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La police a fait usage de gaz lacrymogènes, dans l’après-midi. Les manifestants défilent aussi avec les syndicats et contre la précarité.

AFP

 Une semaine après d’importantes manifestations partout en France contre la loi sécurité globale, et son décrié article 24, les opposants remettent le couvert, avec un mot d’ordre plus large. À Paris, ils sont ainsi plusieurs milliers à s’être réunis ce samedi 5 décembre pour défiler contre la précarité et pour les libertés. Derrière une banderole proclamant « Liberté, Égalité, Fraternité, pour qui ! », les manifestants se sont ébranlés vers 14 h 15 de la porte des Lilas en direction de la place de la République.

Paris, manifestation, incident ©  ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Un manifestant lance une pierre, à proximité d’une barricade en feu, à Paris, samedi 5 décembre. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

La situation s’est tendue vers 15 h 45 et de sérieux incidents ont éclaté. Des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes. Des voitures ont été incendiées sur le parcours. Au moins six voitures et un camion stationnés le long de l’avenue Gambetta, dans le 20e arrondissement, ont été incendiés et plusieurs vitrines de banques et agences immobilières ont été endommagées par des casseurs, vêtus de noir et très mobiles. Des feux sporadiques ont été allumés le long du parcours de la manifestation et des barricades sommaires ont été érigées. Vingt-deux personnes ont été interpellées, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Au milieu de ballons syndicaux, notamment de la CGT, FSU et FO, le défilé se déroulait au milieu des fumigènes et du bruit des pétards, au son notamment de « Tout le monde déteste la police ». La présence policière était conséquente, par crainte de débordements. Initialement prévue comme un rassemblement syndical (CGT, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl, MNL) contre la précarité, la journée de samedi voit s’agréger la contestation contre les violences policières et la loi sécurité globale, emmenée par la « coordination #StopLoiSécuritéGlobale », collectif de syndicats et d’associations, dont plusieurs organisations de journalistes.

« C’est anormal qu’on ne puisse pas filmer »

« En deux ans, j’en ai vu des violences, c’est anormal qu’on ne puisse pas filmer », a déclaré à l’Agence France-Presse Nadine, Gilet jaune de 53 ans, qui gagne 1 300 euros par mois dans les services à la personne. Mais selon elle, « la violence date d’avant les Gilets jaunes, dans les banlieues, les jeunes y ont droit depuis longtemps ».

Sous une pancarte demandant le « retrait de la loi sécurité globale », le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a estimé que les causes convergeaient : « Il n’y a pas d’opposition entre les libertés publiques et individuelles et le fait de se battre contre la précarité et le chômage, surtout dans la période », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse, en citant les « abus des employeurs » et « les plans sociaux qui tombent ». « Mon avenir est en danger », s’est inquiété Maxime, 15 ans, dont deux en tant que Gilet jaune. « Je défile contre la violence policière », a-t-il ajouté. 

D’autres rassemblements en France

Près de 90 rassemblements étaient annoncés par les organisateurs en France, notamment à Toulouse (200 personnes contre la précarité puis un millier, selon la préfecture contre la loi sécurité globale), Marseille (2 600 personnes), Lille (1 500, selon la préfecture, 5 000 selon la CGT) et à Rennes, où ils étaient environ un millier selon la CGT, dont Francis, enseignant, venu « pour la liberté et pour que les policiers respectent la loi ».

À Strasbourg, les manifestants étaient environ un millier, dont Benoit, cheminot alsacien de 38 ans, dont la pancarte proclamait : « Policiers floutés, justice aveugle ». À Lyon, où quelque 5 000 personnes ont manifesté, on pouvait entendre « On veut des gardiens de la paix formés, pas des cowboys frustrés ».