les phénomènes climatiques marquants de 2019

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L’année 2019 a été marquée par un ensemble de phénomènes météorologiques extrêmes : douceur exceptionnelle en hiver, tempête en été, fortes canicules aux mois de juin et juillet, chute de neige en novembre, fortes pluies en novembre décembre.

Changement climatique et météo. Troupeau de moutons sur une prairie asséchée.

L’année 2019 se place au troisième rang des températures les plus élevées depuis 1900. © Alexandre – stock.adobe.com

Hiver exceptionnellement doux, violentes tempêtes, pluies diluviennes, neiges intenses et précoces, canicules sans précédent, les événements climatiques inattendus se multiplient.

Une année chaude et deux canicules

L’année 2019 se caractérise par une succession de mois chauds, avec une température moyenne de 13,7°C, dépassant la normale de 1,1°C. Elle se place au troisième rang des températures les plus élevées depuis 1900, derrière les années 2018 et 2014. L’étude depuis 1900 des années les plus chaudes montrent que sur les dix années les plus chaudes, huit appartiennent au XXIe siècle.

Deux épisodes caniculaires ont eu lieu en mai puis en juin, avec un record de chaleur à Vérargues (Hérault) le 28 juin atteignant 46,0°C. La France se place au 6e rang des pays européens ayant connu la température la plus élevée.

Une tempête inhabituelle et des pluies diluviennes

En juin 2019, la tempête Miguel a touché le centre-ouest et nord-ouest de la France, avec des vents de 129km/h (Ile d’Yeu), 127 km/h (Ploumanac’h). Ce phénomène est inhabituel à cette période de l’année même s’il a déjà eu lieu dans le passé (juillet 1969 dans le nord, en Bretagne, Normandie et région parisienne). Depuis les années 1980, date à laquelle des mesures fiables des vents sont disponibles, 41 tempêtes majeures ont été recensées avec des périodes intenses 1980-1989 et 1990-1999. S’appuyant sur les modèles de changements climatiques retenus par le GIEC, pour Météo France, rien ne permet d’affirmer que les tempêtes seront plus nombreuses et plus violentes au cours du XXIe siècle.

Le mois de novembre a connu des pluies intenses causant de graves inondations dans le sud-est du pays. Dans les Cévennes, la Côte d’Azur, le Var et les Alpes-Maritimes, les pluies ont correspondu en 24 heures à ce qu’il tombe habituellement en 2,3 mois. En 48 heures, il est tombé 281,6 mm de pluie à Loubaresse (Cévennes), 353,1 mm à Tanneron (Var), 304,4 mm à Coursegoules (Alpes-Maritimes). Le réchauffement climatique pourrait être responsable des précipitations extrêmes dans la région sud-est de la France et ces phénomènes pourraient s’intensifier et devenir plus fréquents. Des recherches scientifiques doivent vérifier et consolider ce lien entre changement climatique et précipitations extrêmes.

Rétrospective 2019 : les événements météo marquants en France

L’année 2019 est la 3e année la plus chaude en France depuis le début du 20e siècle. Elle a été marquée par des événements météorologiques et de nombreux records en France. Retour sur une année météo mouvementée.

Douceur exceptionnelle et précoce en février

La France métropolitaine a connu du 14 au 28 février une période climatologique exceptionnelle, tant pour l’ensoleillement durable que pour les températures diurnes qui ont atteint des niveaux historiques : jamais il n’avait fait si chaud en moyenne sur la période à l’échelle du pays et dans le même temps un grand nombre de records mensuels ont été battus. Voici un tour d’horizon des faits les plus marquants :

  • En moyenne sur la période, l’indicateur de température maximale moyenne en France métropolitaine* atteint 16,7 °C (anomalie de +6,4 °C par rapport à la normale). Il s’agit d’un record depuis le calcul de cet indicateur (1947), loin devant l’année 1990 (15,7 °C) dont le mois de février dans sa totalité reste par contre le plus doux pour cet indicateur.

Moyenne des indicateurs de température maximale sur la période du 14 février à fin février sur la France de 1947 à 2019
Moyenne des indicateurs de température maximale sur la période du 14 février à fin février sur la France de 1947 à 2019 – © Météo-France
(Cliquer sur le graphe pour l’agrandir)

  • Cette valeur de 16,7 °C correspond à la normale d’une fin avril. Un très grand nombre de stations ont d’ailleurs atteint un nombre de fois record leur normale de mi-printemps sur la période. Quelques exemples :
    • Clermont-Ferrand dépasse 13 fois sa normale de mi-avril (15,5 °C) ;
    • Agen dépasse 10 fois sa normale de mi- avril (17,5 °C) ;
    • Lille dépasse 10 fois sa normale de mi- avril (14 °C) ;
    • Brest dépasse 10 fois sa normale de mi- avril (13 °C) ;
    • Paris-Montsouris dépasse 9 fois sa normale de mi- avril (15,5 °C) ;
    • Nancy dépasse 8 fois sa normale de mi- avril (15 °C).
  • Seul le quart sud-est échappe à cette dernière observation : la période ne se classe qu’à la seconde place derrière 1990 (indicateur régionale de 17,1 °C en 2019 contre 17,9 °C en 1990). La station de Montpellier a toutefois franchi à 5 reprises le seuil correspondant à sa normale de mi-avril (18 °C),
  • Parmi ces 15 jours, 3 journées figurent dans le top 10 des après-midis les plus douces (depuis 1947) : le vendredi 22 (10e position avec 18 °C), le mardi 26 en (5e position avec 19,7 °C) et enfin le mercredi 27 qui, avec un indicateur de 21,3 °C (+10,2 ° C d’anomalie) bat largement le précédent record qui datait du 28 février 1960 (20,2 °C)***.
  • Entre vendredi 22 et jeudi 28, de nombreux records mensuels (et aussi hivernaux***) ont été battus (cf. tableau). Parmi les 158 stations du réseau principal, 91 ont établi un nouveau record sur la période (soit plus de 57%) et 51 stations sur 102 en prenant les plus anciennes (ouvertes avant 1960), soit un ratio de 50%. Parmi ces records, deux singularités :
    • certaines stations de la moitié nord franchissent pour la première fois la barre des 20 °C pendant l’hiver, en avance de 10 à 15 jours sur leur ancien record de précocité. C’est le cas par exemple à Langres, Brest ou Dijon ;
    • constat identique avec le Sud-Ouest avec la barre des 25 °C, jusqu’alors jamais atteinte dans maints endroits en hiver (Agen, Carcassonne, Montauban).
  • Parmi ces records, certains sont régionaux**** : dans le Poitou-Charente (26,1 °C à Ségonzac), dans les Pays-de-la-Loire (23,3 °C à Fontenay), en Bretagne (22,7 °C à Pleyber-Christ) et en Basse-Bormandie (21,9 °C à Vire).
  • Le record national mensuel (et hivernal) n’a en revanche pas été battu : la température maximale sur la période a atteint 28,1°C à Aicirits (Pyrénées-Atlantiques) le mercredi 27, « loin » derrière l’exceptionnel 31,2°C du 29 février 1960 à Saint-Girons (Ariège).

Tableau de stations ayant battu leur record mensuel de température maximale en février pendant cet épisode :

Ville     Altitude          (en m) Record de Température     maximale (en °C) Date du record Date de début des mesures
ST AUBAN 458 23 Jeudi 28 1954
EMBRUN 871 21,5 Mercredi 27 1947
TROYES-BARBEREY 112 22,1 Mercredi 27 1975
CARCASSONNE 128 25,2 Mercredi 27 1948
MILLAU 712 22,9 Mercredi 27 1964
ISTRES 23 23,4 Jeudi 28 1920
MARIGNANE 9 22,4 Jeudi 28 1921
SALON DE PROVENCE 58 23 Jeudi 28 1939
AURILLAC 639 23,3 Mercredi 27 1945
COGNAC 30 24,4 Mercredi 27 1945
BOURGES 161 22,8 Mercredi 27 1945
BRIVE 115 25 Mercredi 27 1987
DIJON-LONGVIC 219 21,1 Mercredi 27 1921
ST BRIEUC 135 21,8 Mercredi 27 1985
BERGERAC 49 25,9 Mercredi 27 1988
CHARTRES 155 20,5 Mercredi 27 1923
CHATEAUDUN 126 21 Mercredi 27 1952
BREST-GUIPAVAS 94 20,7 Mercredi 27 1945
LANVEOC 81 20,1 Mercredi 27 1948
QUIMPER 82 18,6 Dimanche 24 1967
LANDIVISIAU 109 21,3 Mercredi 27 1966
NIMES-COURBESSAC 59 24,6 Jeudi 28 1922
NIMES-GARONS 94 23,8 Jeudi 28 1964
TOULOUSE-BLAGNAC 151 24,1 Mercredi 27 1947
AUCH 122 25,2 Mercredi 27 1985
CAZAUX 23 26,2 Mercredi 27 1921
MONTPELLIER –
AEROPORT
1 23,6 Vendredi 22 1946
SETE 75 21,8 Vendredi 22 1949
DINARD 65 20,9 Mercredi 27 1950
RENNES-ST JACQUES 36 20,9 Mercredi 27 1945
CHATEAUROUX DEOLS 158 24 Mercredi 27 1893
TOURS 108 22,1 Mercredi 27 1959
TAVAUX SA 195 18,2 Mardi 26 1995
BISCARROSSE 35 24,8 Mercredi 27 1965
MONT-DE-MARSAN 59 26,7 Mercredi 27 1945
ROMORANTIN 83 23,7 Mercredi 27 1921
LE PUY-LOUDES 833 21,4 Mardi 26 1984
NANTES-BOUGUENAIS 26 22,6 Mercredi 27 1945
ST NAZAIRE-MONTOIR 3 20,7 Mercredi 27 1957
ORLEANS 123 21,9 Mercredi 27 1938
AGEN-LA GARENNE 58 25,2 Mercredi 27 1941
MENDE 932 23 Mardi 26 1985
PTE DE LA HAGUE 9 18 Mercredi 27 1921
CHERBOURG 134 18,9 Mercredi 27 1959
LANGRES 466 20,4 Mercredi 27 1949
NANCY-OCHEY 336 21,2 Mercredi 27 1966
NANCY-ESSEY 212 20,8 Mercredi 27 1927
BELLE ILE-LE TALUT 34 16,2 Lundi 25 1930
ILE DE GROIX 41 17,8 Mercredi 27 1921
LORIENT-LANN BIHOUE 45 18,4 Dimanche 24 1952
LILLE-LESQUIN 47 19 Mardi 26 1944
ALENCON 143 20,1 Mercredi 27 1946
BOULOGNE-SEM 73 18,9 Mardi 26 1947
LE-TOUQUET 5 18,5 Mardi 26 1951
LUXEUIL 271 22,5 Mercredi 27 1944
LE MANS 48 21,8 Mercredi 27 1944
ROUEN-BOOS 151 19,7 Mercredi 27 1968
TOUSSUS LE NOBLE 154 21,1 Mercredi 27 1965
TRAPPES 167 20,3 Mercredi 27 1923
VILLACOUBLAY 174 19,8 Mercredi 27 1946
NIORT 57 24,3 Mercredi 27 1959
MEAULTE 107 18,5 Mardi 26 1988
MONTAUBAN 106 25 Mercredi 27 1885
CARPENTRAS 99 23,1 Mercredi 27 1963
ORANGE 57 23,9 Mercredi 27 1952
L ILE D YEU 32 17,4 Samedi 23 1948
LA ROCHE SUR YON 90 21,6 Mercredi 27 1984
POITIERS-BIARD 123 23,4 Mercredi 27 1921
LIMOGES-BELLEGARDE 402 23,1 Mercredi 27 1973
ORLY 89 20,8 Mercredi 27 1921
PONTOISE – AERO 87 20 Mercredi 27 1946
ROISSY 108 20,5 Mercredi 27 1974

 

* Indicateur agrégé sur la France métropolitaine à partir de 30 stations réparties sur le territoire et représentatives des différentes nuances climatiques.

** : Les 4e et 5e positions sont respectivement détenus par le 23/02/1990 (20 °C) et le 24/02/1990 (19,8 °C)

*** L’hiver climatologique s’étend du 1er décembre au 28/29 février.

**** : un record est dit régional (ici au sens des anciennes régions administratives) s’il s’agit de la valeur la plus extrême jamais observée sur l’ensemble du réseau de mesures de ladite région (réseaux principal et secondaire réunis).

Miguel : une tempête en début d’été

La tempête Miguel touche ce vendredi une grande partie de la France. Un phénomène inhabituel à cette période de l’année.Image du satellite METEOSAT 11 du 6 juin 2019 à 11h UTC - La tempête Miguel est encore au large du cap Finisterre situé à l'extrême nord-ouest de la péninsule ibérique
Image du satellite METEOSAT 11 du 6 juin 2019 à 11h UTC – La tempête Miguel est encore au large du cap Finisterre situé à l’extrême nord-ouest de la péninsule ibérique – © Météo-France

La période la plus propice aux tempêtes en France se situe entre octobre et mars. A cette période de l’année, le courant-jet d’altitude sur l’Atlantique Nord (ou « rail des perturbations » dans lequel se développent les dépressions tempétueuses) est en moyenne plus puissant et plus proche des côtes européennes.

Observer une tempête comme Miguel en juin est bien plus rare car le courant-jet est généralement plus faible et ondule plus au nord, avec des contrastes thermiques nord-sud moins marqués qu’en hiver sur l’Atlantique et des hautes pressions subtropicales qui remontent davantage sur le sud de l’Europe.

Comment l’expliquer ?

Animation des la température à 850 hPa en plages de couleur (illustrant les contrastes thermiques), le courant-jet d'altitude (vers 12 km) qui atteint près de 200 km/h au nord-ouest de l'Espagne, et isobares (pression) seuillées pour faire ressortir la dépression Miguel qui se creuse sous le jet, entre jeudi 6 juin à 00h UTC et vendredi 7 juin 2019 à 18h UTC
Animation de  la température à 850 hPa en plages de couleur (illustrant les contrastes thermiques), le courant-jet d’altitude (vers 12 km) qui atteint près de 200 km/h au nord-ouest de l’Espagne, et isobares (pression) seuillées pour faire ressortir la dépression Miguel qui se creuse sous le jet, entre jeudi 6 juin à  00h UTC et vendredi 7 juin 2019 à 18h UTC – © Modèle du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, développé en partenariat avec Météo-France

La situation perturbée actuelle s’explique par la présence d’une forte anomalie de bas géopotentiel sur le proche Atlantique associée à des masses d’air plus fraîches que la normale, contrastant avec l’air chaud présent plus au sud au large du Maroc. Cette zone à fort tourbillon de grande échelle avec contraste thermique marqué participe à un net renforcement du courant-jet au nord-ouest de l’Espagne (environ 200 km/h à 12 km d’altitude ce jeudi), propice au creusement d’une dépression marquée peu commune en juin.

Une situation dangereuse

La végétation est plus vulnérable face aux tempêtes l’été : les arbres, couverts de feuilles, cèdent plus facilement qu’en hiver à force de vent égale, car le feuillage offre une prise au vent plus importante. Dans la situation actuelle, un autre facteur aggravant est la saturation des sols en eau suite aux précipitations récentes, ce qui rend la résistance des racines moins bonne.

Tempête estivale : des précédents

Des tempêtes ou forts coups de vent ont déjà eu lieu en juin ou en été dans le passé . Il faut cependant remonter à plus de 30 ans pour trouver des épisodes comparables :

Le 6 juillet 1969 : une tempête frappe la moitié nord, surtout la Bretagne, la Normandie puis région parisienne.

Le 26 juin 1958 : elle avait une trajectoire plus au sud.

– Le 16 juin 1965 : tempête sur la moitié nord du pays, Ile-de-France incluse.

On retrouve également des situations très dépressionnaires les 9 juin 1954, 12 juillet 1961, 3 juillet 1988, 7 et 8 août 1948…

À noter, le 7 juin 1987, une ligne de grains orageuse provoque un coup de vent tempétueux. On relève alors 126 km/h à Biscarrosse, 115 km/h à Bordeaux.

Deux canicules exceptionnelles : 46 °C en France

Lors de la vague de chaleur de la fin juin 2019, l’ancien record de température maximale en France de 44,1 °C observé à Conqueyrac dans le Gard le 12 août 2003 a été battu plusieurs fois. De nombreuses stations ont mesuré des valeurs exceptionnelles. 45,9 °C ont ainsi été relevés le 28 juin à Gallargues-le-Montueux dans le Gard. Ces valeurs sont issues du réseau de stations automatiques de Météo-France exploité en temps réel.

46,0 °C à Vérargues : nouveau record officiel de température observée en France

 

Météo-France collecte aussi les données observées par le Réseau Climatologique d’État (RCE). Celui-ci comprend environ 800 postes manuels pour la température, tenus par des observateurs bénévoles qui transmettent leurs observations avec quelques jours de délai. Parmi toutes ces observations, une valeur de température maximale de 46,0 °C a été relevée à Vérargues (34), à moins de 10 km de la station automatique de Gallargues-le-Montueux.

 

Après contrôle et expertise par les climatologues de Météo-France, cette valeur a été validée. Ce poste fait l’objet d’un partenariat avec le Conseil départemental de l’Hérault qui indemnise et accompagne l’observateur, et Météo-France qui contrôle et valide le site, le matériel et les données.

La station de Vérargues le 19 juillet 2019 – © V. Isler-Météo-France

Le nouveau record absolu de température observée en France est donc officiellement de 46,0 °C. La France se classe ainsi au 6e rang des pays européens ayant connu la température la plus élevée derrière la Grèce (48,0 °C), le Portugal (47,4 °C), l’Espagne (47,3 °C), l’Italie (47,0 °C) et la Bosnie-Herzegovine (46,2 °C).

Mi-novembre : un épisode de neige particulièrement précoce

D’abondantes chutes de neige ont touché le Centre-Est du pays hier et cette nuit. Cet épisode est particulièrement précoce dans la saison. Cette neige a occasionné des dégâts (300 000 foyers privés d’électricité) et rendu difficile la circulation (sur A7, A48…).

Situation météorologique

Une perturbation pluvieuse a touché la Bretagne dans la journée de mercredi. Elle s’est dirigée vers l’est dans la nuit de mercredi à jeudi. En arrivant jeudi matin sur les régions méditerranéennes, une dépression de petite taille s’est creusée près du golfe du Lion. Celle-ci a renforcé les précipitations sur les régions du Sud-Est. Le renforcement des précipitations a progressivement refroidit la masse d’air (phénomène d’isothermie). La masse d’air initiale étant déjà fraîche les précipitations pluvieuses se sont transformées en précipitations neigeuses à des altitudes de plus en plus basses pour finalement toucher les plaines de la moyenne vallée du Rhône.

Les chutes de neige se sont produites entre jeudi après-midi et la nuit de jeudi à vendredi. Vendredi matin, de faibles chutes de neige se produisaient encore en Bourgogne.

Ce type de situation est assez classique sur ces régions. Dans le passé des chutes de neige remarquables se sont déjà produites à la même époque de l’année.

Animation du champ de pression réduite au niveau de la mer et des précipitations (en bleu la pluie, en rouge la neige) entre le mercredi 13 à 12 h UTC et vendredi 15 novembre 2019 à 15 h UTC
Animation du champ de pression réduite au niveau de la mer et des précipitations (en bleu la pluie, en rouge la neige) entre le mercredi 13 à 12 h UTC et vendredi 15 novembre 2019 à 15 h UTC.  © Modèle du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, développé en partenariat avec Météo-France.

Des hauteurs de neige remarquables

Au maximum de l’épisode on a relevé :

  • 6 cm à Ambérieu ;
  • 15 cm à Lyon-St-Exupéry. La dernière grosse chute de neige à Lyon remonte au 1er décembre 2010 avec 25 cm de neige au sol ;
  • 21 cm à Grenoble-St-Geoirs ;
  • 11 cm à St-Étienne-Bouthéon ;
  • 10 cm à St-Chamond ;
  • Dans le secteur de Valence, on a atteint 10 à 15 cm par endroits ;
  • 32 cm au col de Rossatières (568 m) en Isère ;
  • 50 cm à Le Gua (1646 m) en Isère ;
  • 42 cm à Mazan-l’Abbaye (1240 m) en Ardèche ;
  • 10 cm dans la région d’Autun (au-dessus de 500 m).

Qu’est-ce qu’une goutte froide ?

La perturbation associée à la vaste goutte froide située sur la France, s’est réactivée sur sa partie sud hier après-midi. Elle a généré des pluies méditerranéennes soutenues et orageuses vers le littoral des Bouches-du-Rhône et de la Côte d’Azur, puis de la neige en plaine en vallée du Rhône.

Les explications de Jérôme Lecou, prévisionniste à Météo-France :

Episodes méditerranéens intenses fin novembre et début décembre

Le sud-est de la France a été frappé ce weekend par un épisode méditerrannéen intense. Il est parfois tombé en 48 heures l’équivalent de 2 à 3 mois de pluie. Face à ces pluies extrêmes, les cours d’eau déjà alimentés par des sols gorgés d’eau ont réagi très significativement et provoqué des inondations dramatiques sur l’est du Var et l’ouest des Alpes-Maritimes.
Infographie : cumuls observés entre jeudi 21 novembre et dimanche 24 novembre 2019

L’équivalent de plusieurs mois de pluies en seulement quelques heures

Ce week-end, un système dépressionnaire s’est mis en place entre le golfe de Gascogne et la Méditerranée. Il  a fait remonter une masse d’air doux, humide et instable sur le sud-est de la France dès vendredi.
Ce sont d’abord les Cévennes qui ont été impactées par de fortes pluies entre vendredi et samedi matin. En 24 heures, il est tombé l’équivalent de 1 mois de pluie sur les Cévennes. On a ainsi observé entre vendredi 12 h et samedi 12 h :
  • 281,6 mm à Loubaresse (07) ;
  • 241,8 mm à Saint-Maurice-de-Ventalon (48) ;
  • 235,3 mm à Vialas (48) ;
  • 232 mm à Barnas (07).
Sur la Côte d’Azur, les pluies ont commencé à s’intensifier dans la nuit de vendredi à samedi. Elles ont persisté jusqu’au dimanche. En effet, un petit centre dépressionnaire s’est formé au large de la Provence et a entretenu un flux de sud à sud-est très perturbé jusqu’en milieu de journée de dimanche.
Sur le Var, c’est l’épisode le plus important depuis celui des 4 et 5 novembre 2011. Il est régulièrement tombé l’équivalent de 2 à 3 mois de pluie en 48 heures, entre vendredi 12 h et dimanche 12 h  :
  • 353,1 mm à Tanneron ;
  • 291,7 mm à Fréjus (mont Vinaigre) ;
  • 259,6 mm à Entrecasteaux ;
  • 256,7 mm à La Martre ;
  • 213,6 mm à Draguignan ;
  • 202,1mm aux Arcs.
Sur les Alpes-Maritimes, il est tombé l’équivalent de 1 à 2 mois de précipitation en 48 heures :
  • 304,4 mm à Coursegoules ;
  • 266 mm à Caussols ;
  • 230,5 mm à Chateauneuf-Grasse ;
  • 209,8 mm à Valbonne Sophia Antipolis ;
  • 209,6 mm au Mas.

Animation : précipitations entre vendredi et dimanche

 

Des cumuls de précipitations en 24 ou 48 heures qui se produisent en moyenne tous les 20 à 100 ans

Sur les départements de la Lozère, de l’Ardèche ou de la Drome mais aussi sur le sud des Alpes-de-Haute-Provence, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et l’extrême sud-est des Hautes-Alpes, les cumuls de pluie en 48 heures ont atteint des niveaux que l’on estime survenir en moyenne une fois tous les dix ans : on parle de durée de retour décennale.

Mais c’est sur le Var et les Alpes-Maritimes, que les cumuls les plus exceptionnels pour la région ont été atteints : les niveaux de durée de retour 10 ans ont souvent été dépassés. On a même atteint des niveaux de durée de retour 20 ans, 50 ans voire 100 ans, très localement, à Tanneron (83) avec jusqu’à 354 mm tombés en 48 h entre le 22 novembre à 14 h locales et le 24 novembre à 14 h locales.

Une humidification des sols très rapide

En lien avec l’épisode fortement pluvieux qui avait frappé le pourtour méditerranéen fin octobre 2019, le niveau d’humidité des sols mi-novembre était proche de la normale sur les départements cévenols, mais plus humide sur la région PACA.

Les pluies survenues entre le 21 et le 24 novembre ont nettement humidifié les sols qui sont actuellement proches de la saturation des Bouches-du-Rhône à l’ouest des Alpes-Maritimes. Ils atteignent même des niveaux record sur le département du Var pris dans son ensemble.

Humidité des sols, écart à la normale 1981-2010 le 21 novembre 2019   Humidité des sols, écart à la normale 1981-2010 le 24 novembre 2019
Humidité des sols sur le Sud-Est, écart à la normale 1981-2010 le 21 novembre à gauche et  le 24 novembre 2019 à droite – © Météo-France

 

Changement climatique et épisodes méditerranéens

Les observations depuis le milieu du XXe siècle montrent que les événements pluvieux les plus extrêmes sont de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses sur le pourtour méditerranéen, .

L’augmentation de l’intensité et de la fréquence des précipitations extrêmes sur le sud-est de la France est très probablement liée au réchauffement climatique en cours. Pour le futur, les modèles de climat semblent s’accorder sur une poursuite de l’intensification des événementsde précipitation extrêmes dans cette région. Ces résultats doivent être consolidés par les travaux de recherche en cours sur le lien entre changement climatique et épisodes de pluies extrêmes.

Inondation - illustration

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