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A court terme, l’approvisionnement mondial en pétrole brut ne devrait pas être menacé. L’attaque, qui montre la vulnérabilité de l’Arabie Saoudite, risque toutefois d’enflammer les marchés pétroliers.

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L’attaque a contraint l’Arabie Saoudite à suspendre sa production de 5,7 millions de barils par jour, soit 6% de l’approvisionnement mondial. AFP

Par Anne Feitz

Sur les marchés pétroliers, fermés ce week-end, les opérateurs retiennent leur souffle.  L’attaque yéménite sur les installations pétrolières saoudiennes provoquera-t-elle une flambée des cours de l’or noir ? «Il y aura forcément un impact, son ampleur dépendra des dommages subis et de la durée nécessaire à les réparer », rappelle Francis Perrin, chercheur associé à l’OCP Policy Center.

Selon les informations fournies par l a compagnie saoudienne Aramco , l’attaque a touché le site de production de pétrole de Khurais, le deuxième champ pétrolier du Royaume, et la raffinerie d’Abqaïq, réputée la plus grande au monde, à 60 kilomètres au sud-ouest de Dahran : au total, l’Arabie Saoudite a dû suspendre sa production de 5,7 millions de barils par jour (Mb/j). Soit, plus de la moitié de ses extractions (9,8 Mb/j en août), 6% de la production mondiale. «Ce n’est pas rien ! » insiste Francis Perrin. La production de gaz naturel du pays a également subi une chute de 50%.

Réserves stratégiques

On ne savait pas encore grand chose, dimanche, sur l’étendue réelle des dégâts. Le PDG de Saudi Aramco, Amin Nasser, a déclaré samedi que les travaux étaient en cours pour restaurer la production et qu’il publierait un état des lieux dans les 48 heures. Une source « proche du ministère de l’énergie » a déclaré à des journalistes que le délai de retour à la normale se compterait en semaines, plutôt qu’en jours -même si, selon le « Financial Times » (FT) une partie de la production a été suspendue à titre de précaution et pourrait être restaurée rapidement.

A court terme, la défaillance saoudienne pourra toutefois être compensée par les réserves que détient le Royaume sur son territoire, mais aussi au Pays-Bas, au Japon, ou encore en Egypte. Aux Etats-Unis, le ministère de l’énergie a également fait savoir qu’il était prêt à recourir aux réserves stratégiques du pays, les « Strategic Petroleum Reserves », en coordination avec l’Agence Internationale de l’Energie. L’organisation, dont le rôle est précisément de prévoir des solutions en cas de rupture grave d’approvisionnement en brut, a indiqué samedi que les marchés étaient aujourd’hui «bien approvisionnés, avec de larges stocks commerciaux ».

Vulnérabilité

D’autres producteurs pourraient en outre prendre la relève. Selon le «Financial Times », l’Arabie Saoudite,  qui est aussi leader de l’OPEP , songe à convoquer une réunion d’urgence pour demander à d’autres pays membres de relever temporairement leur production.

Même sans répercussions sur l’approvisionnement, la réaction des marchés pourrait toutefois être vive. «L’attaque montre la vulnérabilité des saoudiens, elle fait planer une menace potentielle sur toutes les raffineries du Royaume  », souligne Denis Florin, associé fondateur de Lavoisier Conseil. « Or celui-ci représente près de 3% de la production mondiale de produits raffinés ». Sans même parler du risque géopolitique de voir les Saoudiens répliquer par une attaque sur l’Iran, qui risquerait alors d’embraser l’ensemble du Moyen-Orient.

Anne Feitz (avec Vincent Collen)

Source: L’Echos