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En janvier 2017, Kamala Harris avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l’histoire des États-Unis.
Photo: John Locher Associated Press En janvier 2017, Kamala Harris avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l’histoire des États-Unis.

Dans une décision historique, le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, a choisi la sénatrice Kamala Harris pour défier avec lui Donald Trump le 3 novembre. Cette première femme noire colistière aux États-Unis pourrait aussi devenir la première vice-présidente noire.

Le président républicain s’est dit « surpris » par cette décision, taclant la sénatrice de la Californie, 55 ans, pour ses performances « médiocres » à la primaire démocrate.

« Elle a eu de très mauvais résultats à la primaire. Et ça, c’est comme un sondage », a-t-il ajouté lors d’une conférence à la Maison-Blanche.

Malgré des débuts en fanfare, Kamala Harris avait jeté l’éponge dès décembre dans la course à l’investiture démocrate, avant même le premier scrutin, faute de bons résultats et de moyens, puis s’était ralliée derrière Joe Biden en mars.

« J’ai l’immense honneur d’annoncer que j’ai choisi Kamala Harris, combattante dévouée à la défense courageuse des classes populaires et l’une des plus grands serviteurs de l’État, comme ma colistière », a annoncé mardi Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama.

La sénatrice de la Californie s’est dite « honorée » de cette décision, qui donne un coup de fouet à une campagne largement paralysée par la pandémie de COVID-19.

Joe Biden et Kamala Harris s’exprimeront ensemble mercredi après-midi à Wilmington, dans l’État du Delaware, où vit le candidat démocrate.

Donald Trump a très vite critiqué ce choix. « Joe le mou et Kamala l’imposture, faits pour être ensemble, mauvais pour l’Amérique », dénonce une vidéo mise sur Twitter par le président américain.

« Lorsque Kamala était procureure générale [de la Californie], elle a travaillé en étroite collaboration avec Beau » Biden, son fils décédé d’un cancer en 2015 et dont il était très proche, a écrit M. Biden.

« J’ai observé comment ils ont défié les grandes banques, aidé les travailleurs et protégé les femmes et enfants face aux mauvais traitements. J’étais fier à l’époque, et je suis fier désormais de l’avoir comme partenaire pour cette campagne. »

Kamala Harris a réagi en employant l’image de « rassembleur » sur laquelle fait campagne le candidat à la Maison-Blanche.

« Joe Biden peut rassembler les Américains, car il a passé sa vie à se battre pour nous. Et quand il sera président, il construira une Amérique à la hauteur de nos idéaux », a-t-elle écrit sur Twitter.

Pionnière

Fille d’un immigré jamaïcain et d’une immigrée indienne, Kamala Harris accumule déjà les titres de pionnière.

Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle avait été élue, deux fois, procureure générale de la Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l’État le plus peuplé du pays.

Puis en janvier 2017, elle avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l’histoire américaine.

Les appels pour que Joe Biden choisisse une colistière noire se multipliaient depuis le mouvement de protestation historique contre le racisme et les violences policières provoqué aux États-Unis par la mort de George Floyd fin mai. Il avait promis dès mars qu’il choisirait une femme.

Dans son dernier tweet avant l’annonce, Kamala Harris écrivait justement, à propos du Congrès, que les « femmes noires et de couleur ont pendant longtemps été sous-représentées aux postes d’élus ».

Barack Obama s’est réjoui de cette décision « en plein dans le mille ». « Je connais la sénatrice Harris depuis longtemps », a souligné l’ex-président américain, encore très populaire chez les démocrates. « Elle est plus que prête pour le poste. »

Hillary Clinton, candidate malheureuse en 2016, qui rêvait de briser le plafond de verre en devenant la première femme présidente des États-Unis, s’est dite « ravie » de voir ce duo « historique ».

Si elle est proche du candidat, qu’elle appelle « Joe » en public, Kamala Harris avait surpris en l’attaquant avec virulence lors de leur premier débat démocrate, en 2019. Et certains électeurs progressistes lui reprochent son passé de procureure à la réputation dure envers les minorités.

Mais son passé de procureure lui avait aussi valu les applaudissements des démocrates et les critiques des républicains lors de son interrogatoire cinglant du candidat controversé à la Cour suprême Brett Kavanaugh en 2018.

Donald Trump l’a redit jeudi : elle fut, selon lui, « la plus méchante, la plus horrible, la plus méprisante de tout le Sénat américain ».