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La RATP va connaître un vendredi noir du fait d’une grève d’une ampleur inédite depuis plus de dix ans. Le trafic des métros, des RER, des tramways et des bus sera très limité en Ile-de-France. L’intersyndicale du groupe appelle les agents à se mobiliser contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement.

 

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L’appel à la grève des agents de la RATP ce vendredi pourrait susciter une mobilisation comparable à celle du 18 octobre 2007, où 58 % de grévistes avaient été comptabilisés. Il s’agissait déjà à l’époque de défendre les régimes spéciaux de retraite  SIPA

Par Lionel Steinmann, Elsa Dicharry

Les Franciliens, qui ont perdu l’habitude des mouvements de grève suivis à la RATP, vont avoir une douloureuse piqûre de rappel ce vendredi. Le préavis de grève déposé par l’ensemble des syndicats du groupe sera en effet très suivi, comme le pressentait la direction, qui a commencé à préparer les esprits depuis plusieurs jours. Dix lignes de métro seront totalement fermées.

L’Unsa, la CGT, la CFE-CGC, SUD et FO appellent à s’opposer au projet de réforme des retraites du gouvernement et à défendre le système propre aux agents RATP. L’ampleur de la mobilisation rappelle le mouvement du 18 octobre 2007, où 58 % de grévistes avaient été comptabilisés, même si à ce stade, la RATP n’est pas en mesure de donner un chiffre. Il s’agissait déjà à l’époque de défendre les régimes spéciaux de retraite.

Risque de congestion

Dans le détail, côté métro, le trafic sera totalement interrompu sur les lignes 2, 3, 3 bis, 5, 6, 7 bis, 10, 11, 12 et 13. Sur la ligne 9, aucun train ne circulera entre Nation et Franklin Roosevelt. Il faudra compter sur un train sur quatre sur le reste de la ligne. Un train sur trois circulera sur les lignes 4 et 7. Idem sur la ligne 8 mais uniquement entre Créteil Pointe du Lac et Reuilly-Diderot. Seules les lignes 1 et 14, automatiques, fonctionneront normalement. Mais la RATP met en garde contre le risque de congestion.

Du côté du RER, aucun train ne circulera en heures creuses. Il faudra prévoir un train sur trois en heures de pointe sur la ligne A (6h30-10h30 et 16h30-20h30) et un train sur cinq sur la ligne B. L’interconnexion sera interrompue à Gare du Nord. Les gares RATP seront purement et simplement fermées en dehors de ces horaires. Les lignes C, D et E, exploitées par la SNCF, fonctionneront normalement.

Les usagers du tramway devront eux aussi prendre leur mal en patience, avec un tramway sur deux sur les lignes T3 bis et T5 et, sur les lignes T1, T2, T3a, T6, T7 et T8 aucun train en heures creuses. Enfin, un bus sur trois seulement fonctionnera sur l’ensemble du réseau.

Recul des syndicats contestataires

La vigueur de cette mobilisation est d’autant plus notable que la conflictualité était en nette baisse dans l’entreprise publique sur ces dix dernières années. La CGT-RATP, qui défend une ligne contestataire, avait à plusieurs reprises déposé des préavis de grève afin d’appuyer des journées de mobilisation lancées par sa confédération au niveau national, ou pour protester contre l’absence d’augmentations générales des salaires. Mais leur impact sur le trafic était si limité que la direction, dans la plupart des cas, s’est abstenue de communiquer sur le sujet.

En mars 2018, la CGT, l’Unsa et Sud-Rail avaient également appelé à une journée de grève pour soutenir les cheminots dans leur bras de fer contre la réforme ferroviaire, mais les agents de la RATP, là encore,  n’avaient pas embrayé .

Et fin 2018, les élections professionnelles se sont traduites par une nette défaite des organisations contestataires : la CGT s’est fait souffler pour quelques voix sa place de premier syndicat par l’Unsa-RATP, qui défend une ligne réformiste au plan national et plutôt corporatiste au sein de l’entreprise. Dans le même temps, Sud-rail a décroché sous la barre des 10 % et a perdu sa représentativité.

Un mouvement préparé de longue date

De quoi laisser penser que le corps social de l’établissement public francilien s’était assagi. Il faut dire que la direction et le gouvernement se sont efforcés jusqu’ici d’éviter les sujets qui fâchent. Catherine Guillouard, la patronne du groupe,  avait par exemple avancé l’an dernier qu’il n’était pas nécessaire de supprimer les embauches au statut (comme à la SNCF) pour préparer la RATP à la concurrence.

Mais le régime spécial des retraites reste un marqueur social extrêmement fort dans l’entreprise publique, et la perspective de sa remise en question a poussé tous les syndicats à s’unir pour frapper fort. Si la mobilisation s’annonce massive, c’est également parce qu’elle est préparée de longue date : dès le 11 juillet, l’Unsa-RATP affichait comme slogan « Tous ensemble, zéro trafic le 13 septembre ! »

À noter

Le test mené par la RATP de mise en service de six lignes de métro la nuit ce samedi ne sera pas perturbé par la grève, qui sera finie.

Lionel Steinmann et Elsa Dicharry

source: Les Echos