sur les ondes de CNBC l’économiste en chef de Morgan Stanley Chetan Ahya, évoquant des répercussions sur la consommation et l’emploi.
Or, dans neuf mois, les États-Unis seront en pleine campagne électorale, et l’état de l’économie est l’un des arguments les plus efficaces de Donald Trump en vue de sa réélection.
Pas plus tard que vendredi, le président Trump publiait sur Facebook une publicité qui soulignait la bonne santé économique du pays, mettant en valeur plusieurs indicateurs, dont le taux de chômage qui a récemment atteint des creux qui n’avaient pas été vus depuis plusieurs décennies, et qui s’établit ce mois-ci à 3,7 %.
Signe de l’importance que représentent les questions économiques pour le bilan du président, un récent sondage Economist Yougov indiquait que 53 % des Américains approuvent la gestion de l’économie par le président. Son taux d’approbation global, recueilli par cette même firme, se situe à 43 %, une statistique semblable à celles d’autres sondages menés récemment.
« Le poids économique retombe davantage sur [les Chinois] que sur nous », disait mardi Larry Kudlow, conseiller économique du président, notant les défis économiques qu’affronte Pékin.
La Maison-Blanche exige des changements structurels majeurs de la part de Pékin, notamment en matière de manipulation de devise et de vol de propriété intellectuelle. À Washington, ces pratiques commerciales chinoises sont dénoncées tant par les républicains que par les démocrates.
L’administration Trump fait donc le pari que la pression qu’exerce le conflit commercial sur l’économie de la Chine finira par lui donner raison.
Mais si Pékin résiste, que l’affrontement s’éternise, que le jour du vote approche et que des impacts négatifs se font davantage sentir sur le territoire américain, cette stratégie pourrait être mise à l’épreuve.
Loin d’un accord, en attente d’un autre
Pour le moment, beaucoup de regards sont tournés vers le secteur agricole.
Cette semaine, la Chine a confirmé qu’elle suspendait l’achat de produits agricoles américains. Or, c’est justement en partie parce qu’il reprochait à Pékin de ne pas respecter son engagement de s’approvisionner davantage auprès des producteurs des États-Unis que Donald Trump a annoncé de nouveaux tarifs douaniers.
La Chine est un énorme marché d’exportation pour les agriculteurs américains, qui sont nombreux à faire partie de la base électorale de Donald Trump. Bien que l’administration leur offre de l’aide financière, certains ressentent déjà depuis un moment l’impact du conflit commercial, notamment dans les secteurs du soja et du porc.
L’automne dernier, tout juste avant les élections de mi-mandat, un producteur de soja de l’Iowa, voyant ses récoltes s’accumuler faute de débouchés, me répétait néanmoins son appui au président Trump.
« J’appuie mon président. Être entièrement contre les tarifs douaniers signifierait prendre parti pour la Chine et je ne veux pas faire ça », expliquait-il.
Comme d’autres agriculteurs, il se réjouissait de l’annonce quelques semaines plus tôt du nouvel accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (AEUCM). Un accord dont le président vante régulièrement les mérites en ce qui concerne l’accès aux marchés pour les producteurs américains.
Néanmoins, si une entente avec la Chine semble pour le moment hors de portée, le sort de celle avec le Canada et le Mexique est encore loin d’être réglé. Le texte fait encore l’objet de critiques de la part des démocrates au Congrès, où un vote est de toute façon peu envisageable à court terme, la Chambre et le Sénat faisant relâche jusqu’au début du mois de septembre.