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AFP

Partis des côtes proches de Dunkerque, ils ont péri dans le naufrage de leur embarcation. Quatre passeurs ont été arrêtés, a indiqué Gérald Darmanin.

Une «tragédie». C’est le mot employé par le premier ministre en personne, Jean Castex, en apprenant ce qui venait de se dérouler en Manche, ce mercredi, au large de Dunkerque. 31 migrants qui tentaient la traversée en bateau vers la Grande-Bretagne sont morts noyés dans le naufrage de leur embarcation. Parmi eux, se trouvaient «cinq femmes et une petite fille», a indiqué Gérald Darmanin, depuis Calais. Le ministre de l’Intérieur a également indiqué que 34 personnes se trouvaient à bord, deux personnes ont pu être rescapées même si «leur vie est en danger car elles souffrent de grave hypothermie». Une personne serait toujours recherchée.

«La France ne laissera pas la Manche de devenir un cimetière», a pour sa part affirmé Emmanuel Macron demandant le «renforcement immédiat» de Frontex et une réunion européenne «d’urgence». Jean Castex tiendra d’ailleurs une réunion avec huit ministres jeudi matin. Son homologue britannique, Boris Johnson, a convoqué une réunion de crise à Londres mercredi et s’est dit «choqué, révolté et profondément attristé» par ce drame. «Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère», a ajouté Jean Castex dans un message publié sur Twitter.

De son côté, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu immédiatement sur place. Il a fait part sur Twitter de sa «forte émotion devant le drame des nombreux morts dû au chavirage d’un bateau». Et l’hôte de Beauvau d’ajouter : «On ne dira jamais assez le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées». Depuis Calais, le ministre a annoncé qu’il ferait de nouvelles propositions jeudi. «Quatre trafiquants ont été arrêtés dont deux sont en décision de défèrement devant le tribunal», a-t-il poursuivi, appelant à «une réponse internationale très dure»: «C’est un grand deuil national pour l’Europe, pour la France. (…) Ces criminels jouent avec la vie de femmes enceintes, de fillettes, parfois de bébés».

Ce sinistre est le plus important jamais survenu en Manche depuis le début de la crise migratoire. Les autorités, comme les associations œuvrant sur place aux côtés des migrants, s’attendaient à ce que la situation commence à ressembler à celle de la Méditerranée, où des centaines de morts sont à déplorer depuis le début des grandes migrations, à partir de 2015.

Enquête ouverte par le parquet

Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7800 migrants avaient été sauvés. Une tendance qui n’a pas baissé malgré les températures hivernales. Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l’année. Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l’année s’élevait à trois morts et quatre disparus. En 2020, six personnes avaient trouvé la mort et trois autres avaient été portées disparues. Quatre décès avaient été recensés en 2019.

Le drame de mercredi a été découvert par un pêcheur français. Vers 14h00, il a signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Un bâtiment de la Marine nationale a repêché plusieurs corps. Le bilan n’a cessé de s’alourdir au fil de la soirée, pour atteindre vingt puis 31 décès. Le parquet de Dunkerque a annoncé l’ouverture d’une enquête pour «aide à l’entrée au séjour irrégulier en bande organisée» et «homicide involontaire aggravé».

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, trois hélicoptères et trois bateaux participaient mercredi aux recherches. Les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois. La coopération entre Londres et Paris est délicate. «Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés», a déclaré Boris Johnson mercredi avant d’assurer vouloir «en faire plus» avec la France désormais. Ce drame est un électrochoc.