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«Plaisanteries de mauvais goût et sexistes», «comportement attentatoire à la santé». Les mots de la justice pour décrire les agissements du député LREM Stéphane Trompille sont accablants. L’élu de 35 ans a été condamné la semaine dernière par le Conseil de prud’hommes de Bourg-en-Bresse pour harcèlement sexuel et licenciement nul d’une ancienne collaboratrice.
Embauchée en CDI en 2017, cette ex-collègue, chargée de sa communication et de ses relations presse, avait lancé une procédure à son encontre courant 2018. Elle l’accusait d’avoir tenu des propos à «connotation sexuelle dans l’exercice de ses fonctions», selon le journal Le Progrès, qui a révélé l’affaire. Par exemple, le député lui envoyait des messages en lui demandant : «Tu bosses ou tu te touches là ?». Lors de l’audience, qui s’est tenue le 13 février dernier, son avocate Me Christine Fauconnet avait évoqué des «propos sexistes et déplacés». En face, la défense du député avait tenté de balayer ces accusations : «Les faits sont inexistants, le dossier est vide», avait plaidé Me Éric Dez.
«Mal-être au travail»
Dans son jugement, le tribunal a estimé que la collaboratrice, seule femme de l’équipe, avait souffert d’un «mal-être au travail, accompagné de stress et d’une perte de poids». À bout, la jeune femme de 32 ans avait sollicité un rendez-vous avec le médecin du travail en janvier 2018, tout en précisant à son député que ses conditions de travail lui semblaient inappropriées.
En réponse, Stéphane Trompille avait déclenché une procédure de licenciement pour insuffisance professionnelle, effective en février 2018. Quelques mois plus tard, c’est un deuxième collaborateur qui, refusant de témoigner contre sa collègue, avait été licencié pour insuffisance professionnelle, selon Le Progrès. Lui aussi avait entamé des démarches contre son ancien patron.
«Des agissements inacceptables et illégaux»
Deux ans plus tard, le Conseil a déclaré nul le licenciement de la jeune femme, soulignant que l’élu n’avait pas «veillé à la protection de la santé de sa salariée» et constatant des faits de harcèlement sexuel. Quant au second collaborateur, son licenciement a été jugé «sans cause réelle et sérieuse», affirme Le Progrès.
Pour l’avocate de la plaignante, Me Christine Fauconnet, «ces décisions viennent clore une longue marche pour la reconnaissance des agissements inacceptables et illégaux de Monsieur le député Stéphane Trompille». Au total, le conseil a demandé au condamné de verser plus de 20.000 euros à la requérante.
Il est extrêmement serein quant à la suite qui sera donnée par la justice
Me Éric Dez, avocat de Stéphane Trompille
Le député a fait appel de la décision. «Il est extrêmement serein quant à la suite qui sera donnée par la justice», a assuré son avocat à l’AFP. Me Éric Dez a aussi souligné qu’une plainte pénale, déposée à l’initiative de son client, était toujours en cours, Stéphane Trompille contestant la véracité d’un témoignage contenu dans le dossier.