L’appareil, presque neuf et dont le dernier contrôle technique ne datait que de lundi, s’est écrasé à Shahedshahr, dans une zone agricole au sud-ouest de Téhéran, six minutes après son décollage. Il a rencontré un problème technique peu après son envol de l’aéroport international Imam-Khomeini de Téhéran et a commencé à se rediriger vers celui-ci avant de s’écraser près de Chahriar, au sud-ouest de Téhéran, selon le document : il était sur le chemin du retour à l’aéroport au moment de la tragédie.

Ce dernier ne précise pas la nature exacte de la défaillance, mais mentionne un incident soudain.

Une source proche des services de sécurité canadiens a dit à Reuters que des éléments pointaient en direction d’une surchauffe de l’un des moteurs.

Il n’y a eu aucune communication radio de la part du pilote pour lancer un appel à l’aide, et le vol PS752 a disparu des écrans radars après deux minutes de vol, à 8000 pieds d’altitude (un peu moins de 2500 mètres).

Le pilote n’a transmis aucun message radio [indiquant] des circonstances inhabituelles.

Un des moteurs du Boeing 737-800.Photo : Getty Images / AFP

L’avion s’est écrasé quelques heures seulement après des tirs de missiles iraniens contre des bases militaires en Irak abritant des forces américaines, ce qui a nourri l’hypothèse selon laquelle il aurait pu être touché par un projectile.

Mais la première évaluation des services de renseignement occidentaux est aussi que l’appareil a bien été victime d’un dysfonctionnement technique et qu’il n’a pas été abattu par un missile, ont indiqué cinq sources sécuritaires (trois américaines, une européenne et une canadienne) à Reuters.

Les enquêteurs de l’Organisation de l’aviation civile iranienne citent des témoins au sol et les membres de l’équipage d’un autre appareil, ayant survolé la zone à une haute altitude. Ceux-ci ont dit avoir vu le Boeing 737-800 en feu avant son écrasement qui a provoqué une immense explosion, probablement parce que l’avion avait fait le plein de carburant avant de s’envoler pour Kiev, en Ukraine.

Selon des témoins oculaires […] un incendie a été observé dans l’avion et a gagné en intensité, est-il écrit.

Les deux boîtes noires de l’avion ont été récupérées, mais elles sont endommagées et une partie de leurs données ont été détruites, d’après l’Organisation de l’aviation civile iranienne.

Les premiers éléments d’enquête ont été transmis à l’Ukraine ainsi qu’au Canada, aux États-Unis et à la Suède.

Les États-Unis ont appelé à la pleine coopération avec toute enquête sur les causes. Un avertissement à peine voilé à Téhéran, qui avait annoncé son refus de donner les boîtes noires au constructeur américain de l’appareil, Boeing.

Déjà embarrassé par les problèmes de ses 737 Max cloués au sol depuis 10 mois, Boeing a indiqué être prêt à aider par tous les moyens nécessaires.

Le soulier d’une fillette est photographié à l’endroit où le vol d’Ukraine International Airlines s’est écrasé, mercredi, à Téhéran.Photo : AFP / BORNA GHASSEMI

Le Canada particulièrement touché

Du point de vue iranien, les personnes à bord étaient 146 Iraniens, 11 Ukrainiens, 10 Afghans, 5 Canadiens et 4 Suédois, selon le rapport de l’l’Organisation de l’aviation civile, qui admet cependant qu’un certain nombre d’entre elles avaient probablement une double nationalité. D’après les autorités ukrainiennes, il y avait à bord 82 Iraniens et 63 Canadiens.

La différence s’explique par la présence de nombreux binationaux, dont jusqu’à 140 Irano-Canadiens, qui ne peuvent entrer et sortir de la République islamique que sur présentation de leur passeport iranien.

Les victimes canadiennes résidaient dans les régions d’Edmonton, de Winnipeg, de Vancouver, de Toronto, d’Ottawa, de Montréal et d’Halifax.

La liaison Téhéran-Toronto via Kiev est beaucoup utilisée par des Canadiens d’origine iranienne se rendant en Iran ou en revenant. Aucun transporteur n’offre de vol direct.

Mercredi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a révélé que 138 des 176 passagers devaient venir au Canada.

Cette catastrophe aérienne est la plus meurtrière impliquant des Canadiens depuis l’attentat contre un Boeing 747 d’Air India en 1985, dans lequel 268 Canadiens avaient péri.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, a offert ses condoléances mercredi aux familles et aux proches des victimes de l’écrasement d’un Boeing, survenu en Iran.Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a pour sa part annoncé jeudi à Kiev que des enquêteurs ukrainiens étaient arrivés en Iran afin de prendre part à l’enquête. Quarante-cinq experts ukrainiens sont en effet arrivés à Téhéran avant l’aube jeudi pour participer à l’enquête et notamment au décryptage des boîtes noires.

Il a aussi dit avoir l’intention d’entrer en communication avec son homologue iranien Hassan Rouhani afin de renforcer la coopération entre Kiev.

La priorité pour l’Ukraine est d’établir les causes de cette catastrophe. Nous allons sans doute découvrir la vérité.

M. Zelenski a déclaré que le gouvernement envisageait plusieurs causes plausibles expliquant l’accident de l’appareil. Dans une allocution télévisée, il a invité ses compatriotes à ne pas céder aux spéculations, théories du complot ou conclusions hâtives.

Le 9 janvier est décrété journée de deuil national, a aussi déclaré le chef de l’État dans une vidéo publiée sur Facebook, quelques heures après son retour nocturne de vacances à Oman.

Il a déposé un bouquet de fleurs devant un mémorial improvisé aux neuf membres d’équipage ukrainiens au principal aéroport de Kiev.

Des fleurs et des chandelles sont placées devant des portraits des membres de l’équipage du vol de l’Ukraine International Airlines qui s’est écrasé mercredi à Téhéran. Ce mémorial a été installé à l’aéroport international Boryspil, situé près de Kiev.Photo : Reuters / Valentyn Ogirenko