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Boris Johnson, David Frost, démission, désaccords politiques, Irlande du Nord, Union Européenne

Agence France-Presse
Boris Johnson connaît décidément une fin d’année éprouvante : le premier ministre britannique a perdu samedi soir son secrétaire d’État chargé du Brexit, invoquant des désaccords politiques.
Après la révélation de l’information par le journal Mail on Sunday, Downing Street l’a confirmée en publiant la lettre de démission de David Frost.
Ce départ intervient alors que les difficiles négociations avec l’Union européenne (UE) sur la mise en œuvre des dispositions post-Brexit en Irlande du Nord ne sont pas achevées.
Deux ans après son triomphe électoral sur la promesse de réaliser le Brexit, Boris Johnson a essuyé cette semaine une fronde de son camp à propos des mesures contre la COVID-19.
Jeudi, la situation s’est aggravée pour le premier ministre britannique : son parti politique a perdu une élection partielle dans le bastion conservateur de North Shropshire.
Un départ embarrassant
Déplorant que sa démission ait fuité dans la presse, David Frost a annoncé dans sa lettre qu’elle prenait effet immédiatement. Selon le Mail on Sunday, Boris Johnson avait d’abord réussi à le convaincre de rester jusqu’à janvier.
Pour expliquer son départ, David Frost a invoqué les nouvelles restrictions dans la lutte contre le coronavirus, la hausse des impôts et la politique pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.
Vous connaissez mes préoccupations au sujet de la direction actuelle des choses
, a écrit David Frost à Boris Johnson, soulignant que le Brexit étant réalisé, le défi pour le gouvernement est à présent de réaliser les opportunités qu’il nous donne
.
Boris Johnson s’est quant à lui dit désolé
de la démission de David Frost, lui exprimant sa gratitude pour le travail qu’il a accompli.
L’opposition réagit au départ de Frost
La cheffe adjointe de l’opposition travailliste, Angela Rayner, a réagi sur Twitter en estimant que le gouvernement est dans le chaos total précisément quand le pays traverse des semaines d’incertitude
.
Boris Johnson n’est pas à la hauteur de la tâche. Nous méritons mieux que cette bouffonnerie
, a-t-elle ajouté.
Dans les rangs de la majorité, le député Andrew Bridgen a estimé qu’il s’agissait pour Boris Johnson d’un moment décisif. Il doit changer ou partir
, a-t-il déclaré sur Times Radio.
Sur Twitter, cet ardent brexiter a souligné que le chef du gouvernement était à court de temps et d’amis pour tenir les promesses et la discipline d’un véritable gouvernement conservateur
.
Pour l’ancienne première ministre nord-irlandaise Arlene Foster, poussée au départ en avril, car jugée trop modérée, la démission est énorme pour ceux de nous qui croyaient qu’il tiendrait ses engagements pour l’Irlande du Nord
.
La question de l’Irlande du Nord
Partisan d’une ligne dure face à l’Union européenne UE, surtout concernant l’application du protocole controversé sur l’Irlande du Nord, David Frost a dirigé pour Londres les négociations sur l’accord du Brexit puis sa mise en œuvre.
Le protocole concernant l’Irlande du Nord instaure un nouveau régime douanier pour cette province britannique, qui la maintient de fait dans le marché unique de l’Union douanière européenne.
Le Royaume-Uni et l’Union européenne mènent depuis plusieurs mois d’âpres pourparlers pour aplanir leurs divergences sur la mise en œuvre du texte, effectif depuis le début de l’année 2021.
Si David Frost a adopté une position inflexible pour exiger que soit écarté tout recours à la justice européenne pour le règlement des différends, récemment, le gouvernement a semblé assouplir sa position à ce sujet.
Diplomate de carrière, David Frost a travaillé à Bruxelles dans les années 1990 et a été ambassadeur au Danemark de 2006 à 2008. Il a aussi dirigé la Scotch Whisky Association (SWA).