Étiquettes
Les forces de sécurité polonaises ont tiré des gaz lacrymogènes sur des migrants qui lançaient des pierres le long de la frontière. Le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko assure vouloir éviter la confrontation.

LT/AFP
En Pologne, les forces de sécurité présentes dans le village de Kuznica (Est) ont tiré des gaz lacrymogènes sur des migrants lançant des pierres le long de la frontière avec la Biélorussie, a indiqué mardi le ministère polonais de la Défense.
«Kuznica: des migrants ont attaqué nos soldats et officiers avec des pierres et tentent de détruire la clôture et de passer en Pologne», a tweeté le ministère. «Nos forces ont utilisé du gaz lacrymogène pour réprimer l’agression des migrants». Un policier serait grièvement blessé selon les autorités polonaises.
«Défendre notre pays, notre peuple»
Le dirigeant de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko a assuré vouloir éviter que la crise migratoire à la frontière avec la Pologne, qu’il est accusé d’avoir orchestrée, ne dégénère en confrontation avec ses voisins européens.
«L’essentiel, aujourd’hui, est de défendre notre pays, notre peuple et d’éviter les heurts», a affirmé mardi l’imprévisible Alexandre Loukachenko, cité par l’agence de presse étatique Belta. «Il ne faut pas que ce problème devienne une confrontation ardente».
Ces déclarations interviennent au lendemain d’un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel, un succès pour le dirigeant biélorusse auquel les Occidentaux refusaient de parler depuis sa réélection décriée en août 2020.
La Russie réagit
Mardi, Moscou a dénoncé le recours «inacceptable» par la Pologne à des canons à eau et à du gaz lacrymogène pour repousser des migrants cherchant à franchir sa frontière depuis la Biélorussie. «Le comportement de la partie polonaise est absolument inacceptable», a estimé devant la presse le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Evoquant les «tirs de gaz lacrymogènes et de canons à eau au-dessus des têtes de migrants en direction d’un Etat, la Biélorussie», Sergueï Lavrov a estimé que les forces polonaises «violent toutes les normes juridiques».
A la frontière, des températures négatives
A la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, plus de 2000 migrants massés devant le poste-frontière de Brouzgui (à une dizaine de kilomètres de Kuznica) souvent originaires du Proche-Orient, ont passé une nouvelle nuit dehors par des températures négatives.
Agglutinés autour de feux de camp ou emmitouflés dans des couvertures, ils attendaient devant la clôture surmontée de barbelés que la Pologne a érigée pour empêcher les intrusions, entre résignation et espoir. Face à eux, les forces polonaises protégeaient la frontière en nombre.
«Nous sommes fatigués et à bout», a confié un ex-chauffeur routier kurde irakien, joint au téléphone par l’AFP. Il est bloqué depuis plusieurs jours à la frontière avec sa femme et trois enfants, dont un nourrisson.
Signe des dangers qui les guettent, un Syrien âgé de 19 ans, Ahmad al-Hassane, mort noyé le mois dernier dans la zone frontalière, a été enterré lundi dans un cimetière de la minuscule communauté musulmane de Pologne.
Après une prière dans la mosquée en bois du village de Bohoniki, une poignée de témoins ont assisté à l’enterrement du jeune migrant, le premier en Pologne depuis le début, cet été, de la crise migratoire.
Menace sur le transit du gaz russe
Alexandre Loukachenko est habitué à souffler le chaud et le froid. La semaine dernière, il avait menacé de couper le transit du gaz russe vers l’Europe en cas de nouvelles sanctions européennes.
«Ils nous menacent de nouvelles sanctions, de bâtir un mur de cinq mètres de haut», a lancé mardi Alexandre Loukachenko. «S’ils n’ont rien d’autre à faire, qu’ils le fassent», a-t-il ironisé. Il a une fois de plus nié que son pays ait favorisé la venue des migrants. La veille, il promettait de travailler à leur retour tout en soulignant la réticence des intéressés.
La Croix-Rouge livre trois tonnes d’aide
Lundi, la compagnie aérienne biélorusse Belavia a déclaré que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol de Dubaï vers la Biélorussie. La Turquie a imposé les mêmes restrictions la semaine passée. Bagdad a, par ailleurs, annoncé l’organisation jeudi d’un premier vol de rapatriement de migrants irakiens «sur la base du volontariat».
Sur le terrain, nombre de migrants, qui se sont souvent endettés pour payer le voyage, se disent déterminés à rester, malgré l’accès limité à des vivres et produits de première nécessité. La Croix-Rouge biélorusse a indiqué avoir livré trois tonnes d’aide mardi.