Étiquettes

Des centaines de véhicules ont décidé de monter à Paris pour protester contre la politique sanitaire. Les forces de l’ordre ont procédé à 14 interpellations.

AFP

Paris est sous la menace, ce samedi 12 février, d’un blocage général par les « convois de la liberté » qui montent des régions. Des centaines de véhicules arrivent de Nice, Lille, Strasbourg, Vimy ou encore Châteaubourg. Ils ont campé en banlieue pendant la nuit. La préfecture de police est déterminée à freiner ce cortège pour qu’il n’envahisse pas la capitale. Un premier convoi de 450 véhicules a été intercepté à proximité de la porte de Saint-Cloud. Une importante opération de contrôle a également été mise en place porte de Champerret. À 14 h 30, 337 procès-verbaux ont déjà été dressés à l’encontre de ces individus, verbalisés pour « participation à une manifestation non autorisée ». La préfecture de police de Paris annonce avoir procédé à 14 interpellations depuis le début de la journée.

En début d’après-midi, une cinquantaine de manifestants a été évacuée dans le calme de la place de l’Étoile et des Champs-Élysées. Une centaine de véhicules occupe toujours, en revanche, la place de la Concorde.

Selon des messages consultés par l’AFP, certains convoyeurs veulent devenir « une masse de véhicules impossible à contenir par les forces de l’ordre à moins que ces dernières ne bloquent elles-mêmes les axes principaux de la capitale ». « De fait, face à plusieurs milliers de véhicules capables d’être à l’arrêt comme en mouvement, quelques dizaines de dépanneuses ne pourraient pas faire grand-chose », poursuit l’un des messages. Près de 7 200 policiers et gendarmes ont été déployés « pour faire respecter les interdictions de convois de véhicules », selon la PP.

Malgré les barrages des forces de l’ordre, quelques véhicules ont réussi à entrer dans Paris et se dirigent vers les Champs-Élysées. La police a verbalisé des centaines de véhicules, mais en a laissé également passer beaucoup, rapporte BFMTV.

Le préfet de police Didier Lallement a « créé un certain nombre de fourrières provisoires qui (…) permettront avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage de mettre fin à tout blocage », a-t-il déclaré. Des blindés de la gendarmerie ont aussi été déployés dans la capitale, une première depuis les manifestations des Gilets jaunes fin 2018. Le Premier ministre Jean Castex a promis d’être inflexible face au mouvement. « S’ils bloquent la circulation ou s’ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme, a-t-il insisté sur France 2.

« Ampleur phénoménale »

Dans l’un des convois en approche de Paris, la nervosité montait alors que les premières interpellations étaient signalées sur le périphérique. Les consignes étaient dispersées, via les applications utilisées pour communiquer, selon une journaliste de l’AFP. Rejoindre l’Arc de Triomphe ? « C’est pas mal, ça ressemble bien à Ottawa si on y arrive », lance depuis sa camionnette Cédric, 42 ans venu de Vendée avec trois camarades Gilets jaunes. À un point de ralliement en pleine forêt de Fontainebleau, une quarantaine de véhicules étaient arrivés vers 9 heures, dans le calme, avec une présence policière discrète, a constaté une autre journaliste de l’AFP.

« Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans », a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron dans un entretien au quotidien Ouest-France. « Cette fatigue s’exprime de plusieurs manières : par du désarroi chez les uns, de la dépression chez d’autres. On voit une souffrance mentale très forte chez nos jeunes et moins jeunes. Et, parfois, cette fatigue se traduit aussi par de la colère. Je l’entends et la respecte. » « Mais, a-t-il ajouté, j’en appelle au plus grand calme. »

La police avait estimé vendredi à 3 300 le nombre de véhicules engagés dans les convois. C’est une action « d’une ampleur phénoménale », a dit à l’AFP un coordinateur du mouvement. L’interdiction de rassemblement des convois a été maintenue vendredi soir par le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté deux recours. « C’est une trahison. Les fondements de l’arrêté ne sont pas respectueux de la loi, de la liberté de manifester », a réagi la militante antivaccin et Gilet jaune Sophie Tissier.

« Convergence européenne »

« Le droit de manifester et d’avoir une opinion est un droit constitutionnellement garanti dans notre République et dans notre démocratie. Le droit de bloquer les autres ou d’empêcher d’aller et venir ne l’est pas », a répondu Jean Castex. À deux mois de l’élection présidentielle, les manifestants exigent le retrait du pass vaccinal et défendent des revendications sur le pouvoir d’achat ou le coût de l’énergie.