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J’ai appris la disparition de Coralie avec une infinie tristesse. C’était une femme brillante, d’une grande finesse, mais aussi extrêmement sympathique et elle va beaucoup nous manquer. Je la connaissais par son père, j’admirais déjà son itinéraire très particulier puisqu’elle a fait Saint-Cyr avant de se consacrer à son travail d’intellectuelle. J’ai été plus d’une fois frappé par sa vivacité d’esprit: elle avait compris ce qu’était la stratégie aujourd’hui, elle savait combien les relations entre États s’inscrivent désormais dans des rapports de force économiques et technologiques. De tout cela, elle avait une appréciation d’une immense subtilité. C’est pour cette raison que nous n’arriverons jamais à la remplacer.
Ses livres ont permis d’offrir en particulier une analyse fouillée du rapport franco-allemand, du regard que se portent réciproquement les Français sur les Allemands et les Allemands sur les Français. Coralie Delaume a souligné avec une grande pertinence les impasses dans lesquelles nous nous sommes engagés, en posant correctement l’équation et les défis qui se posent à la puissance française.
Je l’ai encore croisée à l’occasion d’un récent colloque que nous avons organisé cette année avec la Fondation Res Publica. Toute la jeune génération souverainiste se reconnaissait en elle, et se passionnait pour ses livres, pour les articles qu’elle publiait. Son analyse contrastait remarquablement avec les gros sabots de la bien-pensance contemporaine. Pour nous tous, c’est une perte immense.
Coralie Delaume incarnait la lucidité et le courage de chercher la vérité. Et de la dire. Un travail constant, une connaissance approfondie des faits, des réalités, avaient conduit à la publication de livres remarquables tels Europe, les États désunis, ou encore Le couple franco-allemand n’existe pas.
Issue d’une famille cultivant l’amour de la philosophie et le goût du savoir, elle était guidée par l’exigence du vrai. Ses interventions, lors de colloques de la Fondation Res Publica, étaient marquées par une clarté de vues rare. Aller à contre-courant de la doxa, spécialement quand il s’agissait des dérives européistes, ne l’effrayait pas. Cette rigueur, alliée à un travail soutenu, était au service d’une vision républicaine de notre avenir. Elle incarnait l’esprit d’une relève républicaine… Cet espoir a été foudroyé en sa personne mais non son esprit qui, lui, survivra, à la mesure de l’engagement collectif qui nous réunissait et que nous nous devons de continuer à porter, malheureusement sans elle.
Je veux assurer sa famille et au premier rang Jean-Claude, son père et mon ami, de ma sympathie dans l’épreuve injuste qui les frappe. Interrompue en pleine force de l’âge, en plein élan intellectuel, sa vie nous laisse un exemple, son œuvre une source d’intelligence précieuse.
Source: https://www.chevenement.fr/