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Donald Trump, Elections américaines, la transition, Les républicains
A part les dissidents habituels, peu d’élus républicains osent prendre publiquement la parole pour lui suggérer d’accepter sa défaite

«Ne concédez rien, Monsieur le président, battez-vous.» Cette phrase n’a pas été prononcée par le vice-président Mike Pence, qui part cinq jours en vacances sur l’île de Sanibel en Floride alors que la Maison-Blanche est en pleine ébullition, mais par Lindsey Graham. C’était samedi soir, sur Fox News. Le sénateur républicain confirme ainsi sa loyauté à toute épreuve envers Donald Trump. Comme le très conservateur Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, il refuse de reconnaître la victoire du démocrate Joe Biden et soutient Donald Trump dans sa posture de déni. La justice doit trancher, estime-t-il. Une allusion aux recours en cascade lancés par l’équipe d’avocats du président pour faire croire à des «fraudes massives» et contester les résultats.
Quand Bush félicite Biden
Les dirigeants du parti sont pour l’instant alignés derrière Donald Trump, qui a récolté plus de 90% des voix républicaines. Lundi, Mitch McConnell a encore répété que le président était «à 100% en droit d’examiner les allégations d’irrégularités et de peser ses options légales pour contester les résultats de la présidentielle». Prudent, il n’a toutefois pas osé lui-même parler de fraudes. Les autres élus restent relativement discrets, silencieux. C’est ce qui fâche Donald Trump, de plus en plus isolé. Sont-ils paralysés par la peur? Cherchent-ils à éviter de provoquer les foudres d’un président en roue libre, alors même que beaucoup sont conscients que les actions en justice ne mèneront probablement à rien? Peut-être.
Parmi les voix dissidentes figure celle de l’ancien président républicain George W. Bush, qui s’est beaucoup positionné comme anti-Trump ces derniers mois. Il a appelé Joe Biden et l’a félicité en évoquant une «élection honnête», avec un verdict «clair». Les «Never Trumpers», dont font partie les républicains conservateurs du Lincoln Project, ont logiquement aussi donné de la voix. Mitt Romney, sénateur de l’Utah et candidat malheureux à la présidentielle de 2012, et la sénatrice de l’Alaska Lisa Murkowski, également. Cette dernière a félicité le président élu, appelant de ses vœux une transition pacifique du pouvoir, «qui est fondamentale pour notre démocratie et qui, en fin de compte, honore le peuple américain». Abonnez-vous à cette newsletter J’accepte de recevoir les offres promotionnelles et rabais spéciaux.
Vers une transition chaotique?
La voix critique la plus intéressante reste celle de Chris Christie. Parce que c’est un proche de Donald Trump, un de ses alliés. Sur ABC, l’ancien gouverneur du New Jersey s’est désolidarisé des accusations lancées par Trump, craignant qu’elles ne contribuent à enflammer la situation, alors qu’aucune preuve de fraude électorale n’a été apportée. Sinon, ceux qui osent féliciter ouvertement Joe Biden, et donc admettre par ricochet que Trump a perdu et critiquer son attitude, sont souvent des élus qui prennent la retraite ou ne se représentent plus.
Ces dernières semaines, en pleine campagne chaotique et alors que la majorité des sondages donnaient Donald Trump perdant, Mitch McConnell avait osé brusquer un peu le président, à propos de la transition pacifique que le président refusait de garantir. «Le vainqueur de l’élection du 3 novembre sera assermenté le 20 janvier», a déclaré le sénateur. Et surtout: «Il y aura une transition ordonnée comme il y en a une tous les quatre ans depuis 1792.» Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, Donald Trump ne donne pas le moindre signe de vouloir collaborer avec l’équipe de Joe Biden. Quant à Mike Pence, il a lâché un petit tweet lundi, avant de partir en vacances. Pour dire que la bataille «n’est pas terminée», que chaque bulletin «légal» doit être compté. C’était sa première réaction publique depuis samedi, jour où Joe Biden a pu célébrer sa victoire. Et le dernier geste qu’il devait faire avant de s’envoler pour la Floride.