Au nom de toute la puissance de l’Union

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Face au coronavirus, soit l’Europe se montre solidaire, soit elle disparaît

Giuseppe Conte, président du Conseil des ministres. Rome, 10 mars 2020. — © Filippo Attili/EPA Photo via Keystone

Il y a quelques jours, Ursula von der Leyen remerciait par un tweet l’aide proposée par la Chine à plusieurs pays européens. La présidente de la Commission rappelait que l’Europe avait envoyé en janvier 50 millions de tonnes de matériel d’aide à la Chine et concluait: «En ces temps difficiles, nous avons besoin les uns des autres.» La réalité est que l’Union européenne a déjà perdu une bataille face au virus: celle de la communication. Alors que des nations du continent remercient Pékin pour son action habilement médiatisée, l’UE est critiquée pour son manque de solidarité.

L’Italie demande plus

La question est à présent de savoir si l’UE va remporter le vrai combat, non pas celui contre le coronavirus, mais contre ses effets économiques. Les Etats ayant refusé à Bruxelles toute compétence en matière de santé, c’est sur le plan financier que cela va se jouer. Le virus va-t-il faire sauter le verrou du dogme de l’austérité? L’Union en déliquescence est-elle capable d’une solidarité qui seule lui redonnera du sens?

Le virus va-t-il faire sauter le verrou du dogme de l’austérité?

On en prend le chemin. Après l’annonce d’un plan de soutien de 750 milliards à la zone euro par la Banque centrale européenne, la Commission prône une dérogation au fameux Pacte de stabilité et à sa règle des 3% de déficit public. Cette mesure sans précédent devrait être validée cette semaine par le Parlement. L’Italie, le pays le plus durement frappé à ce jour, salue ces mesures. Mais elle demande plus: l’activation du Mécanisme européen de stabilité doté de 410 milliards d’euros et la création de «corona bonds», en d’autres termes: une mutualisation de la dette créée pour lutter contre cette crise. L’Europe du Nord concédera-t-elle à l’Italie ce qui avait été refusé à la Grèce?

Pilule amère

On n’y est pas encore. Mais là aussi les choses pourraient évoluer très vite car la chute des marchés provoquée par le Covid-19 devrait frapper plus équitablement le continent que ne le fit la crise de la dette. Les fractures Nord-Sud, Est-Ouest seront alors effacées.

Pour le continent, la pilule peut sembler amère. Après une crise financière importée des Etats-Unis, voici une crise épidémiologique qui a voyagé depuis la Chine. A chaque fois, l’Europe apparaît comme bien mal préparée pour résister aux déflagrations de la mondialisation. C’est à présent l’heure de vérité. Après le Brexit, l’UE ne survivrait pas à un Italexit. Giuseppe Conte a demandé à Bruxelles d’utiliser «toute sa puissance» pour aider son pays. S’il est entendu, l’Union en sortira renforcée. Sinon, ce pourrait bien être l’ensevelissement d’un idéal.

Le Temps

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