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Le gouvernement a annoncé des quotas d’immigration de travail. Le fondateur de Synergie, Daniel Augereau, exprime ses réserves à l’égard de cette décision alors que 6 millions de personnes sont au chômage ou en activité partielle en France.
Daniel Augereau est président du directoire de Synergie, premier groupe français indépendant de service dans le domaine des ressources humaines.
Le gouvernement réfléchit à l’instauration de quotas pour mieux choisir et attirer l’immigration de travail. Il serait cependant utile de se demander s’il est vraiment indispensable de faire appel à des talents étrangers quand six millions de personnes sont au chômage ou en activité partielle en France.
Bien sûr, certaines entreprises ont besoin de recruter des spécialistes étrangers qui apportent leur savoir-faire. Et il reste tant à faire pour mettre en adéquation main-d’œuvre et postes à pourvoir.
Bien sûr, certaines de nos entreprises ont besoin de recruter des spécialistes étrangers qui apportent leur savoir-faire. Beaucoup d’entre eux se distinguent par leur courage et une motivation exceptionnelle. Mais notre premier devoir est d’aider nos concitoyens qui ont décroché à retrouver un emploi.
Posons-nous les bonnes questions. Si nous avons besoin, malgré tous nos chômeurs, d’en appeler encore à l’immigration de travail, ça n’est pas parce que notre croissance serait florissante, parce que nos créations d’emplois connaîtraient un essor remarquable, ou parce que notre démographie déclinerait fortement. Non, c’est parce que notre système éducatif, social et économique ne tourne pas rond!
Avec les réformes du marché du travail, de la formation professionnelle, de l’apprentissage, de l’assurance chômage, le gouvernement va dans le bon sens. Mais il reste tant à faire pour mettre en adéquation la main-d’œuvre et les postes à pourvoir.
On parle d’immigration de travail alors que nous devons déjà faire face à la question des 500 000 travailleurs détachés.
Et je ne voudrais pas que cette politique de quotas d’immigration de travail nous dispense d’agir encore plus dans le domaine de la formation de notre jeunesse, de l’«employabilité» des salariés, de la mobilité des cadres, de la rigidité persistante du Code du travail, de l’attractivité de certains métiers qui, à tort, sont mal connus ou maljugés par l’opinion.
Il n’est pas normal que dans les beaux métiers de l’artisanat on peine à recruter ; que dans l’industrie on cherche des ingénieurs ou des chaudronniers dont l’activité s’est pourtant extraordinairement modernisée ; que dans notre «Start-up Nation» on éprouve encore des difficultés à embaucher des informaticiens codeurs.
On parle d’immigration de travail alors que nous devons déjà faire face à la question des 500 000 travailleurs détachés qui œuvrent sur notre territoire dans des conditions discutables. En outre, parmi les 300.000 étrangers qui étudient en France beaucoup ambitionnent de s’installer et de travailler ici. C’est une force pour notre pays à condition que les emplois soient au rendez-vous! Même défi pour les réfugiés en situation légale que nous accueillons et qui ont, après quelques mois, le droit de travailler. Le Groupe Synergie, leader dans les ressources humaines, que je dirige, est d’ailleurs partie prenante du programme d’insertion Hope visant à faciliter la formation et l’emploi des réfugiés.
Embaucher des étrangers c’est souvent pouvoir tenir les salaires « au plancher ». L’immigration fut longtemps utilisée comme une main-d’œuvre low cost.
Bref, on ne réglera pas la question des métiers sous tension avec des quotas mais avec des réformes, avec des liens beaucoup plus resserrés entre monde éducatif et monde professionnel, avec des formations qualifiantes mieux ciblées… mais aussi avec des salaires aussi motivants que possible.
Or, dans certaines professions, embaucher des étrangers c’est souvent pouvoir tenir les salaires «au plancher». Reconnaissons-le: l’immigration fut longtemps utilisée comme une main-d’œuvre low cost. Elle a, au surplus, contribué à vider les forces et les intelligences des pays en voie de développement. Avant d’instaurer des quotas, n’oublions pas l’essentiel qui est d’offrir, en priorité, du travail aux chômeurs et à tous nos jeunes.
Source: Figaro Vox