Avec Macron, gagner « un pognon de dingue » en bourse ou toucher le RSA ? Le flop du revenu d’engagement pour les jeunes .
Philippe Mabille

Un vieil adage le dit, la bourse aime la gauche au pouvoir ! La preuve par le CAC 40, cet indice boursier créé sous François Mitterrand. Depuis sa première cotation officielle, le 15 juin 1988, l’indice phare des quarante plus belles valeurs françaises a connu ses hauts et ses bas. Plus souvent des hauts en effet quand la gauche a gouverné, ce qui n’est qu’à moitié contre-intuitif. Elle a aussi été au pouvoir dans des périodes de reprise économique (Rocard-Bérégovoy, Jospin-DSK, Hollande-Macron), tandis que la droite l’a souvent emporté lors des récessions (Balladur puis Chirac puis Sarkozy qui a connu la grande crise financière de 2008-2009).
La flambée du CAC 40 qui s’accélère en cette fin du quinquennat d’Emmanuel Macron donne-t-elle raison à l’adage boursier ? Un président du milieu, et de droite et de gauche, fait-il mieux encore que ses prédécesseurs ? En atteignant des records inédits, à plus de 7000 points en clôture ce vendredi, le CAC 40 fait en tout cas gagner aux heureux actionnaires « un pognon de dingue ».
Et la fête n’est sans doute pas finie, écrit Eric Benhamou, notre expert finance, qui relativise cependant les performances de la bourse de Paris : si on le calculait en y intégrant le réinvestissement des dividendes, le CAC 40 aurait doublé de valeur par rapport à son niveau de la bulle internet, pulvérisé cette semaine.
En vérité, tous les marchés européens flambent, rassurés par l’attentisme de la Banque centrale européenne, et ce malgré l’approche d’un changement de pied de l’autre côté de l’Atlantique où la Fed pourrait resserrer le crédit (un peu).
La hausse de la bourse est un indice de la reprise économique, qui profite à de nombreux secteurs. La finance notamment avec une « remontada » de la Société Générale, qui valide la stratégie offensive de son président, Frédéric Oudéa.
La finance sert bien ses actionnaires, relève d’ailleurs Eric Benhamou : Axa, BNP Paribas, Société générale et Scor ont successivement annoncé des programmes de rachat d’actions importants, en partie pour compléter le manque à gagner des actionnaires l’an dernier du fait des restrictions imposés par les régulateurs sur la redistribution des résultats en pleine crise sanitaire.
Attention toutefois à ne pas céder à l’euphorie : de premiers signes de fléchissement sont visibles sur le crédit immobilier pour freiner la frénésie d’achat des ménages.
Pour les jeunes, qui n’ont pas la chance d’être des boursicoteurs, le « pognon de dingue » attendra : Emmanuel Macron, qui vient de multiplier les cadeaux pré-électoraux, a fini par réduire ses ambitions. Le revenu d’engagement promis aux jeunes décrocheurs est passé de carrosse à citrouille et il ne sera qu’un contrat d’engagement revu à la baisse, explique Fanny Guinochet. En clair, pas question de tomber dans le piège de l’assistanat.
Le patron de la CFDT, Laurent Berger, qui vient de présenter son « pacte du pouvoir de vivre » pour peser dans le débat présidentiel est très critique : « le compte n’y est pas pour les jeunes », dit-il dans un entretien avec notre journaliste.
L’insee a publié cette semaine des chiffres inédits et surprenants sur le taux de pauvreté en France. Globalement, grâce au « quoi qu’il en coûte », il est resté stable à 14,6% en 2000. Mais ce chiffre est presque provocateur pour celles et ceux qui ont été pénalisés par la crise du Covid, notamment les étudiants et les travailleurs précaires, et masque une réalité, le boom des allocataires du RSA, relève Grégoire Normand dont le nombre d’allocataires a bondi de plus de 7% pour dépasser le seuil des deux millions de bénéficiaires à la fin de l’année 2020. « La pauvreté s’est sans doute intensifiée mais n’a pas explosé », a résumé le directeur général de l’Insee Jean-Luc Tavernier. Pour rappel, le RMI a été créé, comme le CAC 40, sous Mitterrand…