Que faut-il retenir de l’allocution du président de la République d’hier soir ? Pour Stéphane Simon, Emmanuel Macron s’entête dans sa politique dit de « freinage » qui ne fait pas ses preuves et agit en idéologue en refusant de considérer une alternative sanitaire.

Stéphane SIMON Co-fondateur de Front Populaire
« Sécurité, équilibre et responsabilité », c’est le nouveau paradigme sanitaire du président de la République martelé hier soir. En apparence, on pourrait y voir le kit du prêt-à-penser du parfait manager ou du père de famille moderne. Du réconfort, du solide, du concret… En vérité, cette accumulation de « en même temps » dans le discours cache un exécutif aux abois mu par l’idéologie et une absence totale de pragmatisme. Nous allons y venir.
Convenons pour commencer que les revirements et les ajustements de nos dirigeants finissent par donner le tournis aux Français. Chaque semaine, la feuille de route change au point que tous se sentent perdus. Revenons ensuite sur une annonce importante : le président nous a dit hier que le variant anglais a changé la physionomie de la pandémie et que désormais « 44% des personnes admises en réanimation ont moins de 60 ans ». Quand le président dresse un tel constat, chacun d’entre nous est en droit de demander que l’on ajuste toute affaire cessante la politique vaccinale. Pourquoi désormais réserver la vaccination aux plus de 75 ans et devoir attendre le 15 mai comme annoncé hier pour les moins de 60 ans, alors qu’un patient sur deux en danger de mort n’a pas passé la soixantaine ? C’est un premier manque sévère de bon sens.
La logique élémentaire voudrait que l’on vaccine désormais de façon massive et prioritaire les zones sous tensions et que cette vaccination soit désormais accessible à un public plus large dans l’éventail des âges. Au lieu de cela, Emmanuel Macron ne fait aucune inflexion et continue d’interdire les vaccinations aux moins de 75 ans…
Pire, hier soir, en élargissant ces mesures de confinement à tout le pays, sans distinction, le voilà qui réenfourche le terrible cheval jacobin. Le président se moque de la diversité des situations sur le territoire. La Bretagne, où le taux d’incidence est de 184, est désormais traitée à égalité avec la Seine-Saint-Denis où le taux d’incidence est de 1300… Les commerçants y sont réduits tous à la même peine : le rideau de fer… Aberration que ce nivellement sans nuance décidé à Paris !
Autre décision, le président se garde provisoirement de fermer les écoles, mais par subtilité langagière. Il précipite les vacances. Peu importe, les capacités économiques des plus modestes, les voilà contraints en 72H de trouver comment garder les enfants à la maison la semaine prochaine. On savait que le président n’avait pas un goût très développé pour la famille, la voici tenue dans le plus parfait mépris. Qui se soucie de ceux qui à présent doivent annuler les vacances de Pâques qui ont souvent été le fruit de sacrifices ? Et comment trouver normale cette précipitation à boucler sa valise pour partir ce week-end dans ce qui ressemble à un exode ?
Revenons à présent à ce président fermé à toute logique et bon sens et qui nous offre chaque jour un peu plus la preuve qu’il agit par idéologie. Ce président qui il y a un an refusait de fermer les frontières par idéologie européiste et qui disait pour se justifier à l’époque « le virus ne connait pas les frontières ». Ce même président qui interdit aujourd’hui que vous quittiez un périmètre 10 kilomètres. Quelle logique ? La même que celle qui commande aux déclarations d’Emmanuel Macron le 1er octobre dernier lorsqu’il dit devant les représentants de la BPI : « n’écoutez pas ceux qui vous parlent d’un vaccin pour mars ou avril, ils vous trompent, il va falloir apprendre à vivre avec le virus » Il y a six mois, le président est évidemment mal informé (ce qui est grave), mais plus sûrement il fait de la politique et veut simplement répondre au populiste Trump qui vient de déclarer que le vaccin sera prêt en mars… Ce président fait de l’idéologie encore lorsqu’il accepte que la Commission européenne s’occupe de gérer le carnet de commandes des vaccins.
Un président pragmatique d’un État souverain n’aurait jamais voulu laisser quiconque signer à sa place la commande pour protéger son peuple, car c’est son devoir constitutionnel. Idéologie encore quand Emmanuel Macron ne veut rien entendre hier soir et n’évoque même pas la possibilité de commander des vaccins russes ou chinois. Spoutnik V ? Sinopharm ? « Circulez, il n’y a rien à voir » L’Allemagne d’Angela Merkel, l’Italie, à la suite de la Hongrie, tous membres de l’UE, ont beau s’affranchir de Bruxelles quand il s’agit de vacciner efficacement, le soldat Macron lui ne dérogera pas à la feuille de route de madame Ursula Von der Leyen.
Pire, la semaine dernière, Jean Yves Le Drian le ministre des Affaires étrangères nous gênait en déclarant que le « vaccin Spoutnik est un outil de propagande » alors que Le Lancet journal a établi que c’était un vaccin efficace et que les épidemiologistes lui reconnaissent une fiabilité équivalente. Par idéologie encore, vous n’y aurez pas droit. Il vous faudra attendre encore avant un vaccin, oui, mais labellisé par Bruxelles.
Dans cette course pour éviter une nouvelle vague forte de mortalité, on aurait aussi aimé entendre le président reconnaitre ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour l’hôpital abîmé par des décennies d’économies réclamées par Bruxelles. Le grand plan-Hôpital n’a pas eu lieu. Cette course folle contre la montre n’aurait pas vu le jour si le président avait considéré que chaque centime investi dans l’hôpital resterait au service des Français. Cet argent aurait été plus utilement investi que ces dizaines de milliards qui arrosent désormais les commerces fermés, les chômeurs partiels ou définitifs, les entreprises non essentielles, les théâtres, les cinémas, etc., et qui servent d’anxiolytique à une si profonde déprime française.