Étiquettes
afp
AFP / Alain JOCARD Le Premier ministre Edouard Philippe, le 30 janvier 2020 à ParisLe Premier ministre se lance dans la bataille: Edouard Philippe se présentera comme candidat tête de liste aux élections municipales au Havre en mars, mais restera à Matignon s’il est élu, une décision critiquée par les oppositions.
Une décision « mûrie comme toute décision importante », fondée sur l’idée que « dans une démocratie, le fondement de la légitimité, c’est l’élection », et que « nos concitoyens ne veulent surtout pas de responsables politiques hors-sol », justifie vendredi dans le quotidien Paris-Normandie celui qui a déjà dirigé la cité normande de 2010 jusqu’à son entrée à Matignon en 2017.
M. Philippe, attendu vendredi soir en meeting au Havre, avait avivé l’hypothèse de sa candidature en septembre dernier en rappelant, dans une déclaration d’amour publique à la ville, que ses « tripes » d’arrière-petit-fils de docker avaient « un goût d’eau salée ».
Alors qu’on lui avait prêté des intentions à Paris en vue de ce scrutin, il assure n’avoir « jamais envisagé un engagement politique ailleurs qu’au Havre », où il est élu depuis 2001 et a construit son parcours politique, d’abord sous le tutorat de l’emblématique maire Antoine Rufenacht.
« C’est la ville que j’aime. C’est là que sont mes attaches », a plaidé celui qui ne manque pas une occasion de chanter les mérites du port dans ses interventions publiques.
– « Voler l’élection aux Havrais » –
Elu au premier tour en 2014 sous l’étiquette UMP (désormais Les Républicains) avec 52% des voix, M. Philippe a souligné que « sa plus grande ambition » était de redevenir maire à terme.
En attendant, « si le président de la République continue à m’accorder sa confiance, je continuerai à remplir ma mission de Premier ministre parce qu’on ne se dérobe pas quand il s’agit de servir son pays », a-t-il poursuivi.
AFP/Archives / JEAN-FRANCOIS MONIER Jean-Baptiste Gastinne, actuel maire du Havre, le 4 janvier 2015 à RouenAinsi, s’il était élu au soir du 22 mars prochain, M. Philippe proposerait que l’actuel maire (LR) Jean-Baptiste Gastinne conserve le fauteuil. Et « le jour où ma mission s’achèvera à Matignon, je souhaite, si les Havrais me font confiance évidemment, redevenir maire parce que c’est là que je veux continuer à m’investir », a-t-il expliqué.
Sa candidature suscite les critiques de l’opposition, de droite comme de gauche.
« Il va voler l’élection municipale aux Havrais », car le scrutin risque de « se transformer en référendum pour ou contre la politique nationale » du gouvernement, au détriment des enjeux locaux, a estimé auprès de l’AFP le député PCF Jean-Paul Lecoq, également candidat à la mairie.
Mais, veut-il espérer, ce pourrait aussi être aussi l’occasion pour la gauche de se « rassembler », alors qu’EELV et le PS, sans le PCF, feront liste commune.
Edouard Philippe « s’est un peu servi du Havre comme d’un marche-pied, il ne faudrait pas que ça devienne un trampoline non plus, mais clairement, c’est son plan de retraite », tacle l’écologiste Alexis Deck, élu municipal depuis 2014 au Havre et à la tête de cette liste.
L’eurodéputé EELV Yannick Jadot juge pour sa part cette candidature « profondément scandaleu(se) » au moment où la France est « en burn out social et démocratique », et tandis que la réforme des retraites continue son parcours.
Le député La France insoumise Eric Coquerel a appelé pour sa part le Premier ministre à « démissionner dès maintenant puisque son choix est manifestement de redevenir maire du Havre ».
Cela en dit « beaucoup sur la fébrilité de La République en marche » à l’approche des municipales, considère le porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu, pour qui LREM « déguise des Républicains (…) ou des élus socialistes en marcheurs » pour pallier « un personnel politique pas au niveau ».
Mais Edouard Philippe récuse toute tentative de « tirer des élections du Havre des leçons nationales », affirmant sa volonté de « parler du Havre », en laissant « les commentateurs » commenter.
Sans préciser les contours de son programme qu’il qualifie d' »ambitieux », il a assuré dans Paris-Normandie qu’il mènerait « une campagne intense au Havre », tout en remplissant ses « obligations à Paris ».