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La réforme du lycée portée par Jean-Michel Blanquer a fragilisé l’enseignement des mathématiques, qui ne sont plus qu’optionnelles à partir de la classe de 1re. La réintroduction de cette discipline dans le tronc commun s’impose pour rehausser le niveau des élèves et répondre aux besoins de la France.

Les mathématiques sont-elles un élément de culture générale ou un outil à visée professionnelle ? Le débat n’est pas nouveau, mais il est relancé par la publication des statistiques de l’éducation nationale, qui montrent qu’un élève sur trois de la filière générale abandonne cette discipline après la classe de seconde.Depuis la rentrée 2019, la réforme du lycée a remplacé les filières par un système à la carte composé d’un tronc commun et d’options. Les mathématiques ne subsistent plus dans le tronc commun que comme composante d’un « enseignement scientifique » généraliste ; elles sont devenues l’un des « enseignements de spécialité » optionnels.

La réforme du lycée, dont le promoteur est le ministre Jean-Michel Blanquer, a un objectif louable : cesser d’enfermer les lycéens dans des filières-couloirs hiérarchisées en fonction de la place des maths, critère dominant de sélection, et réserver les filières scientifiques aux « vrais » scientifiques. Elle a commencé à produire des effets positifs : 80 % des élèves ayant choisi une spécialité de maths en terminale poursuivent des études supérieures scientifiques, et les maths ne sont plus un passage conseillé pour accéder aux filières prisées non scientifiques. Même si certains établissements du supérieur ne jouent pas le jeu et continuent de sélectionner sur les maths.

Lanterne rouge

Dans un pays lanterne rouge de l’Union européenne pour les résultats de ses élèves en mathématiques, et auquel il manque 5 000 ingénieurs par an, selon le patronat, la place de cette discipline dans l’enseignement constitue un enjeu immense. La structure des études en lycée n’est pas la seule variable – la mobilisation en cours à l’école élémentaire et au collège sous l’impulsion du rapport Villani-Torossian est cruciale –, mais elle commande les progrès qui sont attendus rapidement. Or la réforme du lycée a produit des effets pervers qui exigent d’être corrigés. Les mathématiques, discipline qui effraie trop d’élèves, ne doivent ni redevenir un instrument de sélection ni s’ériger en repoussoir.

M. Blanquer vient de concéder des aménagements. Ils sont de bon augure, mais demandent à être précisés. La pénurie de professeurs de mathématiques, qui limite la marge de manœuvre du ministre, doit être combattue par l’amélioration des rémunérations et des conditions d’exercice d’un métier stratégique. La création d’une option de maths complémentaires dès la première serait une première étape. Mais la réintroduction de cette discipline dans le tronc commun s’impose également, si l’on veut éviter que des élèves – en particulier des filles – n’excluent précocement cette discipline où elles auraient pu réussir.

Décisifs, les choix doivent s’opérer non pas sur la base de critères gestionnaires ou corporatistes, mais en fonction des aspirations des élèves et des besoins du pays. Il s’agit d’investir à la fois pour aider la France à renouer avec sa tradition d’excellence en mathématiques et pour favoriser sa participation active aux révolutions technologiques en cours.

Le Monde