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Le chef négociateur iranien, Ali Bagheri Kani

Le chef négociateur iranien, Ali Bagheri Kani Photo : afp via getty images / ALEX HALADA

Aussi bien les États-Unis que le représentant des Européens parlent d’avancées sérieuses dans les négociations sur le nucléaire iranien à Vienne, mais ils avertissent que rien n’est acquis encore.

Nous sommes proches d’un possible accord, a déclaré vendredi une porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter, soulignant que des progrès significatifs ont été réalisés.

Cependant, elle nuance ses propos en précisant qu’un certain nombre de questions difficiles restent sans solution et nous n’aurons pas d’accord si nous ne résolvons pas rapidement ces questions en suspens, a-t-elle prévenu.

Si l’Iran fait preuve de sérieux, une entente est possible dans les prochains jours, mais il reste très peu de temps.

De son côté, le négociateur de l’Union européenne Enrique Mora, chargé de coordonner les pourparlers qui ont commencé il y a onze mois, a également dit qu’ils étaient dans les phases finales.

Des questions importantes sont toujours en suspens, et le succès n’est jamais assuré dans une négociation si complexe, a-t-il expliqué sur Twitter. Nous n’y sommes assurément pas encore.

Les Iraniens tiennent également le même langage. Selon eux, les négociations ont avancé, mais l’issue dépend de la volonté politique des Occidentaux.

La semaine dernière, les négociateurs de toutes les parties ont dû retourner à leurs capitales respectives pour des consultations.

Les questions sensibles

Les points d’achoppement selon les Iraniens sont la levée des sanctions et une garantie que les États-Unis ne se retirent pas de l’accord comme ils l’ont fait en 2018.

Du côté occidental, la question du programme nucléaire demeure problématique, car une année après le retrait unilatéral américain de l’accord, l’Iran s’est affranchi de ses obligations et a réalisé d’importantes avancées dans l’enrichissement de l’uranium.

L’Iran dépasse désormais de plus de 15 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015, selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

D’après des estimations de la mi-février, Téhéran a ainsi porté ses réserves totales en uranium enrichi à 3197,1 kg, contre 2489,7 kg en novembre.

Cette quantité se situe bien au-delà du plafond de 202,8 kilos auquel le pays s’était engagé.

Outre le non-respect de la quantité fixée, l’Iran a dépassé début 2021 le taux d’enrichissement de 3,67 % fixé par l’accord, montant d’abord à 20 % : il dispose actuellement de 182,1 kg, contre 113,8 kg il y a trois mois.

Puis il a franchi le seuil inédit de 60 %, se rapprochant des 90 % nécessaires à la confection d’une bombe : il en a produit 33,2 kg, contre 17,7 kg précédemment.

Par ailleurs, Téhéran réclame la clôture de l’enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomiqueAIEA sur la présence de matière nucléaire dans des sites non déclarés sur son territoire. L’Agence internationale de l’énergie atomiqueAIEA juge que l’Iran n’a pas fourni d’explications suffisantes sur quatre sites non officiels.

Le problème remonte dans la plupart des cas au début des années 2000, mais l’un des sites, l’entrepôt du district de Turquzabad dans la province de Téhéran, pourrait avoir été utilisé pour stocker de l’uranium jusqu’à fin 2018.

Le directeur de l’agence onusienne, Rafael Grossi, qui a affirmé que l’Agence internationale de l’énergie atomiqueAIEA n’abandonnerait jamais ses efforts pour que les Iraniens fournissent des clarifications à cet égard, se rendra samedi en Iran pour rencontrer des responsables du pays.

Si le voyage de [Rafael] Grossi peut aider l’agence et Téhéran à parvenir à dresser une feuille de route pour résoudre les problèmes existants, cela peut contribuer à la relance de l’accord sur le nucléaire à Vienne, a déclaré l’agence iranienne Nournews dans son rapport, sans citer de source.

La perturbation du prix du pétrole est perçue comme un signe

Les cours du pétrole retombaient jeudi après une envolée à des niveaux record depuis 2008, en raison des incertitudes sur l’approvisionnement générées par la guerre en Ukraine.

Le baril de Brent de la mer du Nord a grimpé jusqu’à 119,84 dollars, avant de retomber à 112,76 dollars.

Les bruits de marché déclenchés par des sources iraniennes, notamment le journaliste Reza Zandi, sur un accord avec l’Iran dans les prochains jours faisaient retomber les cours du brut, a commenté Giovanni Staunovo, analyste de la banque UBS, interrogé par l’AFP.

Ce journaliste pétrolier iranien a écrit sur Twitter jeudi qu’il avait reçu des informations selon lesquelles un accord sur le nucléaire serait signé à Vienne dans les prochaines 72 heures, prélude selon lui au retour du pétrole iranien sur le marché mondial.

Radio Canada