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L’entrée en vigueur du pass sanitaire le 21 juillet n’a pas empêché une forte hausse de 87 % des cas de Covid ayant déclaré avoir fréquenté un bar ou une boîte de nuit. Ils sont de loin les lieux les plus cités par les malades, devant les réunions privées et les hébergements touristiques.

Plusieurs clusters d'ampleur ont été identifiés après des soirées en boîte de nuit.
Plusieurs clusters d’ampleur ont été identifiés après des soirées en boîte de nuit. (Tesson/ANDBZ/ABACA)

Par Paul Turban

Ils sont par essence la bête noire de tout épidémiologiste : rassemblement en intérieur, pas de port du masque, impossibilité de tenir une distanciation physique suffisante… Les bars et les boîtes de nuit sont de plus en plus cités comme des lieux de contaminations, alors qu’une quatrième vague de coronavirus déferle sur la France.

Depuis le 21 juillet, l’accès à ces lieux est soumis à la possession du pass sanitaire , c’est-à-dire d’un certificat de vaccination ou d’un test négatif récent. Pourtant, cela ne semble pas avoir empêché une flambée du nombre de cas de Covid-19 liés à la fréquentation de ces lieux.

Comme le rapporte Santé publique France dans son dernier rapport sur les activités de traçage des cas en semaine 29 (du 19 au 25 juillet), 2.990 malades du Covid joints par l’Assurance maladie ont mentionné la fréquentation d’une boîte de nuit ou d’un bar, soit une hausse de 87 % par rapport à la semaine précédente. A titre de comparaison, le nombre de cas a augmenté de 115 %.

Loin devant les autres lieux mentionnés

Les exemples de clusters découverts en boîtes de nuit ne manquent pas ces derniers jours. A Charmes (Vosges), 44 cas ont été repérés après trois soirées à la mi-juillet, et près de 1.000 cas contacts éventuels identifiés. A Mathay (Doubs), ce sont 85 malades qui ont été trouvés, après trois soirées aux mêmes dates. Même chose à Lille (Nord), où 78 personnes ayant fréquenté une boîte de nuit ont été identifiées, après la découverte de 6 malades.

Covid-19 : les bars et boîtes de nuit, lieux les plus cités par les malades

Nombre de malades ayant déclaré avoir fréquenté…

« LES ECHOS »/SOURCE : SANTE PUBLIQUE FRANCE

Selon le rapport, bars et boîtes de nuit n’enregistrent pas la plus forte progression, puisque le nombre de malades ayant fréquenté des hébergements touristiques ou des structures d’accueil de jeunes enfants a plus que doublé, alors que ces lieux sont évidemment plus fréquentés en raison des congés d’été. Mais le traçage des cas n’a permis d’identifier dans ces lieux respectivement 914 et 1.064 cas, soit près de 3 fois moins que dans les boîtes de nuit.

L’efficacité du traçage en péril

Comme le montre l’ensemble des indicateurs, c’est désormais chez les plus jeunes que le virus circule rapidement. Ces dernières semaines, l’âge moyen des malades joints par l’Assurance maladie était de 31 ans, note Santé publique France. Au 26 juillet, le taux d’incidence est de plus de 600 chez les 20-29 ans et d’environ 300 chez les 10-19 ans et les 30-39 ans, contre moins de 50 chez les plus de 70 ans. Cela s’explique notamment par la moindre couverture vaccinale des plus jeunes.

Cela pourrait rendre l’épidémie totalement incontrôlable. « La proportion de cas précédemment connus comme contacts (13,7 % en S29) a été divisée par plus de 2 depuis S22 », note SpF. « Cela suggère qu’une proportion croissante des personnes contacts à risque ne sont pas préalablement identifiées par le cas index, ce qui est cohérent avec la baisse du nombre de contacts par cas », qui est passé à 2 en moyenne en semaine 29, contre 2,4 deux semaines plus tôt.

Or, selon SpF, cela est « cohérent avec la fréquentation régulière par les cas de lieux pouvant brasser de nombreuses personnes, et dans lesquels le respect des gestes barrières n’est pas toujours possible », notamment les boîtes de nuit. Si l’agence publique ne prend pas position, plusieurs épidémiologistes ont déjà clairement appelé à éviter de fréquenter bars et boîtes de nuit, notamment pour les non-vaccinés.

Les littoraux et l’Île-de-France davantage touchés par le coronavirus

Nombre de cas de Covid-19 sur 7 jours pour 100.000 habitants

Le seuil de 50 correspond au seuil d’alerte, celui de 200 à la limite fixée par Emmanuel Macron à partir duquel les préfets sont invités à prendre des mesures de freinage.

« LES ÉCHOS » / SOURCE : SANTÉ PUBLIQUE FRANCE • Données au 30 juillet 2021

Paul Turban

Les Echos