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Des électeurs républicains, encore sonnés par l’insurrection du Capitole de mercredi dernier, estiment que cet épisode honteux de la démocratie américaine n’est que le début de tensions dans un pays en pleine crise.

Au milieu d'un champ, une botte de foin aux couleurs du drapeau américain, sur laquelle est inscrit: Trump 2020.
Les événements du 6 janvier ont révélé un profond malaise chez les républicains en raison de la place importante des fidèles du président au sein du parti.Photo : Radio-Canada / Jean-François Benoit

Frédéric Arnould

Sur la propriété familiale de David Egan, située à Luray dans la Virginie rurale, flotte le drapeau des confédérés, un symbole aujourd’hui reconnu comme celui du nationalisme blanc.

Ce n’est pas un symbole de haine, c’est une question d’héritage, me confie cet homme qui a voté pour Donald Trump en 2016 et en 2020 et dont les ancêtres ont combattu lors de la guerre de Sécession. Il dénonce cependant ce qu’il a vu le 6 janvier, lorsque des hordes de partisans pro-Trump extrémistes ont pris d’assaut le Capitole.

Ils pensent que ce qu’ils ont fait, c’est la volonté du pays, or ce n’est pas le cas. Mais du même souffle, il ajoute qu’il avait prédit bien avant l’élection, que ce genre d’événements n’était que le début d’une autre guerre civile aux États-Unis.David Egan

Pour des républicains comme David Egan, il n’y a pas que les groupes extrémistes de droite qui causent ce chaos. Il donne d’ailleurs les exemples de Seattle, Minneapolis ou Kenosha au Wisconsin où ceux qu’il appelle les Antifa s’attaquent aux autorités et ne subissent aucune répercussion de la part des pouvoirs en place.

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Burt Blouser, qui a voté Trump, se dit secoué par l’insurrection au Capitole.Photo : Radio-Canada / Jean-François Benoit

Il y a eu de la fraude

Même si aucune preuve n’a démontré ces allégations devant les tribunaux, il fait ainsi partie des nombreux partisans du président sortant qui ont pris fait et cause pour lui. Sans pour autant vouloir exprimer sa volonté par la violence. Il reste que sa confiance dans le processus électoral est aujourd’hui totalement remise en cause.

Alors que Donald Trump s’enferme dans un mutisme, la solidarité au sein de son parti commence à se fissurer depuis le saccage de mercredi. Certains élus républicains comme Pat Toomey, le sénateur de la Pennsylvanie, demandent la démission du président pour le bien de la nation, afin de pouvoir tourner au plus vite cette page honteuse de l’histoire de la démocratie américaine.

Mais ils sont encore très minoritaires au sein du parti. En fait, la majorité d’entre eux gardent le silence sur le comportement du président face à la violence de ses partisans et peinent encore à critiquer Donald Trump, qui garde une influence considérable au sein du GOP.

Un parti radicalisé

Alors que Donald Trump va probablement faire face à une deuxième procédure de destitution dès cette semaine, ce qui serait du jamais vu dans l’histoire américaine, le parti républicain est plus que jamais divisé, coincé entre les modérés qui essaient de prendre leurs distances avec le président sortant et ceux qui n’osent pas contrarier les partisans plus extrêmes, les fameux Trumpistes.

Il y a au sein du parti républicain une frange de l’extrême droite qui date largement d’avant Donald Trump, mais en Donald Trump, ils se sont trouvé un chef, quelqu’un qui n’a aucun scrupule, aucune vergogne à propos de son comportement politique.Célia Belin, chercheure invitée au Brookings Institution de Washington

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Célia Belin, chercheure invitée au Brookings Institution de Washington Photo : Radio-Canada / Jean-François Benoit

Maintenant, on est face à la structuration d’une extrême droite américaine et la question qui va se poser, c’est celle de l’avenir du Parti républicain. Est-ce que le Parti républicain fait face à une scission et est-ce qu’il devra se débarrasser de cette frange. Car jusqu’à maintenant, le GOP a fait le choix de s’accommoder de cette frange d’extrême droite et de l’intégrer jusqu’à en devenir paralysé, ajoute-t-elle.

Tensions inévitables

Il est clair que les événements du 6 janvier ont révélé un profond malaise chez les républicains à cause de la place importante des fidèles du président au sein du parti. Cette frange vocale et militante n’hésite pas en tout cas à harceler des élus républicains comme Lindsay Graham qui pourtant ont soutenu Trump de façon indéfectible, mais pas suffisamment à leur goût. Ce genre d’intimidation risque de perdurer, selon certains, puisque la direction que prendra le parti post-Trump est en jeu.

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David Eagan Photo : Radio-Canada / Jean-François Benoit

Sur le bord de la rivière où fraye la truite, Burt Blouser renchérit, car il n’est pas très optimiste pour la suite des événements dans son pays.

Je ne pense qu’à une seule chose dès que Joe Biden deviendra président dans 10 jours, c’est prier… prier.

Burt Blouser

Il est évident qu’en tant que républicain convaincu, ce dernier ne porte pas le président Biden dans son cœur. Surtout dans une Amérique aussi divisée après quatre années de présidence Trump.

Radio Canada