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Une foule de personnes sont assises sur des chaises de camping. Une femme est debout, les bras levés vers le ciel.

Des évangéliques écoutent le révérend Franklin Graham, le fils du fondateur du magazine « Christianity Today » et partisan de Donald Trump, à Greenville, en Caroline du Nord, en octobre dernier. Photo : The Associated Press / Chris Seward

 

Radio-Canada

L’un des principaux magazines évangéliques américains, Christianity Today, appelle dans son dernier éditorial à la destitution de Donald Trump, décrivant le président américain comme « l’exemple presque parfait d’un être humain qui est moralement perdu et confus ».

Penser que M. Trump devrait être démis de ses fonctions par le Sénat ou par un vote populaire aux prochaines élections est une question de jugement prudent, écrit le rédacteur en chef Mark Galli. Nous pensons que sa révocation n’est pas une question de loyauté partisane, mais de fidélité au créateur des dix commandements.

Le magazine souligne qu’il se tient en général à l’écart de la politique, mais qu’il faut parfois faire clairement part de ses opinions. Les faits dans ce cas précis sont sans ambiguïté, dit-il.

Le président des États-Unis a tenté d’utiliser son pouvoir politique pour forcer un dirigeant étranger [le président ukrainien] à harceler et à discréditer l’un de ses adversaires politiques [l’ancien vice-président démocrate Joe Biden]. Ce n’est pas seulement une violation de la Constitution. Ce qui est plus grave, c’est que c’est profondément immoral.

Le dernier éditorial du magazine « Christianity Today »

Pour le magazine, les auditions du Congrès qui ont mené mercredi à la mise en accusation du président par la Chambre des représentants ont mis en évidence les failles morales du président, au vu et au su de tout le monde.

Il poursuit en soulignant que Donald Trump lui-même a déjà admis qu’il n’avait pas toujours été blanc comme neige.

Il a lui-même reconnu des actions immorales dans les affaires et dans sa relation aux femmes, ce dont il reste fier, rappelle Christianity Today.

Son fil Twitter à lui seul, avec sa série habituelle de désinformations, de mensonges et de calomnies, est l’exemple presque parfait d’un être humain qui est moralement perdu et confus, dénonce-t-il aussi.

Un magazine d’extrême gauche, dit Trump

Donald Trump, qui jouit d’une solide popularité chez les chrétiens évangéliques blancs (même si sa cote est passée de 81 % en 2016 à moins de 70 % aujourd’hui), a répondu à cette attaque vendredi matin sur Twitter.

Aucun président n’a fait davantage que moi pour les évangéliques ou pour la religion elle-même, a-t-il écrit.

Selon lui, le magazine cherche ainsi à promouvoir la candidature d’un des démocrates désirant être de la prochaine élection présidentielle.

J’imagine que Christianity Today cherche à ce qu’Elizabeth Warren, Bernie Sanders ou ceux qui ont un penchant socialiste communiste protègent leur religion, dit-il.

Christianity Today préfère avoir en tant que président un non-croyant d’extrême gauche qui veut vous enlever votre religion et vos fusils.

Le président américain Donald Trump sur Twitter

M. Trump affirme qu’il ne lira plus jamais le magazine.

Servir Dieu

Donald Trump, sa femme et le vice-président Pence marchent devant un immense bâtiment dont toute la façade porte une croix.

Le président Donald Trump et le vice-président Mike Pence étaient présents lors des funérailles de l’évangéliste Billy Graham, à Charlotte, en Caroline du Nord, le 2 mars 2018. Photo : Reuters / Chris Keane

Pour le rédacteur en chef Mark Galli, rien ne permet plus de soutenir Donald Trump, même s’il a nommé des juges conservateurs à la Cour suprême, défendu la liberté religieuse et bien géré l’économie.

Aux nombreux évangéliques qui continuent à soutenir M. Trump malgré son noir dossier moral, nous pourrions dire ceci : « Souvenez-vous de qui vous êtes et de qui vous servez. Évaluez comment votre appui à M. Trump influence votre contrat avec votre Seigneur et Sauveur ».

Le dernier éditorial du magazine « Christianity Today »

Pouvons-nous dire avec franchise que l’avortement est un grand mal qui ne peut être toléré et, avec la même franchise, dire que le caractère tordu et brisé du chef de notre nation n’a pas vraiment d’importance en fin de compte?, demande-t-il.

En entrevue au Washington Post vendredi, Mark Galli a été encore plus insistant sur ce point, affirmant que même si le président américain avait pris des décisions sur l’avortement et la liberté religieuse qui plaisaient aux évangéliques, ceux-ci avaient la même relation avec lui qu’une femme dépendante dans un mariage violent.

Quand ce mari commence à devenir violent et à infliger des sévices, la balance ne penche pas de son côté, a dit Galli. Il est temps pour lui de sortir de la maison. C’est ce que je dis à propos de la présidence de Trump.

Christianity Today avait déjà critiqué Donald Trump, mais jamais de façon aussi virulente.

Lors de l’enquête pour la destitution du président démocrate Bill Clinton, en 1998, le magazine avait aussi jugé ce dernier moralement incapable de diriger.

Loin de Billy Graham

Sur Twitter, le président Trump a souligné que le magazine n’avait pas eu de contact avec la famille de son fondateur, le révérend Billy Graham, depuis de nombreuses années.

En entrevue, son fils, le révérend Franklin Graham, qui est un grand partisan de Donald Trump, a pour sa part déclaré que son père serait très déçu de voir son magazine prendre une telle position.

Et il a affirmé sur Facebook que son père, mort en 2018, avait voté pour Donald Trump lors des dernières présidentielles américaines.

Il pensait que Donald J. Trump était l’homme à élire à ce moment de l’histoire de notre nation, a-t-il écrit.

Radio Canada Avec  Agence France-Presse et Washington Post