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Éric Verhaeghe

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, est intervenu benoîtement sur France Info cette semaine pour évoquer les perspectives économiques du pays. Personne n’y a vu que du feu : officiellement, tout va très bien. Mais en grattant un peu les apparences, on comprend à quel enfer la France se destine désormais : en 2021, nous n’aurions que 5% de croissance, et la dette serait financée par un retour de l’inflation sans diminution des dépenses publiques. Bref, bureaucratie, impôts, paupérisation, sont les fruits amers du monde d’après.

Avec son style des beaux quartiers, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, n’a pas fait le buzz sur France Info ce mardi. Ses propos sur les prévisions économiques de l’année étaient pourtant tout à fait anxiogènes et tonitruants. Mais dits avec le sourire et un flegme très britannique, ils passent beaucoup mieux et personne ne se rencontre de rien. 

En 2021, la France n’aura pas retrouvé son niveau de 2019

Premier point : la croissance. Après une récession de 8,3% en 2020, la France devrait connaître une croissance de 5%, selon lui, en 2021. Fin 2021, donc, nous serons encore très au-dessous de l’activité d’avant-crise. 

Comme plus personne dans les médias mainstream ne suit les dossiers, l’annonce d’une croissance à 5% n’a choqué personne et n’a appelé aucun commentaire particulier. Mais rappelons que, en janvier encore, Bercy annonçait une croissance de 6%, après avoir évoqué, en septembre 2020, une croissance de 8% pour 2021

Gloups ! C’est quand même, sur le fond, très mauvais…

Pas de remise en cause de la bureaucratie

Autre mauvaise nouvelle, Villeroy de Galhau a expliqué qu’il ne fallait pas baisser les dépenses publiques ni diminuer le nombre de fonctionnaires, dans un grand élan schizophrénique et pusillanime dont l’élite française a le secret. 

Non, je ne crois pas qu’il faille tailler globalement dans les dépenses: il faut viser une moindre croissance de celles-ci. Si on ramenait pour citer un exemple, cette croissance annuelle de 1 % hors inflation, à 0,5, c’est-à-dire qu’on la divisait par 2, on commencerait à se désendetter, les près de 120 % de dette publique que nous aurons en 2022 au sortir de la crise Covid, deviendraient 110 % dix ans plus tard. Et cela changerait tout. Cela recrée de la confiance, et cela recrée aussi de la solidarité entre générations : parce que la dette revient à transférer le sac à dos à ceux qui nous suivent et à la jeunesse. Le sac-à-dos aujourd’hui pèse trop lourd.

Nous entrons donc dans un ère de « moindre croissance » des dépenses publiques, mais certainement pas de diminution des strates bureaucratiques qui épuisent l’énergie de ce pays. 

Le pari de l’inflation

Incidemment, le calcul que Villeroy de Galhau fait, comme nous le lisons clairement dans ses propos, est de relancer l’inflation pour diminuer le poids des dépenses publiques. Cette technique bien connue, qui consiste quand même à prélever un impôt discret sur l’épargne par une diminution cachée de la valeur de la monnaie, a donné les résultats que l’on sait par le passé : perte de compétitivité, chômage de masse, érosion du pouvoir d’achat. 

Bref, le monde d’après sera dans la tiédeur, dans la demi-mesure, dans la constance du déclin, comme si rien n’avait changé.