« J’étouffe », les derniers mots de Cédric Chouviat, mort après un plaquage par la police, relancent l’affaire

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"J'étouffe", les derniers mots de Cédric Chouviat, mort après un plaquage par la police, relancent l'affaire

© AFP

Cédric Chouviat est décédé à la suite d’un contrôle de police à Paris en janvier dernier. Son interpellation lui avait causé une fracture du larynx. Mediapart et Le Monde ont eu accès à l’enregistrement présent sur le téléphone de celui-ci, où ses derniers mots étaient « j’étouffe ». Les avocats de la famille ont toujours dénoncé une « bavure policière », la police quant à elle avait dit dans un premier temps que le livreur s’était montré agressif.

Selon un rapport d’enquête qu’ont pu obtenir Mediapart et Le Monde et qui retranscrit l’enregistrement de l’arrestation de Cédric Chouviat le 3 janvier dernier, l’homme a répété à sept reprises « J’étouffe ». L’enregistrement avait été fait avec le téléphone du livreur, via un micro relié à son casque.

L’homme de 42 ans avait été victime d’un malaise cardiaque après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par trois policiers, peu après un contrôle tendu, motivé selon une source policière par un usage du téléphone en conduisant son scooter. Il s’était montré « agressif » avant de proférer des insultes, avait ajouté la source.

Les derniers mots de Cédric Chouviat relancent l’affaire alors qu’ils font écho à ceux de George Floyd, tué par la police de Minneapolis le 25 mai dernier. Les policiers français impliqués dans l’affaire étaient auditionnés le 17 juin dernier, en garde à vue.

Selon l’enregistrement, si Cédric Chouviat a bien filmé les policiers, celui-ci n’aurait pas proféré les insultes dont les policiers s’étaient dit victimes. Il aurait dit, entre autres, qu’ils étaient une « bande de clowns », avant d’être plaqué au sol. La police cherchait apparemment la moindre erreur de la part du livreur pour le plaquer au sol.

« Clé d’étranglement »

Peu de temps après le décès de Cédric Chouviat, les avocats de la famille avaient dévoilé à la presse des vidéos de la scène obtenues après un appel à témoignages. Une première captation montre le livreur tournant nerveusement autour des policiers en les filmant. Une autre le montre ensuite à plat ventre se débattant, toujours casqué, sous le poids de trois policiers, puis inerte sur d’autres images.

Les vidéos ne montrent pas sa chute mais « deux témoins indiquent qu’il a subi une clé d’étranglement », avait déclaré Me Arié Alimi, l’un des avocats. Il a également assuré que « l’état cardiovasculaire antérieur » du livreur, évoqué par le parquet, correspond à « une hypertension qui n’a aucun lien avec les causes de la mort ». « Il n’y aucun doute sur le fait que les modalités d’interpellation – la clé, le plaquage ventral, l’étouffement – étaient inappropriées et hors de proportion », a déclaré Me Bourdon, fustigeant une « culture de l’impunité et du déni qui encourage et déresponsabilise les policiers ».

Selon un premier récit des policiers à leur hiérarchie, ils décrivaient un comportement « provocant » du livreur à leur égard, les amenant à l’interpeller pour outrage. Puis ils expliquent qu’il a trébuché, entraînant dans sa chute un des gardiens de la paix et affirment ensuite qu’une fois à terre, et après une lutte pour le menotter, ils pensent d’abord que l’homme « simule un malaise » avant de constater que son visage devient bleu.

« En tant que croyant, on accepte sa perte. Mais après il y a des circonstances (…) et des faux témoignages », avait déclaré sa femme, Doria Chouviat, appelant à ne pas généraliser les griefs contre les policiers.

« L’histoire elle peut se répéter demain, c’est une histoire banale (…) mon mari avait bon coeur, il était un peu gueulard (…) mais est-ce qu’il mérite ce qui lui est arrivé ? », avait-elle ajouté lors de cette conférence de presse.

« Aujourd’hui il y a cinq orphelins qui vont me poser des questions: je leur dis quoi ? », a déclaré le père de la victime, qui employait son fils.

Source: Libre.be

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