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Le géant pharmaceutique américain Pfizer et la biotech allemande BioNTech viennent d’annoncer des résultats préliminaires positifs dans leur essai clinique de phase III. D’autres candidats vaccins, comme celui d’AstraZeneca, de Moderna, de deux laboratoires chinois et un russe, sont également dans cette dernière partie de la phase de recherche.
Par Enrique Moreira
Quel laboratoire sera le premier à mettre sur le marché un vaccin efficace contre le covid-19 ? La question vaut de l’or, et pas seulement pour le laboratoire qui l’emportera. En juillet dernier, Moderna semblait avoir viré en tête après avoir franchi en premier la bouée de l’essai clinique de phase III. La biotech américaine a été la première à attaquer cette ultime ligne droite de la recherche d’un vaccin, consistant à tester le produit sur l’homme à grande échelle.
Mais Pfizer et BioNTech semblent aujourd’hui avoir réussi à doubler avant l’arrivée le laboratoire du français Stéphane Bancel. Le géant pharmaceutique américain et la biotech allemande, qui développent ensemble un vaccin à base d’ARN messager, ont annoncé des résultats préliminaires encourageants concernant leur essai clinique de phase III. Selon leurs premières données, analysées après que 94 participants sur les 43.500 de la cohorte ont été contaminés par le covid-19, leur candidat vaccin serait « efficace à 90 % ». Sur cette base, les deux laboratoires entendent demander d’ici deux semaines probablement une autorisation temporaire d’utilisation à la FDA, l’agence sanitaire américaine.https://embed.acast.com/la-story/covid-19-unvaccin-bientot-
Les standards chinois et russes
Même s’il obtient cette approbation, le traitement de Pfizer et BioNTech ne sera pas le premier vaccin à être autorisé dans le monde. La Chine a en effet déjà approuvé pour un usage limité pas moins de quatre traitements, quand bien même les essais cliniques n’étaient pas terminés et les données n’avaient pas encore été analysées : les deux vaccins du laboratoire Sinopharm, développés avec les universités de Pékin et de Wuhan sur leurs souches de coronavirus respectives ; celui de Sinovac, qui avait passé avec succès les phases I et II des essais cliniques avant d’être autorisé à être injecté à des milliers de personnes considérées comme à risque, dont des employés du laboratoire ; et enfin celui de CanSino Biological, développé également avec l’université de Pékin.
Même chose pour « Sputnik 5 », développé par l’Institut de recherche russe Gamaleya. Le 11 août dernier, le président Vladimir Poutine a annoncé que le vaccin avait été approuvé avant même de commencer les essais de phase III. Cette décision avait suscité l’inquiétude de scientifiques. Ils soulignaient que l’innocuité et l’efficacité du vaccin n’avaient même pas encore été prouvées.
AstraZeneca trébuche mais repart
En Europe, c’est l’anglo-suédois AstraZeneca qui a longtemps été considéré comme très prometteur. Son candidat vaccin, développé avec l’université d’Oxford, a toutefois connu un temps d’arrêt, lorsque l’essai clinique de phase III a dû être interrompu début septembre après l’apparition chez un participant d’une inflammation de la moelle épinière. L’étude avait finalement pu reprendre 15 jours plus tard, les autorités sanitaires britanniques ayant confirmé que le vaccin ne présentait pas de danger. AstraZeneca estime toujours que son traitement sera prêt d’ici à la fin de l’année ou en début d’année prochaine.
Enfin, Janssen Pharmaceuticals, la filiale belge de Johnson & Johnson, ainsi que la biotech américaine Novavax ont tout juste commencé en septembre leurs essais cliniques de phase III et n’ont pour l’heure présenté aucun résultat préliminaire. Le géant pharmaceutique français et spécialiste mondial des vaccins, Sanofi, est quant à lui rentré tardivement dans la course. Il a, en effet, annoncé le lancement de son premier essai clinique de phase I-II pour son candidat vaccin développé avec GSK, le 3 septembre dernier seulement.
La course au vaccin, en une seule infographie

Phase pré-clinique : Avant d’être testés sur des êtres humains, les vaccins sont injectés à des animaux, généralement des singes ou des souris, pour vérifier qu’ils suscitent bien une réponse immunitaire. Dans le monde, une centaine de vaccins environ sont actuellement en phase pré-clinique.
Phase 1 : Les vaccins sont d’abord testés sur un petit nombre de personnes, pour vérifier leur innocuité, leur dosage et qu’ils provoquent bien une réaction immunitaire chez les patients.
Phase 2 : Les scientifiques testent ensuite le vaccin sur plusieurs centaines de personnes, dont des enfants et des personnes âgés, pour vérifier s’ils réagissent différemment ou non. Cette phase permet, une nouvelle fois, de contrôler l’innocuité et l’efficacité des vaccins.
Phase 3 : Les scientifiques injectent le vaccin à des milliers de personnes et contrôlent combien d’entre eux contractent ensuite le virus. Cette phase comporte aussi un groupe de personnes qui reçoivent un placebo, ce qui permet de comparer les deux groupes. Elle permet en outre de détecter des effets secondaires rares, qui n’ont pas été observés en phase 1 et 2 à cause du nombre limité de patients.
Approuvé : Une fois les essais cliniques terminés, les régulateurs de chaque pays examinent les résultats et décident si les vaccins sont suffisamment efficaces et sûrs pour vacciner la population. En Chine, en Russie et au Brésil, les autorités ont décidé d’approuver l’utilisation de certains vaccins avant que les tests soient terminés, ce qui représente une stratégie très risquée selon les scientifiques. Des effets secondaires non détectés pourrait rendre la population méfiante à l’égard des vaccins, ce qui aurait des conséquences catastrophiques, à long terme, pour la santé publique.
Vaccin à virus vivant atténué : C’est la base de la vaccination. On prend un agent infectieux (un virus ou une bactérie) qu’on affaiblit avant de l’injecter dans le corps. L’agent infectieux ainsi atténué crée une infection « a minima » mais induit tout de même une réponse immunitaire et le corps sait désormais reconnaître le virus ou la bactérie en question. On parle alors de mémoire immunitaire.
Vaccin à virus inactivé : Dans ce type de vaccins, le virus est tué avant d’être réinjecté dans le corps humain. Le système immunitaire apprend alors à le reconnaître et à se défendre contre. Comme le virus a été tué, il peut arriver que la réponse immunitaire ne survienne pas. Pour éviter cela, on ajoute souvent des adjuvants qui stimulent la réaction du système immunitaire.
Vaccin à sous-unités protéïques : Dans cette technique vaccinale, seulement une ou plusieurs parties d’un virus sont injectées dans le corps humain. Il s’agit souvent d’une ou plusieurs protéines dont on sait qu’elles vont déclencher une réponse du système immunitaire.
Vaccin à vecteur viral : Il s’agit de prendre une partie du virus que l’on veut combattre et le fixer sur un virus vivant bénin. Ce dernier offre l’avantage de se répliquer et de se propager, stimulant ainsi une réponse du système immunitaire. Le virus bénin vivant permet d’avoir moins recours aux adjuvants qu’avec un virus inactivé.
Vaccin à ADN ou ARN : Il s’agit de faire exprimer une sous-unité protéique mais en la fixant cette fois sur une partie du code génétique du virus : un ARN. Un vecteur non viral qui permettra d’amener au système immunitaire l’information que l’on souhaite sur le virus. Au corps ensuite d’apprendre à le reconnaître et de produire une réponse immunitaire.
Vaccin à particules pseudo-virales : Cette technologie de vaccin, très récente, repose sur ces particules pseudo-virales, des structures multiprotéiques qui ressemblent aux virus dans leur organisation et leur structure mais ne sont pas infectieuses, et incapables de se reproduire, car elles ne contiennent pas de matériel génétique viral. Elles vont induire une réponse du système immunitaire. Ne pouvant se répliquer, elles nécessitent l’ajout d’un adjuvant.