Étiquettes
Par : Magdalena Pistorius

Si la consommation de viande ou d’oeufs de volaille ne pose pas de risque pour l’Homme, la détection d’un cas d’influenza aviaire dans un élevage se traduit systématiquement par l’abattage de l’ensemble des animaux sur place. [David Tadevosian/Shutterstock]
Les foyers d’influenza aviaire se multiplient à nouveau en Europe. Après avoir recouvré le statut de « pays indemne d’influenza aviaire » en septembre, la France fait désormais face à un risque « élevé » sur son territoire.
« L’épidémie n’est pas terminée. » Cet appel fait penser à la crise de Covid-19 que le monde traverse depuis le début de l’année dernière. Toutefois, c’est à une autre crise que l’Autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) fait référence : l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène qui frappe l’Europe depuis l’automne 2020.
Transmissible à toutes les espèces d’oiseaux, l’influenza aviaire provoque des symptômes respiratoires, digestifs et nerveux ainsi qu’une mortalité élevée chez ces animaux. Si elle n’est pour l’instant pas transmissible à l’Homme, la détection du virus dans une exploitation ou basse-cour se traduit systématiquement par l’abattage de l’ensemble des volailles sur place.
« L’épidémie de 2020-2021 apparaît comme l’une des plus grandes épidémies d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) jamais survenues en Europe, avec un total de 3777 détections signalées et environ 22,9 millions d’oiseaux touchés dans 31 pays européens depuis octobre 2020 », rappelle une porte-parole de l’EFSA, interrogée par EURACTIV.
Après avoir sévi sur le continent pendant l’hiver dernier puis avoir reculé ces derniers mois, l’influenza aviaire est en train de regagner du terrain : fin octobre, plusieurs cas ont notamment été détecté dans des élevages de volaille aux Pays-Bas, faisant craindre un retour en force de la maladie virale.
Comme le rappelle le ministère français de l’Agriculture, 130 cas ou foyers d’influenza ont été détectés dans la faune sauvage et dans des élevages de volaille à travers l’Europe depuis début août. Les foyers se trouveraient principalement au bord de la mer du Nord et de la mer Baltique, mais aussi en Allemagne (trois foyers) et en Italie (six foyers détectés depuis le 19 octobre).
Deux facteurs viennent actuellement aggraver la situation, selon l’EFSA : d’une part, la persistance du virus chez les oiseaux sauvages en Europe, d’autre part, la migration d’automne des oiseaux notamment en provenance de territoires en-dehors de l’UE, qui, tous les deux, augmentent le risque de voir l’influenza aviaire se propager dans les élevages.
Face à cette nouvelle progression du virus en Europe, la France – qui enregistre trois basses-cours contaminées – vient de renforcer sa gouvernance de crise. Le 5 novembre, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie a notamment placé l’ensemble du territoire métropolitain en risque « élevé ».
Concrètement, l’accélération de l’épizootie en Europe se traduit par une série de mesures de prévention en France : mise à l’abri des volailles des élevages commerciaux, conditions de biosécurité renforcées pour le transport, vaccination obligatoire dans les zoos et interdiction de l’organisation de rassemblements, tout comme de compétitions de pigeons voyageurs.
En outre, une surveillance clinique quotidienne est imposée dans tous les élevages, qu’ils soient commerciaux ou non, précise le ministère.
De son côté, l’EFSA aussi appelle à une réaction immédiate. « Des mesures appropriées de biosécurité et de détection précoce doivent être appliquées pour réduire le risque d’influenza aviaire, en particulier dans les zones et les secteurs de production à haut risque », selon la porte-parole de l’autorité.
Celle-ci en appelle également à la coopération intersectorielle : dans le cadre d’une approche « One Health », les autorités chargées de la santé animale et de la santé publique, de la sécurité et de la santé au travail devraient se coordonner entre elles « pour mettre en place une réponse, un suivi et des mesures de contrôle rapides », souligne la porte-parole de l’EFSA.