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Jacques Chirac aux voeux du Sdis à Tulle en 2003 © TULLE Photo
Emile Roger Lombertie (maire LR de Limoges) :
« Jacques Chirac était un progressiste » 
« J’ai rencontré Jacques Chirac à de nombreuses reprises, quand il était maire de Paris. J’ai une anecdote extraordinaire. C’était lors d’un grand congrès de lutte contre la toxicomanie et le Sida. Nous devions être reçu en mairie de Paris et un grand professeur hollandais et socialiste avait dit qu’il ne souhaitait pas serrer la main à Jacques Chirac. Il l’avait appris et avait décidé de lui remettre la médaille d’or de la ville. Avec son charisme, sa force physique, il l’avait pris par l’épaule, l’avait amené devant les caméras et ça s’était terminé en accolade. (…) Il dégageait quelque chose de très fort quand on le rencontrait.
(…) Il avait une vraie vision de l’humain. c’est lui qui en 1975 et 2005 a soutenu les lois sur le handicap, c’est lui qui a accompagné Simone Veil dans sa lutte pour le droit des femmes. Jacques Chirac a aussi beaucoup fait à l’international. Les images en Israël et son refus de la guerre d’Irak. Localement, il y a aussi l’autoroute A20. on oublie aussi qu’il a proposé le TGV à Limoges et que la gauche e refusé car il ne fallait pas accepter quelque chose de la droite. Personnellement, c’est un homme qui m’a inspiré. Dans la foulée de Pompidou, il a créé la deuxième génération de la famille gaulliste. Des gens qu’on classe à tort comme des conservateurs, mais qui étaient en fait des progressistes. Humainement, socialement, Jacques Chirac était un progressiste. »
Guillaume Guérin (président LR 87) :
« Il aimait la France et les Français » 
« J’ai eu la chance de le côtoyer par l’intermédiaire de François Baroin, à la fin de son deuxième mandat de président de la République. Il avait toujours cette volonté de faire de la politique, c’était chez lui chevillé au cœur, même à la fin. Quand on était avec lui dans un cercle restreint, ce qui marquait, c’était le charisme de l’homme, cette gueule incroyable. Il avait une vraie empathie. Je me souviens de son affrontement contre Le Pen au second tour et la façon dont il avait amené tout le monde autour de lui pour faire 82 %. Tout le monde n’aurait pas fait le même score. Il a beaucoup fait pour le milieu rural. Il aimait la France et les Français.
(…) C’était peut-être le dernier grand homme d’Etat. Il a su représenter et surtout faire entendre la voix de la France, avec la déclaration de Villepin à l’ONU. C’était aussi un Limousin de cœur, qui a beaucoup fait pour le territoire : l’A 20 gratuite, l’A 89. L’agriculture aussi lui doit beaucoup. Dès cet après-midi, un registre est ouvert au siège des Républicains à Limoges. Aujourd’hui, je pense que Baroin est son fils politique et j’espère qu’il restera quelque chose de Jacques Chirac en politique. Il faut que Baroin, qui en a la fibre et à qui beaucoup le disent, accepte de l’entendre. »
Raymond Archer (ex-candidat aux régionales, LR) :
« Il avait le contact facile »
« Je l’ai rencontré à plusieurs reprises. J’ai même déjeuné avec lui. La première fois, c’était pour les Européennes. Il y avait Chirac, Giscard et Charles Ceyrac (ex-président de la Corrèze). J’étais président du comité de soutien. J’ai bien quelques anecdotes, mais rien que vous pouvez vraiment écrire. Si, une fois, il m’avait fait plaisir, c’était quand j’étais en campagne pour les régionales. J’avais trouvé un slogan qui lui avait plu. Comme en mai 68, il avait le slogan « Changer la vie », j’avais proposé « Changer Savy ». Il m’avait pris la cuisse lors d’un meeting et dit : « C’est bien, mon petit. » Ça l’avait fait marrer. Il avait le contact facile, plus facile que les autres aujourd’hui.
L’A 20, on n’aurait toujours rien, s’il ne l’avait pas poussée. On oublie aussi de dire que c’est lui qui a signé le décret pour l’Université de Limoges, qui n’était avant qu’une école doctorale. J’avais le document avec sa signature, dans mon bureau de doyen de la fac de droit. Je ne sais pas s’il y est toujours. »
Jean-Claude Leblois, président PS de la Haute-Vienne :
« Notre terre limousine lui doit beaucoup »
« Au-delà de nos divergences d’opinion, je tiens aujourd’hui à saluer l’homme, sa proximité avec les gens et son attachement aux territoires, en particulier celui de la Corrèze, dont il fut président du Conseil général et député. Notre terre limousine, parfois oubliée ou méconnue, lui doit beaucoup. Je tiens également à rendre hommage à l’homme d’Etat qui a toujours dénoncé avec fermeté le danger des idées véhiculées par les extrêmes, a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs, et fait le choix déterminé en 2003 de ne pas engager la France dans la guerre d’Irak.
Ouvert à l’altérité, ce grand passionné des arts premiers a également fortement contribué à la création du musée d’exception qu’est le musée du Quai Branly, qui porte aujourd’hui son nom. Enfin, alors que les conséquences du réchauffement climatique sont désormais dénoncées par tous, il a été l’un des premiers chefs d’Etat à alerter l’opinion mondiale contre ses dangers, et a introduit le principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement adossée depuis 2005 à la Constitution française.
En mon nom personnel et au nom du Conseil départemental, j’adresse mes sincères condoléances à sa famille et ses proches. »
Jean-Pierre Limousin, ancien président de la CCI de la Haute-Vienne
« Alors que j’étais président de la CCI, le protocole voulait que le préfet de la région, le maire de Limoges et le président de la CCI comme gestionnaire de l’aéroport de Limoges accueillent le président de la République à son arrivée et le raccompagnent à son départ de Limoges-Bellegarde. »
Trois anecdotes lui viennent à l’esprit :
– « Alors que le jeune préfet de la Corrèze et le préfet de région, Dominique Bur et moi-même étions sur le tarmac lors du décollage un soir de l’avion présidentiel vers Paris, le préfet de la Corrèze se tournant vers son supérieur hiérarchique lui dit au moment où les roues quittent le sol : « Monsieur le préfet, ça y est, ce qui peut arriver maintenant n’est plus de notre compétence. » Monsieur Bur lui répond : « Ne vous réjouissez pas trop vite. L’avion ne sera au dessus de l’Indre que dans 15 minutes. Nous ne respirerons qu’après. »
– Lors de chacune de ses escales à l’aéroport de Limoges-Bellegarde, le président Chirac prenait grand soin, avec un plaisir manifeste, à saluer toutes les collaboratrices et collaborateurs locaux qui étaient mobilisés sur la piste pour assurer la bonne fin du vol.
Lorsque ces derniers ont su que Mr Chirac allait faire sa dernière escale à Limoges en tant que Président en exercice, ils ont demandé si une photo de groupe pourrait être prise avec lui à cette occasion. Les services de l’Elysée, interrogés, ont acquiescé. C’est bras dessus, bras dessous que cette photo a été prise du président avec le personnel disponible de l’aéroport. Un moment de fraternité et de respect mutuel qu’aucun n’est prêt à oublier. »
– « Avec le directeur de l’aéroport Gilles Tellier, nous avions maintenu un protocole spécifique à l’aéroport alors que Mr Chirac n’était plus président. Un jour, nous avions attendu longuement au sol, ensemble, que soient déchargés de l’avion les volumineux bagages de Mme Chirac qui, elle, était encore dans l’avion. Pour meubler cette attente, je rappelais au Président un texte de Robert Brasillach sur la place spécifique de « l’attente » dans la condition féminine. Il me répondit alors : « Certes, mais lorsque que les femmes décident de nous faire attendre, nous les hommes, elles nous le font payer très cher !! ». »
Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, salue le « passeur de mémoire »
« Jacques Chirac s’est indéniablement engagé en faveur de l’ouverture aux autres cultures, tandis que le président Chirac a activement œuvré pour le dialogue entre les peuples. Ce faisant, il a porté la voix de la France avec force, respect et dignité.
Passeur de mémoire, à travers son discours du Vél-d’Hiv, il a été capable d’apaiser notre société en revenant sur les heures sombres de notre Histoire, tout comme il nous a exhortés à anticiper d’autres périls futurs : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ».
Avec sa disparition, nous perdons aussi un témoin unique de notre Histoire qui aura représenté, à sa manière, une certaine idée de la France. Enfant de la région Nouvelle-Aquitaine, aussi, il aura été, toute sa vie publique durant, l’infatigable ambassadeur de cette Corrèze qui lui ressemble tant. »
Initiatives
Ce jeudi, les drapeaux ont rapidement été mis en berne à Panazol, en hommage à l’ancien président de la République. La Ville salue la mémoire de celui qui « restera pour tous un grand serviteur de la France et des Français ».
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— Groupe Centre France (@CentreFrance) September 26, 2019
Propos recueillis par Sébastien Dubois et Franck Lagier
Source :Le Populaire du Centre