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Michelle Bachelet Photo : Reuters / DENIS BALIBOUSE
La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet a appelé lundi les pays à respecter l’état de droit en dépit du coronavirus, en limitant notamment dans le temps les mesures exceptionnelles, afin d’éviter une catastrophe
pour les droits de la personne.
Nuire aux droits tels que la liberté d’expression peut causer des dommages incalculables aux efforts entrepris pour contenir la COVID-19 et ses effets socio-économiques secondaires pernicieux
L’ONU est particulièrement inquiète, car les mesures et lois introduites dans certains pays font référence à des infractions vaguement définies, associées parfois à des peines sévères, alimentant les craintes qu’elles puissent être utilisées pour museler les médias et détenir les critiques et les opposants
.
Compte tenu de la nature exceptionnelle de la crise, il est clair que les États ont besoin de pouvoirs supplémentaires pour y faire face. Cependant, si l’état de droit n’est pas respecté, la situation d’urgence sanitaire risque de devenir une catastrophe des droits de l’homme, dont les effets néfastes surpasseront pendant longtemps la pandémie elle-même
, a affirmé Mme Bachelet.
Les gouvernements ne devraient pas se servir des pouvoirs d’urgence comme d’une arme pour faire taire l’opposition, contrôler la population, ou même rester au pouvoir
La haute-commissaire a souligné que les mesures exceptionnelles ou l’état d’urgence devraient être proportionnées, non discriminatoires et limitées dans le temps
, et faire l’objet d’une surveillance parlementaire, judiciaire et publique appropriée
.
Les plus pauvres visés par la police
Elle a par ailleurs indiqué avoir reçu un certain nombre d’informations
émanant de différentes régions dans le monde selon lesquelles la police et d’autres forces de sécurité ont fait un usage excessif et parfois mortel de la force pour faire respecter les confinements et les couvre-feux.
Ces violations ont souvent été commises contre des personnes appartenant aux couches les plus pauvres et les plus vulnérables de la population
, a détaillé Mme Bachelet.
Il est évidemment inacceptable et illégal de tirer sur une personne ayant enfreint un couvre-feu en quête désespérée de nourriture, de la placer en détention ou de lui faire subir des violences
, a-t-elle déclaré, sans citer de pays.
L’ancienne présidente chilienne, qui a elle-même connu la détention, a également dénoncé que dans certains pays, des milliers de personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint le couvre-feu
, jugeant cela inutile et dangereux
et appelant les États à libérer les détenus qui peuvent l’être.