
AFP
Nouvelles poursuites pour Thierry Solère: le député LREM des Hauts-de-Seine et conseiller d’Emmanuel Macron a été mis en examen lundi pour cinq nouvelles infractions, soupçonné notamment d’avoir utilisé à des fins personnelles une partie de ses frais de mandat entre 2012 et 2019.
L’élu, âgé de 50 ans, a été mis en examen pour « détournement de fonds publics », « trafic d’influence passif » et pour manquements aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), après avoir été entendu par deux juges d’instruction les 28 et 31 janvier, a indiqué le parquet de Nanterre, sollicité par l’AFP.
Ces mises en examen s’inscrivent dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à Nanterre en 2019, dans laquelle M. Solère était déjà mis en examen pour huit chefs, dont « fraude fiscale », « emploi fictif » et « financement illicite de dépenses électorales ».
De « nouvelles accusations tout aussi infondées », ont réagi jeudi auprès de l’AFP ses avocats Jean Reinhart, Mathias Chichportich et Marion Lambert-Barret, affirmant que leur client était « innocent de toute infraction ».
A l’issue de son interrogatoire, M. Solère a d’abord été mis en examen pour détournement de ses frais de mandat.
Jusqu’à récemment, l’utilisation de cette enveloppe, destinée à couvrir la location d’une permanence électorale, ses déplacements ou sa correspondance n’était pas contrôlée et s’inscrivait en pleine zone grise, permettant à certains élus d’en retirer un revenu complémentaire.
Comme une dizaine d’autres parlementaires, M. Solère avait été signalé à la justice en décembre 2019 par la HATVP.
Lundi, M. Solère a aussi été mis en examen pour « détournement de fonds publics » pour avoir employé sa belle-mère comme collaboratrice à l’Assemblée nationale entre 2016 et 2017.
En revanche, pour l’emploi de son épouse comme collaboratrice parlementaire entre 2012 et 2017, il a été placé sous le statut de témoin assisté, moins incriminant que celui de mis en examen.
Thierry Solère, actuel conseiller politique du président, a également été mis en examen pour « trafic d’influence passif », soupçonné d’avoir « usé de son influence en vue de faire obtenir des marchés » à des sociétés immobilières entre 2007 et 2017 et à une société de conseil entre 2011 et 2012.
Les enquêteurs s’intéressent aussi à ses déclarations à l’HATVP en 2014, le soupçonnant d’avoir omis de déclarer « une partie substantielle de ses intérêts, notamment au titre de ses activités de consultant dans la période précédant son élection », ou d’avoir « minoré certains revenus dans sa déclaration de situation patrimoniale », a précisé le parquet.
Ce dossier remonte à 2016, quand une plainte de Bercy avait été déposée pour « fraude fiscale », menant à l’ouverture d’une enquête préliminaire. M. Solère était alors porte-parole du candidat LR à la présidentielle François Fillon.
L’affaire avait ensuite été élargie à d’autres infractions et l’élu s’était vu retirer son immunité parlementaire en juillet 2018.
En février 2019, l’enquête avait été confiée à des juges d’instruction. Outre Thierry Solère, six dirigeants de société ont aussi été mis en examen depuis.
« Après bientôt six ans d’enquête, l’instruction poursuit sa fuite en avant », ont estimé jeudi les avocats du député, affirmant « que les faux prêts qui avaient justifié la levée de l’immunité parlementaire de notre client ne font l’objet d’aucune poursuite ».
« Thierry Solère continuera de contribuer à l’enquête comme il le fait depuis six ans », ont-ils poursuivi, en précisant qu’une audience aurait lieu début mars devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel pour examiner des « nullités de procédure ».