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Cette semaine, les éditorialistes macronistes ont pu mettre les annonces de l’INSEE sur le chômage et le pouvoir d’achat au crédit du gouvernement et gloser sur les progrès de notre économie. Mais ils ont aussi bien été contraints de reconnaître que ce discours ne passe pas dans l’opinion. Et de fait, ce discours est totalement décalé avec la réalité de ce que vivent bien des Français.

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Bulle, mensonges et superficialité

D’un côté l’INSEE annonce une hausse du pouvoir d’achat de 2,1% en 2019. De l’autre, 48% des Français pensent qu’il recule pour eux, ce que confirme le mouvement des Gilets Jaunes, largement provoqué par le problème des fins de mois. Bien sûr, les éditorialistes tendance macroniste prennent pour argent comptant les statistiques de l’INSEE. Pourtant, d’abord, ils pourraient savoir qu’une moyenne peut ne rien vouloir dire. Emmanuel Saez avait montré qu’aux Etats-Unis, la hausse moyenne de 6,1% des revenus de 2009 à 2012 cachait un recul de 1,6% pour 90% et une hausse de 15% pour les 10% pour les plus riches. Une moyenne est une abstraction souvent déconnectée de la réalité.

Et ce n’est pas tout. Comme le soutient Todd dans son nouveau livre, citant les travaux de Philippe Herlin dans « Pouvoir d’achat », les statistiques mêmes de l’INSEE posent problème et semblent biaisées, par le traitement des coûts immobiliers, largement minorés. En outre, là encore, on peut postuler que l’inflation n’est pas la même pour tous. Bref, il est logique que l’injonction à l’optimisme sur foi de statistiques biaisées ne passe pas. De même sur le chômage, où les annonces grandiloquantes de la majorité et de ses relais médiatiques a logiquement du mal à passer. La « forte » baisse (de 3%…) annoncée sur 2019 peut être remise en cause d’innombrables manières dans la réalité.

D’abord, 3% de baisse dix ans après la crise n’est pas une bonne performance. Le chômage a peu baissé en France, et, à ce niveau du cycle, étant donné tout ce qui a été fait (des dizaines de milliards de baisse du prix du travail, deux démantèlements du droit du travail), le reflux devrait être beaucoup plus marqué. Lors des cycles précédents, sans toutes les mesures Hollande-Macron, le reflux avait été sensiblement plus vif. Pire, on peut aussi souligner que la baisse est dérisoire à l’échelle du grand total des demandeurs d’emplois, à peine passés de 6,6 à 6,4 millions depuis 2017… Et cela rappelle les tripatouillages statistiques réalisés récemment, qui parviennent à peine à rosir la situation…

Idem sur les retraites, où les marcheurs, ministres ou pas, osent parler d’une réforme de justice sociale, au service des plus modestes, des femmes, qui garantirait le pouvoir d’achat des fonctionnaires à la retraite. Pourtant, une telle promesse semble cavalière alors même que la majorité veut limiter à 14% du PIB le poids des retraites (tout en présentant un projet où leur poids recule d’un point) avec le gonflement du nombre de retraités. La simple arithmétique contredit Macron : il sera impossible de tenir ces promesses, si ce n’est sur des cas isolés. Pour couronner le tout, le Conseil d’Etat a rendu un avis très critique et Romaric Godin souligne son caractère austéritaire en cas de récession.

Le caractère profondément orwellien de cette majorité et ses soutiens qui tiennent un discours totalement déconnecté de la réalité sur la base de statistiques aussi partielles que partiales pèsera lourd dans l’opinion et les prochaines échéances électorales. La macronie est décidément bien détestable sur beaucoup d’aspects, et son discours économique n’en est pas le moindre…

 

Source: http://www.gaullistelibre.com/2020/02/retraites-emploi-pouvoir-dachat-la.html#more