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Citizen Lab de l’Université de Toronto, expert dans l’étude des logiciels espions, affirme que les iPhone de 36 journalistes de la chaîne qatarie Al-Jaziraont été épiés par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
Ces deux pays auraient utilisé le logiciel espion Pegasus de l’entreprise israélienne NSO Group pour parvenir à leurs fins.
L’opération de piratage aurait eu lieu en juillet et en août 2019, selon une enquête détaillée de Citizen Lab, publiée sur le site web de l’Université de Toronto.
Les 36 téléphones ciblés appartenaient à des journalistes, producteurs ou dirigeants d’Al-Jazira. Cette manoeuvre a notamment visé le journaliste d’investigation de la chaîne, Tamer Almisshal.
Animateur d’une émission très populaire, il a été à l’origine de nombreuses révélations au cours des dernières années, comme l’implication du gouvernement des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de Bahreïn dans une tentative de coup d’État en 1996 contre la famille royale du Qatar.
Tamer Almisshal a également révélé le recrutement par le gouvernement de Bahreïn d’un ancien agent d’Al-Qaïda pour un programme d’assassinat, le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi ainsi que des fraudes présumées d’une entreprise des Émirats arabes unis.
Le journaliste a consenti l’installation d’un réseau privé virtuel (RPV) pour les chercheurs de Citizen Lab afin de permettre de surveiller les métadonnées associées à son activité Internet.
Marché en plein essor
Selon Citizen Lab, des pays du Conseil de coopération du Golfe sont devenus un marché prospère des logiciels espions.
Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Bahreïn seraient devenus des clients importants de la société israélienne NSO depuis plusieurs années, selon le rapport.
Le journal Haaretz, cité par le rapport, affirmait que le gouvernement israélien a interdit à l’entreprise NSO d’avoir des liens commerciaux avec le Qatar.
Les relations entre le Qatar et l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte sont devenues exécrables depuis l’avènement du printemps arabe
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Ces pays reprochent au Qatar d’abriter des dissidents et de soutenir les frères musulmans, devenus ennemis des monarchies du Golfe.
Les relations diplomatiques et économiques sont suspendues et les frontières sont fermées depuis 2017.
Pour reprendre éventuellement les relations avec le Qatar, les monarchies réclament notamment la fermeture d’une base militaire turque au Qatar, la réduction des relations avec l’Iran et la fermeture d’Al-Jazira.