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Dans une homélie, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, s’est employé hier à déconstruire l’argumentation chiite qui continue de bloquer la formation du gouvernement. Il a encouragé le Premier ministre désigné Moustapha Adib à aller de l’avant dans la mise en place d’un cabinet restreint composé de personnalités indépendantes « et à laisser le jeu parlementaire suivre son cours », conformément à la Constitution.
« En quelle qualité une communauté réclame un ministère déterminé, comme s’il lui appartenait, et bloque la formation du gouvernement pour obtenir gain de cause, provoquant de la sorte une paralysie politique et des dommages aux niveaux économique, financier et social ? Qu’en est-il de l’accord des forces politiques autour des trois volets relatifs aux réformes : un gouvernement restreint de sauvetage, des ministres indépendants et une rotation au niveau des portefeuilles ? » s’est interrogé le patriarche avant de rappeler l’article 95 de la Constitution qui « prévoit seulement la parité entre chrétiens et musulmans pour les postes administratifs de première catégorie ». « Cet article a-t-il été amendé en catimini ou faut-il que la volonté de certains soit imposée par la force ? Ceci est inacceptable dans notre système libanais. (…) Nous refusons les monopoles. Ce refus repose sur des considérations constitutionnelles et non pas communautaires. Il n’est dirigé contre aucune communauté. Il est motivé par une hérésie qui porte atteinte au principe de l’égalité (…) et au partenariat national (….) dans le but de consacrer l’hégémonie d’une partie qui fait valoir sa puissance face à un État privé de son pouvoir de décision nationale et de sa souveraineté. »
« Nous ne sommes pas disposés à reconsidérer notre présence et notre système à chaque fois qu’il faut former un gouvernement ou à accepter des concessions au détriment des spécificités libanaises, du pacte national et de la démocratie. Nous ne sommes pas non plus disposés à débattre d’une éventuelle modification du système avant que toutes les composantes du pays ne retournent dans le giron de l’État et ne renoncent à leurs projets privés », a martelé Mgr Raï.
La réponse du Conseil Supérieur Chiite : « C’est une provocation confessionnelle »
le Conseil Supérieur Chiite a répondu hier à l’argumentation du cardinal Béchara Raï :
« ceux qui servent des objectifs suspects contre les intérêts de la patrie et de son peuple, persistent à déformer les faits et à induire en erreur les Libanais sur la question de la formation d’un gouvernement de salut et de réformes qui préserve l’unité du Liban dans sa charte, sa constitution, sa stabilité et son économie ».
« Si nous exigeons que la communauté chiite conserve le ministère des Finances, c’est par souci au partenariat national dans le pouvoir exécutif. Ce qui se passe entre les blocs parlementaires devrait s’appliquer entre les composantes politiques lors de la formation du gouvernement », a-t-il ajouté.
Le conseil chiite suprême a aussi répondu à la proposition faite par le Premier ministre désigné en faveur du principe de rotation dans les ministères.
« Si nous voulons mettre en place une rotation dans les ministères, il faudrait qu’elle se fasse dans les emplois de première catégorie. L’article 95 de la Constitution libanaise stipule que les emplois de première catégorie, y compris les ministères, doivent être partagés à parts égales entre musulmans et chrétiens, sans en attribuer aucun à aucune secte, tout en respectant les principes de compétence ».
«La politique d’exclusion et d’isolement, contre laquelle l’imam Moussa Sadr a longtemps mis en garde, ne construit pas une nation, ne fait pas un État, mais contribue plutôt à frapper notre tissu national et à saper notre unité nationale », souligne le texte.
«Nous considérons que cette classe (politique) est responsable de l’effondrement économique du pays. Elle essaie une fois de plus d’imposer ses conditions à la formation du gouvernement alors qu’elle a provoqué l’effondrement à la suite d’une politique de quotas, de marchés, de gaspillage de fonds publics, de violation de la Constitution, et aujourd’hui elle essaie de s’imposer comme un sauveur pour la patrie », conclut le Conseil.
Quant au mufti jaafarite, il a objecté en disant : « le gouvernement n’est la possession d’aucun individu .Nos revendications ont pour cause votre système confessionnel, auquel vous tenez toujours. Vous êtes devant un choix entre un État civil et un État confessionnel divisé. L’audacieux est celui qui a le courage de choisir l’État civil et de la citoyenneté, et non pas de la confession ».
« tant que les quotes-parts confessionnelles existent, nous nous comporterons selon le principe de la réciprocité. Nous refusons ainsi l’élimination d’une confession au bénéfice des Etats-Unis ou la France ».
Source : Médias