Étiquettes
Le Hamas a fait état de 26 morts, dont 9 enfants, dans des raids israéliens. Côté israélien, 2 femmes ont été tuées à Ashkelon, selon les secours.
AFP
Barrage de roquettes de Gaza vers Israël, frappes meurtrières de l’État hébreu ciblant le Hamas, et heurts musclés entre policiers israéliens et manifestants palestiniens à Jérusalem-Est : Israël et les Palestiniens étaient engagés mardi dans l’une des plus importantes escalades de violences de ces dernières années, tuant au moins 26 Palestiniens et deux Israéliennes.
Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave palestinienne, a fait état de 26 morts, dont neuf enfants, dans des raids israéliens, en plus de 125 blessés. Le Jihad islamique, second groupe armé de la bande de Gaza, a indiqué que deux de ses commandants figuraient parmi ces décès.
Deux morts et une trentaine de blessés à Ashkelon et Ashdod
Côté israélien, une pluie de roquettes s’abattait sur les villes d’Ashdod et d’Ashkelon situées au nord de la bande de Gaza, le Hamas affirmant avoir lancé dans l’après-midi 137 roquettes en moins de cinq minutes, un barrage donnant des maux de tête au bouclier antimissile israélien « Dôme de Fer ».
Les services de secours ont fait état de deux Israéliennes tuées à Ashkelon dans les frappes qui ont fait aussi une trentaine de blessés, principalement dans cette ville.
De nombreuses roquettes sont tombées sur ces villes israéliennes, ont constaté des équipes de l’Agence France-Presse sur place, l’un des projectiles s’abattant sur une école, qui avait toutefois été fermée par les autorités en raison de l’escalade militaire.
Un « enfer »
« Nous sommes dans la phase initiale de notre riposte contre des cibles militaires à Gaza », a prévenu mardi matin le porte-parole de l’armée Jonathan Conricus, rapportant la mort de 15 membres du Hamas et du Jihad islamique. L’armée israélienne a frappé 130 cibles militaires, appartenant pour la plupart au Hamas, a précisé Jonathan Conricus.
Mardi matin, des sirènes d’alarme continuent de retentir dans les localités israéliennes jouxtant Gaza. Les secouristes israéliens ont fait état d’une trentaine de personnes blessées, pour la plupart à Ashkelon, tout près de l’enclave.
La branche armée du Hamas a promis de faire d’Ashkelon un « enfer » si les frappes israéliennes faisaient des victimes civiles à Gaza.
« Israël réagira avec force »
Ces violences ont coïncidé avec la « Journée de Jérusalem », qui marque selon le calendrier hébraïque la prise de la partie orientale, peuplée de Palestiniens, de la Ville sainte par l’armée israélienne en 1967. Et elles interviennent après des semaines de tensions à Jérusalem. « Les organisations terroristes à Gaza ont franchi une ligne rouge (…) en tirant des roquettes jusque dans la région de Jérusalem », a déclaré en soirée le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Israël réagira avec force (…), celui qui attaque en paiera le prix fort. Je vous le dis, citoyens d’Israël, le conflit actuel pourrait durer un certain temps », a ajouté le Premier ministre, qui tenait tard en soirée des consultations avec les chefs de l’armée et des services secrets intérieurs, le Shin Beth.
Après de violents heurts le matin à Jérusalem, le Hamas avait adressé un ultimatum à Israël en réclamant que ses forces se retirent d’ici 18 heures de l’esplanade des Mosquées, haut lieu de tensions entre Palestiniens et Israéliens dans le cœur de la vieille ville. Et à 18 heures, un barrage de roquettes a fusé de cette enclave paupérisée de deux millions d’habitants, vers Israël. Si la majorité des roquettes ont été interceptées par le bouclier antimissile « Dôme de Fer » certaines se sont abattues sur le territoire israélien, et un missile antichar a fait un blessé léger dans une localité israélienne limitrophe de la bande de Gaza.
« Si vous escaladez, nous escaladerons »
« Nous tenons le Hamas pour responsable de ces attaques », a déclaré Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne, qui a suspendu un important exercice militaire en raison de ces affrontements. « Nous avons commencé à frapper des positions du Hamas (…) et je dis bien commencé », a ajouté ce responsable, confirmant que l’armée israélienne avait ciblé un haut commandant du Hamas dans le nord de la bande de Gaza. Plus tard dans la soirée, l’armée a ajouté avoir ciblé d’autres membres du mouvement islamiste et a multiplié les frappes sur l’enclave.
« Les Brigades Al-Qassam (branche armée du Hamas) lancent maintenant des roquettes contre l’ennemi à Jérusalem occupée en réponse à ses crimes et à son agression contre la Ville sainte », ont-elles indiqué dans un bref message. « Ceci est un message que l’ennemi doit bien comprendre : si vous répondez, nous répondrons. Si vous escaladez, nous escaladerons. »
L’UE appelle à la désescalade
Lundi soir, des sources diplomatiques ont affirmé à l’Agence France-Presse que l’ONU, avec l’aide du Qatar et de l’Égypte, avait amorcé une médiation auprès des parties « concernées » afin d’obtenir une désescalade. « Il est impératif que toutes les parties prennent des mesures » en ce sens, a pour sa part plaidé le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, tandis que la France disait craindre une « escalade de grande ampleur ».
De son côté, l’UE a multiplié les appels aux deux parties. « La flambée de violence significative en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’à Gaza et dans ses environs, doit cesser immédiatement », a-t-elle déclaré. « Tous les dirigeants ont la responsabilité d’agir contre les extrémistes. Le statu quo des lieux saints doit être pleinement respecté », poursuit-elle. « Nous réitérons notre appel à toutes les parties à s’engager dans des efforts de désescalade. Il faut en priorité éviter de nouvelles victimes civiles », dit encore l’UE.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni lundi en urgence sur les violences à Jérusalem, mais sans s’entendre sur une déclaration commune, les États-Unis jugeant qu’un « message public n’était pas opportun à ce stade », selon des diplomates. À l’issue de nouvelles consultations dans l’après-midi sur la possibilité de publier un texte commun appelant à une désescalade, plusieurs diplomates ont indiqué qu’il ne devrait pas y en avoir lundi.