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Selon une étude publiée dans la revue « The Lancet », 25 blessures ont été recensées en 2018 et 15 en 2019 contre deux et une en 2016 et 2017
Les auteurs de l’étude, nommée « Blessures oculaires causées par des armes non létales en France », ont envoyé une demande à l’ensemble des CHU du pays afin de recenser les cas entre février 2016 et août 2019. Au final, deux cas ont été recensés en 2016, un en 2017, vingt-cinq en 2018 et quinze sur la période étudiable en 2019.
L’âge moyen de ces quarante-trois victimes est de vingt-six ans, on compte trente-huit hommes et cinq femmes. Vingt-cinq cas de fractures orbitales ont été dénombrés, ainsi que douze à la face. Deux cas de dommages au cerveau ont été établis. Neuf des quarante-trois victimes ont été énucléées.
Armement dangereux. Ce « premier bilan publié dans une revue scientifique », selon les mots de Martin Hirsch, qui dirige l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), illustre bien la forte utilisation des LBD comme arme de maintien de l’ordre lors du mouvement des Gilets jaunes, qui a démarré en novembre 2018. En janvier 2019, près de 9 200 tirs de LBD avaient déjà eu lieu.
L’emploi du LBD a été critiqué par des spécialistes du maintien de l’ordre, comme Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers. « L’ancien ’Flash-Ball’ tirait à environ 160 km/h, avec un diamètre plus grand que l’actuel LBD qui tire lui à 330 km/h et dont le projectile a la circonférence d’un oeil, comme si ça avait été fait exprès. Il y a donc à revoir cet armement », avait-il déclaré, selon franceinfo.
« Là où l’Etat de droit est le mieux garanti, il n’y a pas de LBD », abondait en son sens le sociologue de la police Sébastien Roché, interrogé par l’Opinion en février. Pour autant, en février 2019, le Conseil d’Etat a validé l’utilisation du LBD dans les manifestations.
Mais la répression n’a pas fait seulement des blessures oculaires. Le journaliste David Dufresne, qui a recensé sur Mediapart les cas de violences policières depuis le début du mouvement, fait état de cinq mains arrachées et de 315 blessures à la tête. Depuis le début de la mobilisation, à date d’août 2019, 288 enquêtes de l’IGPN ont été ouvertes, selon Brigitte Jullien, la directrice de l’IGPN, interrogée par Libération en août.
Source: L’Opinion