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Sans la Pennsylvanie, Donald Trump ne peut tout simplement plus espérer remporter un second mandat à la tête du pays.

Joe Biden, souriant, le poing serré de manière victorieuse.
Joe Biden, lors d’un discours devant ses partisans, dans la nuit de mardi à mercredi, à Wilimngton, au Delaware.Photo : Getty Images / AFP/ROBERTO SCHMIDT

Joe Biden se rapproche de plus en plus de la Maison-Blanche, au fur et à mesure que les votes continuent d’être comptabilisés dans les États clés qui sont toujours en jeu, et plus particulièrement en Pennsylvanie en Georgie.

En Pennsylvanie, le candidat démocrate a pris la tête par 9746 voix sur le républicain Donald Trump vendredi avant-midi, avec plus de 6,68 millions des bulletins dépouillés, soit 95 % de tous ceux reçus jusqu’ici.

L’avance du président sortant, qui excédait les 600 000 votes le soir du vote, ne cesse de fondre en raison des bulletins lentement dépouillés dans les régions urbaines de Philadelphie et de Pittsburgh, largement favorables à M. Biden.

L’ex-vice-président de Barack Obama a par exemple pris les devants en Pennsylvanie un peu avant 9 h à la faveur d’un lot de plus de 30 000 votes rapportés depuis Philadelphie; M. Biden a récolté 88 % d’entre eux.

Plus de 100 000 bulletins de vote restent encore à être comptabilisés avant que ne soit officiellement déterminé qui recevra les 20 grands électeurs que confère l’État.

Une responsable de l’élection en Pennsylvanie a fait savoir vendredi midi que tous les votes pourraient ne pas être comptés avant plusieurs jours.

En vertu de la loi électorale de l’État, un recomptage sera ordonné s’il s’avère que l’écart entre les deux candidats est inférieur à un demi-point de pourcentage. Actuellement, M. Biden a 49,4 % des suffrages contre 49,3 % pour M. Trump.

L’importance de cet État ne peut pas être exagérée : sans la Pennsylvanie, Donald Trump ne peut tout simplement plus espérer remporter un second mandat à la tête du pays le plus puissant de la planète.Une femme noire portant un chandail anti-Trump célèbre, au milieu d'autres manifestants opposés au président.

Des partisans de Joe Biden célèbrent après avoir appris qu’il devance désormais Donald Trump en Pennsylvanie.Photo : Reuters / MARK MAKELA

Dans un tweet publié après qu’il eut perdu l’avance en Pennsylvanie, le président Trump a remis en doute l’intégrité du système électoral de cet État, sans offrir de preuves d’irrégularités.

Il avait fait de même jeudi, ce qui a d’ailleurs fait réagir le sénateur Pat Toomey, pourtant républicain, qui a jugé les propos du président très troublants.

Il n’y a tout simplement personne qui m’a montré une preuve de corruption ou de fraude à grande échelle, en Pennsylvanie, a-t-il déclaré à CBS.

Le discours du président hier soir était très troublant pour moi, parce qu’il fait des allégations très très sérieuses sans aucune preuve pour les appuyer.Pat Toomey, sénateur républicain de la Pennsylvanie

En 2016, M. Trump avait créé la surprise en remportant l’État par un peu plus de 44 000 voix devant Hillary Clinton. Il était devenu le premier républicain à réussir cet exploit depuis George Bush père, en 1988.

Cette victoire, combinée à celles remportées au Wisconsin et au Michigan, lui avait donné les clefs de la Maison-Blanche. Ces deux États ont aussi élu M. Biden cette année, selon les projections des médias américains.Des dizaines de personnes manifestent avec des pancartes sur lesquelles on peut lire « Arrêtez la tricherie », « Biden s'est fait battre » ou « Les morts ne peuvent pas voter ».

Des partisans de Donald Trump manifestent vendredi devant le Centre TCF de Détroit où Michigan, où des votes sont toujours comptés.Photo : Getty Images / AFP/JEFF KOWALSKY

Joe Biden prévoit s’adresser aux Américains ce soir depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware.

Le candidat démocrate, n’a pas officiellement revendiqué la victoire, mais la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a jugé vendredi évident qu’il allait gagner la Maison Blanche, le qualifiant même de président élu.

Biden prend les devants en Georgie

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le candidat démocrate a aussi damé le pion à Donald Trump en Georgie, où il mène désormais la course par 1585 voix après le dépouillement de plus de 98 % des bulletins.

Il s’agit là aussi d’un renversement majeur de situation. Jeudi matin, Biden accusait un retard de 30 000 voix sur son rival républicain, qui avait remporté l’État par cinq points de pourcentage en 2016.

La tendance se dessinait depuis plusieurs heures déjà, puisque les votes qui restent à comptabiliser proviennent essentiellement de zones urbaines très favorables aux démocrates, comme celles d’Atlanta.

Si cette tendance se confirmait, M. Biden raflerait les 16 grands électeurs de la Georgie et deviendrait le premier démocrate à remporter l’État depuis Bill Clinton en 1992.

Le secrétaire d’État de la Georgie, Brad Raffensperger, a d’ores et déjà fait savoir qu’un recomptage aura lieu dans l’État.

Cette élection n’est pas terminée, a commenté l’avocat principal de la campagne de M. Trump, Matt Morgan, évoquant des irrégularités en Pennsylvanie, en Georgie et au Nevada.

Il n’a pas appuyé ses dires de preuves, à l’instar de M. Trump jeudi soir. Quand l’élection sera terminée, le président Trump sera réélu, affirme M. Morgan.

À l’heure actuelle, M. Trump n’a que très peu d’options pour y parvenir, il devrait non seulement remporter la Pennsylvanie et la Caroline du Nord, mais aussi renverser des résultats favorables à M. Biden en Georgie ainsi qu’en Arizona ou au Nevada.

Outre la Georgie et la Pennsylvanie, quatre autres États clés n’ont pas encore été attribués par les principaux médias américains, soit la Caroline du Nord (15), l’Arizona (11), le Nevada (6) et l’Alaska (3).

Voici le portrait de la situation.


En Caroline du Nord, Donald Trump mène avec 50 % contre 48,6 % pour Joe Biden. Il s’agit d’une avance d’environ 77 000 voix, alors que 95 % des bulletins ont été dépouillés. Toutefois, les bulletins transmis par la poste le jour de l’élection pourront être comptabilisés jusqu’au jeudi 12 novembre.

En Arizona, Joe Biden mène par environ 43 500, selon les derniers résultats publiés vers 11 h (HNE), mais l’écart avec son adversaire républicain se rétrécit peu à peu. L’ex-vice-président de Barack Obama obtient 50 % des votes comptabilisés, contre 48,6 % pour son rival, avec 92 % des bulletins dépouillés. Il en reste plusieurs dizaines de milliers à comptabiliser.

Au Nevada, le candidat démocrate récolte 49,8 % des votes, contre 48,1 % pour Donald Trump, avec 92 % du dépouillement effectué. Son avance sur M. Trump est de plus de 22 500 voix, mais plus de 100 000 bulletins n’ont pas encore été comptabilisés, sans compter ceux qui ont été transmis par la poste avant la fermeture des bureaux de vote et qui devront être examinés avant le mardi 10 novembre.

Enfin, on s’attend à ce que M. Trump remporte haut la main l’État d’Alaska, où il obtient près de 63 % des suffrages. Toutefois, seuls 56 % des bulletins ont été dépouillés, ce qui explique que les projections n’aient pas été officialisées. Dans cet État, le vote par correspondance ne sera pas comptabilisé avant la semaine prochaine.


Le vainqueur doit récolter 270 des 538 grands électeurs, qui doivent normalement se réunir le 14 décembre pour officialiser les résultats, sous réserve des poursuites judiciaires que l’équipe de campagne de Donald Trump a entreprises.

Pour le moment, Joe Biden est crédité de 264 grands électeurs, selon les projections d’Associated Press et de Fox News, qui lui attribuent la victoire en Arizona, contre 214 pour Donald Trump.

Les grands réseaux américains (CNN, CBS, ABC, NBC), le New York Times et le Washington Post ne se sont cependant pas prononcés sur le résultat du scrutin en Arizona, et attribuent donc 253 grands électeurs au candidat démocrate.

Un appel à la patience

Une travailleuse d'élection étudie un bulletin de vote postal.

Une employée du bureau électoral du comté de Fulton, à Atlanta, dépouille un bulletin de vote le 5 novembre 2020.Photo : Reuters / BRANDON BELL

Prenant brièvement la parole jeudi aux côtés de sa colistière Kamala Harris dans son fief du Delaware, Joe Biden a réitéré qu’il était convaincu de gagner une fois le dépouillement terminé dans tous les États. Pour ce faire, cependant, il faudra que chaque vote soit compté, a-t-il répété, un peu comme il l’avait fait la veille.

Nous n’avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé, la sénatrice Kamala Harris et moi serons déclarés vainqueurs.Joe Biden, candidat démocrate à la présidence des États-Unis

En attendant, le candidat démocrate a demandé aux Américains d’être patients et de garder [leur] calme.

La démocratie est parfois compliquée; il faut parfois un peu de patience aussi, a-t-il dit. Mais cette patience a été récompensée depuis plus de 240 ans par un système de gouvernance qui fait l’envie du monde entier.

De son côté, le candidat républicain Donald Trump a continué d’affirmer jeudi que les démocrates tentent de voler l’élection présidentielle.

Nous ne pouvons permettre à personne de museler nos électeurs et de fabriquer les résultats, a-t-il déclaré en début de soirée, jeudi, lors d’une allocution à la Maison-Blanche. C’était la première fois que le candidat républicain prenait la parole depuis le jour de l’élection.

Deux arrestations à Philadelphie

La police de Philadelphie a arrêté deux hommes après avoir appris qu’une attaque armée se préparait jeudi contre un centre de dépouillement des bulletins de vote de la présidentielle, a rapporté le Philadelphia Inquirer.

Les enquêteurs sont passés à l’action jeudi soir, après avoir reçu une information sur le déplacement suspect d’un véhicule de marque Hummer, occupé par plusieurs personnes armées de fusils d’assaut AR-15.

Ce véhicule, immatriculé dans l’État de Virginie, s’est rendu jusqu’à Philadelphie, la plus grande ville de l’État clé de la Pennsylvanie, précisément jusqu’au centre des congrès où sont comptés les bulletins de vote de la présidentielle.

Les policiers sont intervenus peu après 22 h et ont interpellé deux hommes à proximité du Hummer, a précisé le Philadelphia Inquirer. Le véhicule était porteur d’autocollants affichant des messages associés à QAnon, un mouvement complotiste d’extrême droite.

Sécurité renforcée autour de Biden

Le service de protection du président américain et des hautes personnalités du gouvernement va renforcer les effectifs d’agents autour de Joe Biden, rapporte vendredi le Washington Post.

Le Secret Service va rajouter des effectifs à Wilmington, au Delaware, après que l’équipe de campagne Biden s’y est installée dans un centre de conventions de la ville. Le candidat pourrait y prononcer un discours important ce jour.

Cette agence fédérale a protégé Joe Biden lorsqu’il était vice-président, puis à nouveau depuis mars dernier selon CNN, quand il s’est imposé dans les primaires présidentielles de son parti.

Une telle protection est habituelle pour les candidats à la Maison-Blanche. Elle n’est pas aussi imposante que pour le président lui-même, mais elle devient comparable pour le candidat qui remporte l’élection devient le président élu jusqu’à la cérémonie d’assermentation, le 20 janvier.

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