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Donald Trump, Iran, Israël, le Hezbollah Libanais, Mark Esper, Opération militaire
Par Scarlett HADDAD
Les rumeurs étaient dans l’air, mais les propos mercredi soir du secrétaire général du Hezbollah ont confirmé les appréhensions générales. La possibilité pour le président américain dont le mandat s’achève de lancer une opération militaire dans la région pour rebattre les cartes semble donc se préciser.
Ces rumeurs ont commencé à se répandre après la décision soudaine du président Donald Trump de limoger le ministre de la Défense, Mark Esper, alors qu’en principe, il devrait être en train de préparer son départ de la Maison-Blanche pour céder la place à son successeur.
Selon des informations parues dans les médias américains et européens, il serait fort probable que la décision de Donald Trump soit dictée par le refus de son ministre de la Défense d’exécuter les instructions présidentielles.
Certes, nul n’ignore que les relations entre l’actuel président américain et son ancien ministre de la Défense n’étaient pas au beau fixe, surtout depuis un an, ce dernier ayant appuyé une décision de boucler les États-Unis dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, alors que le président y était opposé par souci des intérêts économiques du pays. De plus, le ministre de la Défense a refusé d’exécuter les ordres de Trump d’utiliser les forces armées pour mettre un terme aux manifestations qui ont secoué le pays.
Mais toujours selon les informations parues dans certains médias, ces deux prises de position n’étaient pas suffisantes pour pousser le chef de la Maison-Blanche à limoger le ministre de la Défense, surtout en ce moment particulier, les précédentes frictions entre eux remontant à plus de deux mois, c’est-à-dire avant les élections américaines qui ont porté Joe Biden à la Maison-Blanche.
Il y aurait donc une raison particulière qui a poussé Donald Trump à prendre une telle décision à ce moment précis. Selon des rapports diplomatiques européens parvenus aux autorités libanaises, le président américain aurait demandé au Pentagone d’exécuter une opération militaire contre l’Iran. Ce qui aurait provoqué un grand débat au sein du ministère américain de la Défense, qui a abouti à une position de refus que le ministre a transmise à son président. En même temps, avertis au sujet de l’intention de Trump de les attaquer, les Iraniens ont envoyé une réponse musclée que des parties allemandes et russes se sont chargées de transmettre aux Américains. La réponse iranienne se résumait ainsi : si les Américains mènent une attaque contre l’Iran, la riposte iranienne sera très violente contre Israël.
Toujours selon les rapports diplomatiques précités, Donald Trump et ses conseillers auraient alors décidé de modifier leur plan. Au lieu d’une attaque militaire ciblée contre des installations nucléaires ou militaires iraniennes, les Américains songeraient à mener des cyberattaques contre des installations vitales ainsi que des assassinats ciblés en Iran, en Irak, au Yémen et au Liban.
Mais, toujours selon les mêmes rapports, ce plan de rechange a été aussi rejeté par le ministre américain de la Défense, qui a estimé que de telles attaques mettraient en danger les soldats américains déployés dans la région.
Sur la base de ces informations, il semblerait donc que la décision de limogeage serait ainsi liée à la volonté de Donald Trump de mener une opération militaire, quelle que soit sa nature, dans la région, pour laisser un héritage plus lourd à son successeur.
Mercredi soir, dans son discours, Hassan Nasrallah a confirmé cette hypothèse, ajoutant que Donald Trump pourrait agir par simple esprit de vengeance. Il a aussi consacré une partie de son discours à exposer la force du Hezbollah et son aptitude à riposter à toute attaque. Il a même précisé que c’est le cas de l’ensemble de « l’axe de la résistance », qui se tiendrait ainsi prêt à toute éventualité. De plus, il a insisté sur le fait que « la résistance a réussi à pousser l’ennemi israélien à renoncer à ses positions d’attaquant pour se consacrer à sa défense ». Ce qui est, selon lui, un indice important sur les rapports de force actuels dans la région.
Toujours dans ce contexte, l’ancien conseiller américain à la Sécurité nationale Herbert McMaster a déclaré hier à la chaîne Fox News qu’il est possible que les Israéliens lancent une attaque militaire contre des installations nucléaires iraniennes avant le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche.
Cette déclaration a été aussitôt suivie par une information diffusée par la télévision iranienne sur le fait que l’Iran a livré récemment au Hezbollah des missiles Fateh 110, ainsi que d’autres dits de croisière contre les navires de guerre.
Ces déclarations menaçantes des différentes parties sont-elles réellement le prélude à une opération militaire d’envergure, qui serait comme un baroud d’honneur avant le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche ?
Certaines sources diplomatiques occidentales n’en sont pas convaincues et précisent que le président américain sortant semble décidé à ne pas quitter le pouvoir aussi facilement. Toutes ces déclarations auraient donc pour objectif, selon ces mêmes sources, de cacher son intention d’empêcher son successeur élu Joe Biden de s’installer à la Maison-Blanche. Le limogeage du ministre de la Défense à ce moment précis serait donc dicté par son souci d’avoir une protection suffisante au cas où son refus de quitter la Maison-Blanche entraînerait des troubles aux États-Unis. Il y aurait donc une dimension essentiellement interne à la décision de limoger le ministre Mark Esper. Mais, dans un contexte aussi flou, toutes les hypothèses restent possibles.