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bandes, crime organisé, Criminalité, Gérald Darmanin, Jean Castex, Police
© Yann COATSALIOU / AFP
Si Jean Castex a fait du quasi Sarkozy-dans-le texte dans son discours de politique générale, les incohérences politiques qui travaillent le gouvernement l’exposent à un service minimum des policiers et gendarmes excédés par celui du gouvernement. c
Xavier Raufer
Devenant premier ministre, Jean Castex évoque d’emblée « l’autorité, gardienne des libertés fondamentales ». Peu après, sa déclaration de politique générale promet une réponse « ferme et sans complaisance » aux « minorités ultra-violentes » ; l’État combattra la « délinquance du quotidien » et tous ces « faits inacceptables qui exaspèrent les Français ».
Au Kärcher près, du Sarko dans le texte !
En mode Sarko-2002 toujours, Gérald Darmanin la joue martiale : On « s’attaquera à la délinquance qui ronge les quartiers de certaines grandes villes… ce sont les trafiquants qui vont arrêter de dormir ».
Enfin ! Espèrent les Français urbains et ruraux, subissant chaque jour un tsunami d’agressions, cambriolages, pillages etc. Fin de la récré-racailles ! Bientôt, le retour à l’ordre et à l’autorité.
Autant leur dire tout de suite, les intéressés risquent une sévère déception.
D’abord, lisons de près MM. Macron, Castex et Darmanin eux-mêmes – le doute s’installe :
– L’irénique M. Macron qualifie d' »incivilités » une orgie de violences, lynchages et homicides crapuleux, trahissant ainsi sa sidérale ignorance du réel criminel,
– M. Castex relance d’urgence le « plan de rénovation urbaine », pour « restaurer la République dans les quartiers et permettre l’émancipation de leurs habitants » – quand bien même c’est l’échec absolu de cette « Politique de la ville » qui a transformé lesdits quartiers en fiefs criminels hors-contrôle,
– Enfin, M. Darmanin, qui devrait écouter ses policiers et gendarmes de terrain, se dit « À cent mille lieues de faire le lien entre immigration et insécurité ».
Sous les rodomontades pointe ainsi la négation-bobo du réel criminel, la poursuite de la gâteuse-ruineuse-délictueuse « Politique de la ville » et le rejet bienséant d’un fait qu’établit le Renseignement criminel (gendarmerie et police) : environ 90% de la criminalité dite « de voie publique », celle qui « exaspère les Français », est désormais le fait d’étrangers ou d’individus issus de diverses migrations.
Ajoutons-y l’exclusive pitié du nouveau Garde des sceaux pour ceux qui « n’ont pas eu de chance et qu’il faut aider » ; ces « gamins déchirés par la vie », Me Dupond-Taubira les alerte « sur un ton détendu » qu’il « ya des gens qui voudraient que ce soit la prison et encore plus de prison » – fachos-répressifs dont bien sûr, il n’est pas. En prime, il chouchoute le gang-Traoré par frangine interposée, Ma Dalton-Assa Traoré.
Or à epsilon près, ces protégés-Dupond sont ceux-là même que MM. Castex et Darmanin jurent d’embastiller demain. Au premier acte répressif, les conseils des ministres seront animés. Et bien sûr, le futur « Livre Blanc de la sécurité », saboté par l’inepte tandem Castaner-Nunez, d’autant plus dur à achever…
Douteux donc, le tour de vis promis – si l’on parle répression réelle bien sûr, les bandits indigènes étant jetés en prison et les étrangers, renvoyés chez eux – non pas l’usuel et fictif tam-tam-médias-aux-ordres et presse people.
Première raison : la base régalienne, policiers, gendarmes, surveillants de la pénitentiaire, est à présent démobilisée, à un point inouï depuis la pénible fin de la IVe République :
– D’hystériques inspections générales les accablent à chaque peccadille,
– Une justice qu’inquiète la seule santé de malfaiteurs, élargit ceux-ci à tour de bras – à présent même, de potentiels criminels [Fact-checkers ! Cas à votre disposition],
– Enfin, des voyous les traquent jusqu’à domicile, eux et leurs familles.
Découragée, cette piétaille régalienne en vient à pratiquer un strict service minimum. Et le platonique dorlotage-Darmanin y changera peu, car les finances sont à plat.
Les voyous ne s’y trompent pas : ceux que voit l’auteur sont plutôt sereins.
D’abord, ce rappel : le milieu criminel ne vit pas sous cloche. Par le « monde de la nuit » et le show-biz, à coup de drogue et d' »escortes », caïds et gros voyous infiltrent le sommet de la société ; ils y captent des confidences. Ils ont aussi leurs avocats, bien sûr. Or à les entendre, Me Dupond-Taubira est plutôt du genre faux dur – médiatique-people.
Vivant entre le risque-prison (l’État) et la mort (rivaux), ces darwiniens caïds (survival of the fittest), savent fort bien différer une « affaire » ou un assassinat ; pause-prudence dite, dans leur argot, » aller se faire voir à alibi-sur-mer ».
Or les voilà en mode « même pas mal ». Darmanin ? Un roquet. Dupond-Taubira ? Une baudruche. Castex et Macron ? Pas sur la même planète qu’eux, zéro risque de choc frontal.
De fait, observons le seul baromètre qui vaille, celui du crime au quotidien : braquages, agressions des forces de l’ordre, cambriolages, règlements de comptes, homicides : on dépasse le niveau du début 2020, déjà en forte hausse sur 2019.
Conclusion : depuis la fin du confinement, des racailles aux caïds, tout le Milieu a repris ses petites affaires.
Le tintamarre des matamores officiels ? Il s’en tape.
Si le gouvernement fait au moins l’effort de mettre des mots sur le problème de la violence, les nouveaux maires verts et leurs alliés, eux, continuent à le nier ou à ne pas le voir. Petit florilège…