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Régis de CASTELNAU, Avocat

Hubert Germain, le dernier des 1038 compagnons de la Libération, nous quittait la semaine dernière à l’âge de 101 ans. Un héros disparaît, une page se tourne. Mais la mémoire, elle, demeure.

Hubert Germain est mort
Hubert Germain est mort.

La France de la société du spectacle regardait ailleurs. Occupées par les obsèques nationales accordées à Bernard Tapie, par les polémiques autour de la candidature d’Éric Zemmour, et par les exploits footballistiques de ce qui leur sert de président de la République, les élites n’allaient quand même pas s’intéresser à la disparition d’un homme d’honneur. Dont l’Histoire et la volonté du général de Gaulle avaient décidé que le départ devait prendre des formes particulières.

Hubert Germain est né le 6 août 1920, il n’a donc pas encore 20 ans lorsque malgré la capitulation de Philippe Pétain il s’embarque le 24 juin 1940 et rejoint l’Angleterre. Il s’engage dans les Forces Françaises Libres. Au sein desquelles il combattra jusqu’à la victoire.

Fait Compagnon de la Libération en novembre 1944, il était donc le dernier survivant de ses 1038 compagnons. Par conséquent, comme l’a voulu Charles de Gaulle, fondateur de l’Ordre, la règle veut qu’il soit inhumé dans la crypte du Mont-Valérien. La présence du président de la République à la cérémonie sera une souffrance, mais après tout ce n’est pas grave. On sait la trace que lui, Macron laissera dans l’Histoire.

Comme le soldat inconnu reposant à l’Arc de Triomphe symbolise tous les poilus de 14-18, Hubert Germain représentera alors tous ces soldats de la France libre, de la France combattante, et ces résistants de l’intérieur, qui décidèrent de suspendre l’arrêt de mort prononcé à l’encontre de la France par Hitler et Pétain. Tous ceux qui dans un affrontement consenti avec la mort ont agi pour et en lieu. « Des prudents, des timides, des anxieux de l’immense masse de ce peuple jeté malgré lui hors de sa voie et qui sourdement attendait » (Pierre Emmanuel. Qui est cet homme ?).

Avec cette disparition du dernier Compagnon, on pourrait croire qu’une page ne se tourne définitivement. Or Philippe de Gaulle est toujours vivant. Engagé à 18 ans, le 20 juin 1940 dans les Forces navales françaises libres, il participera à toute la guerre, la terminant par la prise du « nid d’aigle » de Hitler en Bavière.

On ne disait pas encore « conflit d’intérêts » mais naturellement son père avait refusé de lui remettre la croix de l’Ordre de la Libération considérant que plus qu’un autre, son fils était tenu par son devoir. Le temps a finalement répondu à cette inévitable injustice symbolique, Philippe de Gaulle, qui aura 100 ans le 28 décembre prochain, sera l’ultime « Compagnon de combat du Libérateur ».

À propos de l’affaire Dreyfus, Péguy disait : « Plus cette affaire est finie, plus il est évident qu’elle ne finira jamais. Plus elle est finie, plus elle prouve. »

La Résistance, elle non plus, ne finira jamais.

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