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La plus haute autorité judiciaire du pays confirme de facto que l’ancien président est redevenu éligible à un troisième mandat et qu’il pourra affronter Jair Bolsonaro au scrutin de l’an prochain.

La Cour suprême du Brésil a confirmé jeudi l’annulation des condamnations pour corruption de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Par une large majorité de 8 contre 3, les juges réunis en séance plénière ont confirmé la décision du juge Edson Fachin, qui avait estimé début mars que le tribunal de Curitiba (Sud) ayant condamné Lula dans deux procès n’était «pas compétent». 

«C’était un très gros mensonge. Mais mes avocats ont prouvé que c’était une imposture. Le juge a menti, les avocats ont menti, la police fédérale a menti, pour m’éloigner de la campagne électorale. Maintenant je suis prêt pour le combat», a réagi l’ex-président (2003-2010) dans un entretien à la chaîne de télévision argentine C5N.

«Avec cette décision de la Cour suprême, Lula est candidat», a réagi immédiatement le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, laissant entendre que la population devrait s’inquiéter pour l’«avenir du Brésil» si l’icône de la gauche revenait au pouvoir. Abonnez-vous à cette newsletter J’accepte de recevoir les offres promotionnelles et rabais spéciaux.

Ils ont donc également confirmé de facto que l’ex-président (2003-2010) était redevenu éligible à un troisième mandat et qu’il pourrait affronter Jair Bolsonaro au scrutin de l’an prochain. Lula, âgé de 75 ans, n’a pas encore confirmé officiellement qu’il serait candidat, même s’il a déclaré à plusieurs reprises qu’il se tenait prêt à revenir dans l’arène politique le moment venu.

Mais le choc des titans contre Jair Bolsonaro a déjà commencé, l’ex-président de gauche tirant à boulets rouges sur le président d’extrême droite, qu’il qualifie de «génocidaire» en raison de sa gestion chaotique de l’épidémie de coronavirus, qui a fait plus de 365 000 morts au Brésil.

La décision de la Cour suprême n’innocente toutefois pas l’ancien syndicaliste sur le fond. Lors d’une prochaine séance, les juges devront décider s’ils ordonnent le transfert du dossier à un tribunal de Brasilia ou Sao Paulo.

Les onze juges devraient aussi ultérieurement décider si le juge Sergio Moro, qui avait condamné Lula à la prison en 2017, était «partial» et avait agi au détriment de la figure iconique de la gauche. La deuxième chambre de la Cour suprême avait déjà penché dans ce sens le 23 mars.

Lula a notamment été accusé d’avoir perçu des pots-de-vin pour favoriser des entreprises du bâtiment dans l’octroi de marchés publics, liés à la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras, dans le cadre de l’enquête «Lavage express». Mais il a toujours clamé son innocence et crié au complot politique pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2018, finalement remportée par Jair Bolsonaro. Après avoir été condamné en deuxième instance, en 2018, il avait été emprisonné 18 mois et obligé de renoncer à la présidentielle dont il était le grand favori, selon les sondages.

L’ancien tourneur-fraiseur, auquel Jair Bolsonaro avait souhaité de «pourrir en prison», avait été finalement libéré en novembre 2019. La Cour suprême avait jugé que l’exécution d’une peine n’était possible qu’une fois que les personnes condamnées avaient épuisé tous les recours.

La même année, Lula avait été condamné à 17 ans de prison en deuxième instance dans une autre affaire: il avait été accusé d’avoir bénéficié de travaux sur le site d’une propriété rurale à Atibaia, dans l’Etat de Sao Paulo, en échange de contrats à une entreprise du BTP.