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« L’ouverture ne s’est faite que vers la droite », constate le député macroniste du Val d’Oise, jusqu’ici représentant de l’aile gauche de LREM
Les dissensions s’accentuent au sein de La République en marche (LREM) qui craint désormais pour sa majorité absolue à l’Assemblée. Le député du Val-d’Oise Aurélien Taché, figure de l’aile gauche de la majorité, annonce dans le Journal du dimanche son départ du parti présidentiel qu’il avait rejoint en 2017 en provenance du PS.
« Le mouvement n’a pas été capable de construire un corpus idéologique, de trouver des convergences avec d’autres partis ou des alliés au sein de la société », explique l’élu pour justifier son choix. Terrible aveu d’échec pour celui qui avait pourtant été nommé il y a un an responsable du débat d’idées du parti et intégré à son bureau exécutif.
Aurélien Taché ne cache pas que le déséquilibre entre les différentes composantes de la majorité est l’une des causes de cette rupture. « L’ouverture ne s’est faite que vers la droite », constate aujourd’hui le député. La promesse initiale de réunir progressistes et conservateurs n’a, selon lui, pas été respectée au détriment des premiers. « Je suis un homme de gauche. Pour le rester, je dois quitter LREM », conclut-il.
Ce départ s’inscrit dans la continuité des critiques que le trentenaire formulait régulièrement. Le député clivait en interne en marquant sa différence sur des questions sensibles comme le port du voile, sur laquelle il s’attirait les foudres de nombreux partisans d’une laïcité stricte. A tel point qu’on parlait de lui à Matignon comme d’un « problème ». Récemment, il avait émis « des réserves sur certains aspects de la réforme » des retraites et regretté l’utilisation de l’article 49.3 par Edouard Philippe sur ce texte. Surtout, ce départ intervient alors que couve une scission des troupes macronistes à l’Assemblée nationale.
Scission à l’Assemblée. Des marcheurs déçus s’organisent en effet depuis plusieurs semaines pour mettre sur pied un neuvième groupe parlementaire dans l’Hémicycle. Selon Les Echos, qui ont cité sa profession de foi, ce nouveau regroupement baptisé « Ecologie, démocratie, solidarité » pourrait compter 58 membres venant d’horizons divers. La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a déploré mercredi dernier « le ferment de la division » et fustigé « un contresens politique ».
Aurélien Taché a quant à lui assuré qu’il quitterait « très certainement le groupe » LREM. Le député met ses pas dans ceux du collectif de 66 parlementaires à l’origine de la consultation citoyenne « Le jour d’après ». Si une initiative de cette plateforme trouvait sa place à l’Assemblée, « j’en ferais partie », a-t-il encore indiqué.
Après l’exclusion il y a deux semaines de la députée du Bas-Rhin Martine Wonner, qui n’avait pas voté en faveur du plan de déconfinement, le nombre d’élus LREM et apparentés à l’Assemblée s’élève désormais à 296 contre 314 en juin 2017. A quelques sièges seulement de la majorité absolue fixée à 289 élus… Le soutien des 46 députés du groupe MoDem semble donc plus déterminant que jamais pour le camp présidentiel.