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François est attendu à Mossoul, pour une visite hautement symbolique mais aussi l’étape la plus dangereuse de son voyage entamé vendredi.

AFP

Le pape à la rencontre des chrétiens du nord de l'Irak ravagé par l'EI

Le départ des chrétiens du Moyen-Orient est « un dommage incalculable », a estimé dimanche le pape François au milieu des décombres de la guerre contre les jihadistes à Mossoul, dans le nord de l’Irak.

L’occupation d’un tiers du pays par le groupe Etat islamique (EI) de 2014 à 2017 a été le dernier épisode d’une série de conflits en Irak qui ont poussé la majorité des chrétiens à l’exil. Ils ne sont plus que 400.000 dans le pays, contre 1,5 million en 2003, avant l’invasion américaine.

Le pape François est arrivé dimanche à Mossoul, grande ville du nord de l’Irak, où le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a semé la mort et la terreur de 2014 à 2017, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Cinq hélicoptères irakiens ont escorté le premier souverain de l’histoire à se rendre en Irak. Il est ensuite arrivé dans une voiture blindée dans les décombres d’une église millénaire au coeur de Mossoul où il mènera une prière pour « les victimes de la guerre ».

Le pape à son arrivée à l’aéroport d’Erbil, le 7 mars 2021. AFP / Safin HAMED Pour son dernier jour en Irak, le pape François va dimanche sous haute protection à la rencontre des chrétiens dans le Nord où l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) a semé la terreur et la mort durant trois ans.

Le souverain pontife de 84 ans est arrivé à l’aéroport d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, où il a été accueilli par des dignitaires et des enfants en habit traditionnel kurde. Il ira ensuite à Mossoul, une visite hautement symbolique mais aussi l’étape la plus dangereuse de son voyage entamé vendredi. Là même où en 2014 les jihadistes avaient décrété leur « califat », le pape va prononcer une « prière pour les victimes de la guerre », ces milliers de Yazidis, de chrétiens et de musulmans assassinés par les jihadistes ou tombés au combat pour les déloger d’Irak. Grande angle Comment l’Irak s’est vidé de ses chrétiens

« Nous espérons tous que cette visite sera de bon augure pour le peuple irakien. Nous espérons qu’elle mènera à des jours meilleurs », s’enthousiasme déjà auprès de l’AFP Adnane Youssef, chrétien du nord de l’Irak. « Cette visite très importante va nous remonter le moral après des années de difficultés, de problèmes et de guerres », renchérit le père George Jahoula, alors que la communauté chrétienne d’Irak s’étiole chaque année au gré des départs en exil.

– En alerte –

Dans ce pays de 40 millions d’habitants, quasiment tous musulmans, les chrétiens ne sont plus que 400.000 aujourd’hui, alors qu’ils étaient 1,5 million avant l’invasion américaine en 2003. A Mossoul, dont la vieille ville n’est toujours qu’un immense tas de gravats, le pape rencontrera l’ensemble des communautés chrétiennes après avoir porté leur cause auprès des autorités à Bagdad. Reportage « Si le pape veut rencontrer les chrétiens d’Irak, qu’il vienne dans les pays de l’exode ! »

C’est la journée au cours de laquelle gardes du corps et forces de l’ordre seront le plus en alerte. Car si la visite du pape est historique, le dispositif sécuritaire déployé pour l’accueillir l’est tout autant. Les rares kilomètres que le pape a parcourus par la route l’ont été à bord de voitures blindées. Pour la majorité des 1.445 km de son parcours entamé vendredi après-midi, le souverain pontife est dans un avion ou un hélicoptère pour survoler plutôt que traverser des zones où se terrent encore des cellules jihadistes clandestines. Et tout cela, au beau milieu d’un confinement total décrété jusqu’à la fin de sa visite lundi matin, face à des contaminations au Covid-19 qui atteignent des records en Irak.

– Messe dans un stade –

Après Mossoul, le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde ira dans la localité emblématique de Qaraqosh, plus à l’est, où l’église al-Tahira, entièrement brûlée par l’EI, a été remise en état, nettoyée et redécorée pour sa venue. Jusqu’au dernier moment, entre répétitions pour les chorales, nettoyage des dalles de marbre des églises et décorations installées dans les rues, les habitants de Qaraqosh n’ont ménagé aucun effort. C’est là, dans la plaine de Ninive, que vivaient la plupart des chrétiens du pays. Ils ont fui leurs villages en 2014, trouvant refuge au Kurdistan irakien. Seules quelques dizaines de milliers d’entre eux sont revenus depuis.

Moment phare de la journée de dimanche, la messe que doit célébrer le pape dans l’après-midi dans un stade d’Erbil devant des milliers de fidèles.

Le pape qui aime tant les bains de foule et en a été privé depuis son arrivée en Irak pourra retrouver des fidèles et probablement les saluer depuis la papamobile qui jusqu’ici n’a pas été utilisée.