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le Hezbollah Libanais, le juge David Re, Pas de preuves, Rafic Hariri, TSL
Agence France-Presse
Il n’existe aucune preuve de quelque implication que ce soit de la direction du Hezbollah, ou du gouvernement syrien, dans l’attentat à la camionnette piégée ayant coûté la vie à l’ancien premier ministre libanais Rafik Hariri en février 2005 à Beyrouth, a déclaré mardi un juge du Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban (TSL).
Le tribunal est d’avis que la Syrie et le Hezbollah ont pu avoir intérêt à éliminer M. Hariri et ses alliés politiques, mais il n’y a aucune preuve que le leadership du Hezbollah a été impliqué dans le meurtre de M. Hariri, et il n’existe pas de preuve directe de l’implication de la Syrie
, a ainsi déclaré le juge David Re, en lisant un résumé des 2600 pages du jugement.
Des téléphones cellulaires utilisés par les suspects ont par ailleurs permis d’établir un lien entre deux membres présumés du Hezbollah et l’attentat.
Il n’existe cependant pas suffisamment de preuves pour lier les deux autres suspects aux téléphones qui ont, selon l’accusation, été utilisés pour organiser l’attaque terroriste.
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a commencé mardi à rendre son jugement dans le procès de quatre hommes accusés d’avoir participé en 2005 à l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, deux semaines après l’explosion du 4 août qui a ravagé Beyrouth.
Ce tribunal basé aux Pays-Bas avait reporté la lecture du verdict, initialement prévue le 7 août, par respect pour les innombrables victimes
de l’explosion dévastatrice trois jours plus tôt au port de la capitale libanaise, qui a fait au moins 177 morts et plus de 6500 blessés.
Les juges du TSL ont prononcé leur décision en l’absence des suspects, tous membres présumés du mouvement chiite Hezbollah, plus de 15 ans après l’attentat dans le centre de Beyrouth qui a causé la mort de Rafic Hariri et de 21 autres personnes.
Aucun des accusés n’ayant été remis au tribunal, ils sont jugés par contumace.
Saad Hariri, fils de Rafic Hariri et également ancien premier ministre libanais, assiste à l’annonce du verdict à Leidschendam, près de La Haye.
Dans un communiqué fin juillet, il a déclaré espérer que la lecture du jugement sera un jour de vérité et de justice pour le Liban
, affirmant qu’il n’a jamais perdu espoir dans la justice internationale
. 
L’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri a été assassiné en février 2005.Photo : Getty Images / Courtney Kealy
Rafic Hariri, premier ministre jusqu’à sa démission en octobre 2004, a été tué en février 2005, lorsqu’un kamikaze a fait sauter une camionnette remplie d’explosifs au passage de son convoi blindé sur le front de mer de Beyrouth, faisant 226 blessés.
Sa mort, dans laquelle quatre généraux libanais prosyriens ont été dans un premier temps accusés d’être impliqués, avait déclenché à l’époque une vague de manifestations et entraîné le retrait des troupes syriennes après près de 30 ans de présence au Liban.
Au cours du procès, l’accusation a réitéré que l’assassinat de Rafic Hariri avait un but politique
, arguant que le milliardaire sunnite était perçu comme une grave menace par les prosyriens et pro-Hezbollah
.
Contestation
Le Hezbollah, allié du régime syrien et de l’Iran, a rejeté toute responsabilité et a déclaré ne pas reconnaître le TSL.
Mis en place après une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le tribunal a été très largement contesté
. Les Libanais restent profondément divisés
à son sujet, selon Karim Bitar, professeur en relations internationales à Paris et à Beyrouth.
Ils ont tellement d’autres problèmes qu’ils ont tendance à regarder ça avec un haussement d’épaules, à l’exception de ceux qui sont directement concernés
, avait-il expliqué à l’AFP quelques jours avant la double déflagration sur le port de Beyrouth.
Des milliers d’habitants ont manifesté leur colère contre les autorités après cette explosion déclenchée par un incendie dans un entrepôt abritant depuis six ans quelque 2750 tonnes de nitrate d’ammonium.
La catastrophe a entraîné la démission du gouvernement libanais. De plus que le pays est plongé depuis des mois dans une très grave crise économique.
Les accusés
S’ils sont reconnus coupables, les quatre accusés dans l’assassinat de Rafic Hariri risquent la prison à perpétuité, bien que les peines seront prononcées à une date ultérieure. L’accusation et la défense peuvent tous les deux faire appel du jugement.
Le principal suspect dans l’affaire, Salim Ayyash, 56 ans, est accusé d’homicide intentionnel et d’avoir été à la tête de l’équipe qui a mené l’attaque.
Deux autres hommes, Hussein Oneissi, 46 ans, et Assad Sabra, 43 ans, sont notamment poursuivis pour avoir enregistré une fausse cassette vidéo qui revendiquait le crime au nom d’un groupe fictif.
Le dernier suspect, Hassan Habib Merhi, 54 ans, fait également face à plusieurs chefs d’accusation, tels que complicité de perpétration d’un acte de terrorisme et complot en vue de commettre cet acte.
Moustafa Badreddine, le principal suspect décrit comme le cerveau de l’attentat par les enquêteurs, est mort depuis et n’a donc pas été jugé.
L’année dernière, le TSL a ouvert une affaire distincte en accusant l’un des suspects, Salim Ayyash, de trois autres attentats contre des hommes politiques en 2004 et 2005.