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En France, il est des violences dont on parle beaucoup, et d’autres qui n’intéressent presque personne. Au cours de l’été, une vingtaine de permanences des députés LREM ont été taguées notamment en protestation contre le CETA. Ce phénomène a déclenché un tollé dans les médias et la classe politique: « voies de fait », « exactions », « atteinte à la République et à la démocratie », voire même « attentat »… Salir des murs, déposer du fumier voire saccager des locaux de parlementaires, c’est mal, voire scandaleux, évidemment. Mais comment dire? C’est quand même beaucoup moins dramatique que tout le reste dans l’ordre de la violence qui empoisonne le pays: policiers, médecins, pompiers, maires molestés, notamment dans les cités, pères ou mère de familles lynchés devant leurs enfants, adolescents torturés à mort dans des caves, personnes âgées dépouillées, tabassées et laissées pour mortes dans la rue… bref, la routine. Au premier trimestre 2019, le nombre de viols s’est accru de 20% et celui des meurtres ou règlements de compte, de 12% (près de 300), une augmentation sans précédent. A-t-on vu beaucoup de prises de parole publique sur ce thème, des communiqués de presse, ou propositions de loi? Depuis 2012 et la fin du quinquennat Sarkozy, tel n’est plus le sujet. Pourtant, au regard du cortège de peur, de souffrance, de deuil que subit la France profonde, surtout celle des banlieues populaires, que pèse vraiment la vingtaine de permanences taguées? Cette question n’est pas l’expression d’un ressenti antiparlementaire: à mes yeux, rien n’est plus désastreux pour la démocratie française que l’effacement de l’autorité parlementaire, désormais engloutie dans la grande exubérance élyséenne. Mais une même logique ne cesse de prévaloir, celle d’un feu d’artifice d’indignation pour des murs tagués, comme voile pudique recouvrant l’abaissement quotidien de la démocratie française. La France supposée d’en haut, celle de la classe politico-médiatique, s’intéresse décidément à ses intérêts d’abord avant de penser au pays et aux citoyens qu’elle est censée servir. Un égotisme propice à toutes les révoltes.
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