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Le chef de l’Etat a commémoré, vendredi 4 septembre, les 150 ans de la République lors d’un discours au Panthéon, à Paris. A cette occasion, il s’est engagé pour l’égalité des chances, qui était une promesse de sa campagne de 2017.
Les commémorations, cependant, ont pour effet de renvoyer à la situation présente et d’autoriser des comparaisons peu flatteuses. « En ce jour anniversaire, ce n’est pas tant la joie qui domine qu’une gravité lucide face aux menaces qui pèsent sur la République », a souligné le président. Ces mots, graves, font écho à l’inquiétude des élus. Les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de progrès, de laïcité et d’universalité qui, comme le souligne l’historien Jean Garrigues, constituent « l’armature intellectuelle et symbolique » du projet républicain, sont aujourd’hui questionnées.
Citoyen-consommateur
Les symptômes de la crise sont nombreux : abstention record aux élections, désengagement civique, perte des repères communs, repli communautariste, incivilités, montée des violences verbales et parfois physiques à l’encontre des représentants de l’Etat et du peuple. Le citoyen, censé se construire comme un individu concourant au bien commun, a tendance à se transformer en un consommateur insatisfait de la République dans une société de plus en plus émiettée et individualiste. L’évolution n’est, certes, pas propre à la France, mais elle y est particulièrement douloureuse, parce que de la Révolution est née la représentation d’une République une et indivisible qui, en réalité, se fragmente de plus en plus.
A chaque échéance électorale, la question des institutions est posée. Les opposants à la Ve République condamnent la verticalité du régime gaullien et prônent le retour à un système parlementaire largement magnifié. Il est cependant à craindre que la crise soit plus profonde. Si un doute s’est créé autour de la République, en dépit de l’exercice des libertés fondamentales qu’elle garantit, c’est notamment parce que la promesse d’égalité auquel son nom est attaché est mal tenue.
Le système éducatif français est inégalitaire. Les discriminations à l’embauche, en fonction de la couleur de la peau ou du lieu de résidence, sont avérées, l’intégration reste un parcours du combattant. Emmanuel Macron en est convenu, y voyant même l’une des causes fondamentales du désamour. Tout en confirmant un projet de loi contre les séparatismes et sa fermeté vis-à-vis des violences contre les représentants de l’autorité, le président de la République a promis de faire de « l’égalité concrète »le fil rouge de la fin de son quinquennat.
Les proclamations ne suffisent cependant pas. L’égalité des chances était la grande promesse de la campagne présidentielle de 2017. Elle semble s’être perdue dans les limbes, au risque d’accroître encore la désillusion des citoyens. Il faut aujourd’hui des actes forts, à la hauteur de la crise économique et sociale que traverse le pays.